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Le ministre espagnol des affaires étrangères aujourd’hui à Alger : l’Algérie et l’Espagne effacent leur différend

En attendant la remise en l’état de tout le spectre de la coopération multiforme entre les deux pays, il y a lieu de noter que l’amorce de la naturalisation a constitué le retour progressif, mais certain du partenariat économique.

Le ministre espagnol des Affaires étrangères, José Manuel Albares, est attendu aujourd’hui à Alger. Ce déplacement annonce la fin de l’embrouille entre l’Algérie et l’Espagne et confirme par la même la volonté de Madrid de s’éloigner des thèses marocaines concernant le Sahara occidental. Sachant, en effet, que la déclaration de Pédro Sanchez qui reconnaît la prétendue marocanité du Sahara occidental qui a engendré le différend entre les deux pays et qui, au passage, a coûté quelque 2,3 milliards de dollars à l’économie espagnole en deux ans de gel des relations économiques entre les deux pays.
Cette visite intervient comme le couronnement d’un processus de retour à la normale actionné par le gouvernement espagnol . De déclaration en déclaration, jusqu’au discours du chef du gouvernement espagnol à l’Onu où il est revenu aux thèses onusiennes sur cette question précisément a ouvert la voie à des prises de contacts, du reste encouragé par la position courageuse de l’Espagne par rapport au génocide que commet l’entité sioniste en Palestine. L’un et l’autre dossier internationaux qui sont considérés comme prioritaires par la diplomatie algérienne ont montré une vision commune entre Alger et Madrid. L’on n’est plus dans les prémices du réchauffement des relations algéro-espagnoles, compte tenu de la nomination à Madrid d’un ambassadeur de la République algérienne. Un signe qui annonce une très probable réactivation du traité d’amitié de bon voisinage qui lie les deux pays. D’ailleurs, une source espagnole reprise par la presse de ce pays révèle que l’objet central des discussions entre les responsables des deux pays consistera en le dégel du traité d’amitié suspendu par l’Algérie le 8 juin 2022.
En attendant la remise en état de tout le spectre de la coopération multiforme entre les deux pays, il y a lieu de noter que l’amorce de la naturalisation a constitué le retour progressif, mais certain du partenariat économique. Les opérateurs espagnols ont repris leurs exportations vers l’Algérie. L’approche du Ramadhan oblige, les premiers produits à franchir la frontière seront la volaille et la viande rouge. La demande locale connaîtra un pic. C’est ce qui justifie cette priorité dans la liste des échanges entre les deux pays. Cette perspective a d’ailleurs été formalisée en janvier à travers une instruction destinée aux banques de la part de l’association des banques et établissements financiers (ABEF) pour ouvrir des lignes de crédit pour importer d’Espagne. Dans le même sillage, les dessertes aériennes entre les villes des deux pays ont repris jusqu’à se rapprocher des niveaux d’avant la crise. Présentement un nombre de 25 vols hebdomadaires entre les villes espagnoles et algériennes.
Concernant la visite à proprement parler, la presse espagnole rapporte que José Manuel Albares aura des entretiens en tête à tête avec son homologue Ahmed Attaf. Il sera également reçu en audience par le président de la République. Outre le traité d’amitié, les deux parties aborderont des questions régionales et internationales à l’image de la situation au Sahel et l’agression que subit la bande de Ghaza.
Cette visite augure d’une redistribution des cartes dans la zone euro-maghrébine, arguant la très probable réaction du Maroc. Les frontières maroco-espagnoles connaîtront à n’en pas douter de fortes. tensions dans un avenir proche. Le Makhzen a habitué les pays de la région à utiliser les migrants comme un moyen de pression contre l’Europe. Il va de soi que l’animosité annoncée du Maroc est en rapport direct avec le dossier du Sahara occidental.

Anissa Mesdouf

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