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Le Maroc empêtré dans un autre scandale en Belgique : une enquête de la RTBF démontre la corruption du Makhzen

Le député socialiste, Hugues Bayet, également eurodéputé entre 2014 et 2019 est impliqué jusqu’au cou. L’enquête de la RTBF retient son inculpation dans le scandale de corruption des euroédputés…

Le rôle néfaste du Maroc sur les institutions belges n’en finit pas de remonter à la surface, montrant une tendance à la corruption facile des élites, jusqu’à s’interroger sur leur crédibilité. Dans le prolongement du scandale de corruption au sein du parlement européen qui, faut-il le souligner, semble avoir été étouffé, la Radio-télévision belge de la Communauté française (RTBF) a diffusé ce mercredi une enquête très bien documentée qui prouve une implication du Makhzen dans la cuisine politique belge, jusque là insoupçonnable. «Les influents relais du  Maroc en Belgique» est le titre révélateur du travail audiovisuel qui démasque Rabat et l’élite politique belge.  Elle met à nu les pratiques du Makhzen et le parcours de certains de ses relais dans le pays.

L’investigation menée avec une démarche très professionnelle a égrené des prises de position et de déclarations de plusieurs mandataires politiques belges sur le dossier du Sahara occidental, dont la députée régionale bruxelloise Latifa Aït-Baala et le député fédéral Hugues Bayet. D’après le média belge, Latifa Aït-Baala (députée depuis 2019) qui a produit et réalisé plusieurs films sur l’histoire du Sahara occidental et sur le Front Polisario, était financée par les autorités marocaines pour distiller sa propagande abjecte. «Dans un document disponible sur le site du CCME (Conseil de la communauté marocaine à l’étranger), on apprend que son association appelée Freemedia a reçu 165.000 dirhams, l’équivalent de 15.000 euros, en 2010-2011. Une aide financière qui, selon nos informations, proviendrait du ministère des Marocains résidents à l’étranger», note le média dans un article d’annonce de la diffusion de l’enquête.

Soumis à une spécialiste de l’analyse du contenu médiatique, Marjorie Beulay, maîtresse de conférences en droit international à l’Université de Picardie Jules-Vernes (Amiens, France), le contenu relève, selon la spécialité de l’«opération de propagande qui tente de traiter l’annexion du Sahara occidental par le Maroc ou relie le Front Polisario à des mouvements terroristes». M. Beulay s’en explique : «Juridiquement parlant, certaines informations présentées sont fausses et manipulées. On distord le droit. On ment. Dans ces films, les voix dissidentes sont toutes présentées comme de la propagande. Cela donne l’impression que ce qui est dit est la seule réalité acceptable. Ce qui fait de ces documentaires de la propagande». Sans commentaire.

Quant au député socialiste Hugues Bayet, également eurodéputé entre 2014 et 2019, l’enquête de la RTBF retient son inculpation dans le scandale de corruption des euroédputés, sans jamais être inquiété. Pourtant, M.Bayet a bel et bien collaboré avec Pier Antonio Panzeri, le principal protagoniste dans des dossiers liés au Maroc. Il ne pouvait pourtant y avoir de doute. Pour cause, en mai 2022 Hugues Bayet  a lancé le «Comité belge pour le soutien au (funeste) plan marocain d’autonomie du Sahara (COBESA)». Dans l’appellation de son initiative, il y a un parti-pris, note la RTBF :  le mot «occidental» qui accompagne systématiquement la dénomination du «Sahara occidental» a été occulté. Circonstance aggravante, «la demande de disponibilité de la salle a été introduite (…) par le chef de bureau de la MAP, l’Agence marocaine  de presse. C’est l’ambassade du Maroc qui a confirmé la location de la salle (…) L’ambassadeur est passé brièvement voir la salle quelques jours avant. Il a payé la facture d’un montant total de 620 euros», révèle l’enquête.

Autres faits qui démontrent la culpabilité du député, ce sont ses déclarations dans les médias marocains. En 2020, par exemple, il a ostensiblement vanté la politique du Makhzen au Sahara occidental. Il a été jusqu’à reprendre à son compte «des passages entiers d’articles issus de médias marocains. Des articles écrits avant cette déclaration. Il récite aussi plusieurs parties du discours du roi Mohamed VI, prononcé en 2014», lors de la célébration de l’invasion du Sahara occidental. Et la liste de ses compromissions est longue.

L’ancien sénateur belge Pierre Galand qui dénie à Bayet de parler au nom du parti socialiste belge,  affirme ceci : «Je ne connais pas son histoire (Hugues Bayet, NDLR). Je ne sais pas pourquoi il s’est mis tout d’un coup à créer ce comité. Je peux simplement vous dire que les Marocains ont tendance à acheter les gens. C’est tout. Ils payent». Cet ancien en veut pour preuve que «par le passé, je me suis retrouvé face à une personne se disant journaliste marocain. Il m’a approché à plusieurs reprises. Un jour, il m’a dit qu’il était là pour apporter un message de son gouvernement. Il voulait que je me taise. Je l’ai mis à la porte et je ne l’ai plus jamais revu. C’était un envoyé du gouvernement marocain. Le Maroc fait ça depuis des années». Sans commentaire.

Nadera Belkacemi

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