Les manifestations du 9 décembre 1960, dont la ville d’Aïn Temouchent a été le théâtre, ont constitué l’étincelle ayant avorté la visite du général De Gaule dans cette ville, et avaient porté la question du combat du peuple algérien aux instances de l’organisation onusienne, a estimé le chercheur en Histoire, Amer Rekhila.
Rekhila a expliqué, dans une déclaration à l’APS, que les manifestations du 9 décembre à Aïn Temouchent, qui s’étaient propagées, par la suite, à plusieurs autres villes et régions du pays, avaient contrecarré les desseins du général De Gaule, qui avait été «surpris» par des manifestations hostiles à cette visite et portant haut la revendication pour l’indépendance de l’Algérie. Restituant le contexte historique dans lequel ces manifestations ont eu lieu, M. Rekhila a indiqué que le général De Gaule a tenu à effectuer une visite en Algérie en dépit des avis de ses proches conseillers, qui avaient tenté de l’en dissuader. Ces derniers avaient finalement proposé au chef de l’Etat français la ville d’Aïn Temouchent pour des raisons, explique le chercheur, liées au fait que cette région de l’Ouest du pays était connue pour être une région à très forte densité de population européenne et de colons. Les conseillers du général De Gaule croyaient que ces deux facteurs étaient suffisants pour assurer la sécurité de leurs chef, d’une part, et assurer les conditions de la réussite de sa visite, a expliqué M. Rekhila.
Le général De Gaule est effectivement arrivé à Aïn Temouchent, le 9 décembre 1960, avec à l’ordre du jour du programme de sa visite un discours qu’il devait prononcer au niveau de la place publique mitoyenne à la mairie de la ville pour «promouvoir» son projet politique. Toutefois, il a été surpris par une marche organisée par des jeunes, qui s’est transformée, par la suite, en une gigantesque manifestation populaire marquée par des échauffourées entre les jeunes manifestants et les forces de l’ordre, ainsi que les Algériens et les «ultras» de l’ordre colonial, a ajouté l’historien. Les manifestations d’Aïn Temouchent se sont, par la suite, propagées à d’autres régions du pays comme Oran, Biskra et Alger, deux jours après, soit le 11 décembre, où les forces de sécurité ont recouru à une violence inouïe à l’encontre des Algériens, a souligné M.Rekhila.
Cette séquence de l’Histoire nationale est considérée, dans la chronologie de la glorieuse Guerre de libération, comme une étape cruciale, a-t-il ajouté. En effet, les échos parvenus à l’ONU où se tenait une session avaient permis aux délégués algériens et aux pays amis soutenant la cause algérienne d’imposer l’examen du «dossier» algérien et l’adoption, une semaine après, soit le 19 décembre 1960, d’une résolution exhortant la puissance coloniale à s’assoir autour de la table des négociations pour le recouvrement par le peuple algérien de sa dignité et de sa souveraineté nationale.