Oran

L’artiste Missoum Saïd : une référence du théâtre des marionnettes

Lorsque le dramaturge Missoum Saïd déplace les cordes des marionnettes avec ses doigts pour présenter sa pièce, il laisse sa touche artistique dans l’histoire du théâtre de marionnettes.

Ce marionnettiste travaille depuis plus de trois décennies à développer cet art à Oran en tant que pionnier du théâtre pour enfants. Avec des fils, des corps en tissu, des accessoires et une histoire merveilleuse, l’artiste octogénaire crée des poupées qui jouent des personnages inspirés du patrimoine national et arabe, racontant au public des histoires sociales par la bouche de son créateur qui se place sur scène dans un bel habit de circonstance pour créer un spectacle qui attire autant les grands que les petits. Son histoire a commencé avec le théâtre de marionnettes dans la pièce «Les aventures de Djeha» d’Issâad Abdelkader, qui cherchait du matériel pour faire un postiche de «barbe et moustache», a confié l’artiste à l’APS, à la veille de la journée mondiale du théâtre, célébrée le 27 mars, déclarant que comme il maîtrisait plusieurs métiers, il a pu trouver le matériau qui convenait, en l’occurrence la queue d’une vache qu’il a apportée de l’abattoir pour en faire un postiche, jouant même un rôle dans cette pièce, qui a participé au premier Festival de théâtre amateur de Mostaganem en 1967.
L’artiste a rejoint le théâtre régional d’Oran en 1988 en tant que chargé du son, mais a préféré l’aventure du théâtre de marionnettes ou «Garagouz» jusqu’à devenir un des pionniers des faiseurs de spectacles dans ce domaine artistique à Oran et même au niveau national. Il a réalisé sa première œuvre en 1989 avec la pièce «Djeha et Hdidouane» où il a conçu 45 marionnettes mues par quatre personnes. Dans ce cadre, il a souligné que c’était sa première expérience dans la fabrication de marionnettes, et ce fut un grand défi, car il concède ne pas avoir reçu de formation en théâtre de marionnettes, mais était toujours au courant des derniers développements de cet art et de ses techniques. Missoum a présenté un deuxième projet, «Les aventures de Minouche», qui a été accepté par le Théâtre d’Oran, mais n’a pas été réalisé pour des raisons administratives, selon le même interlocuteur, qui n’a pas cessé de travailler et a collaboré avec le regretté spécialiste du théâtre pour enfants, Mouffok Djillali, dans le spectacle «Le Trésor de Louisa». Il a également conçu des costumes pour différents personnages et participé à d’autres productions théâtrales, dont «Le chasseur de sel» de Bouziane Benachour, jusqu’à sa retraite du Théâtre en 2001.
Après sa carrière au théâtre d’Oran, Missoum passe ses journées dans son atelier privé à concevoir des marionnettes, confectionnées suivant de nouvelles techniques et méthodes et des textes sociaux porteurs d’un message éducatif et à connotation sociale interprétés par des personnalités qui ont une longue histoire dans le patrimoine culturel national, comme «Djeha», «Hdidouane» et «Ghoula». La grande imagination de cet artiste et sa précision dans la conception de marionnettes étaient évidentes dans son chef-d’œuvre «Un tour à travers l’Algérie», qui met en exergue les différentes danses folkloriques algériennes. Cet artiste a décroché le prix de la meilleure marionnette au Festival national des marionnettes à Aïn Temouchent, suivie de la pièce «ntaâ nass lenass», puis «mouharidji lâalam fi jedba» et «cirque des marionnettes», alors qu’il prépare actuellement un nouveau spectacle mettant en scène des marionnettes de grand format. L’artiste autodidacte a eu une expérience pionnière dans le Festival de théâtre de rue organisé à l’occasion des Jeux méditerranéens à Oran l’été dernier, en présentant des performances qui ont été bien accueillies par le public.
Il a également conçu des représentations théâtrales au profit de troupes du pays et tient également à transmettre cet art en formant de nombreux jeunes. Missoum, qui a conçu plus de 200 marionnettes et les conserve toutes dans son atelier aux allures de Musée, estime que le théâtre de marionnettes est un art éblouissant et demande de la patience, car, selon lui, concevoir une tête et des mains pour une marionnette demande plus d’un mois.

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