Oran Aujourd'hui

Le paradoxe des cliniques privées

Selon un médecin, installé depuis trente ans en cabinet privé, de plus en plus de patients se plaignent non seulement des coûts élevés, mais également de certains «dysfonctionnements» dans la prise en charge des malades qui s’adressent à certaines cliniques privées. C’est par exemple le cas de ce malade devant être opéré en urgence d’une simple appendicite, mais qui a été invité à subir d’autres examens radiologiques, dont un scanner, pour être ensuite mis en attente pendant deux jours avant de subir son opération chirurgicale.
Ce qui a évidemment «gonfler» la facture médicale à un montant de plus 800 000, 00 DA. «J’aurais dû suivre les conseils de mon médecin traitant et me rendre directement au CHU d’Oran… mais j’avais la hantise et la peur d’aller vers les établissements publics critiquées et pointées du doigt par trop de monde…». Il est vrai que la ville d’Oran, toutes proportions gardées, a depuis longtemps battu le record du nombre de cliniques privées installées depuis la libéralisation du secteur il y a plus d’une vingtaine d’années.
Et parallèlement à la floraison des cliniques privées, le secteur de la santé publique, hôpitaux, dispensaires et centre de proximité, n’a pas cessé de plonger dans une hallucinante «culture de l’échec» parfois volontairement entretenue par certains acteurs-prédateurs toujours en quête d’argent facile et illicite. Faut-il rappeler les nombreuses dérives et malversations commises au sein même de l’Hôpital telles que le vol de consommables, de fil chirurgical, d’instruments médicaux que l’on retrouvait en vente dans des étals à M’dina Jdida, ou encore les pannes inexpliquées de bon nombre d’appareils de radiologie ou d’exploration cardiaque. Fatalement, bon nombre d’observateurs à l’époque ne pouvaient qu’affirmer, à tort ou à raison, que les lacunes et les défaillances du secteur de la santé publique ne pouvaient que profiter au secteur médical privé en pleine ascension.
Mais aujourd’hui, les données semblent peu à peu changer en faveur d’un secteur de la santé public enfin installé dans une dynamique de réformes et de changement permettant de le sortir de la fatalité des échecs et de le sauver de l’asphyxie programmée. On se souvient, il y a quelques années au CHU d’Oran, des problèmes et des conflits au quotidien, nourrissant un climat de marasme, de malaise et d’instabilité et forgeant les inquiétudes et les interrogations des malades et de toute la communauté hospitalière. Aujourd’hui, avec la baisse du pouvoir d’achat, et le faible niveau de remboursement par la sécurité sociale des actes médicaux prodigués dans les cliniques privées, une grande majorité de citoyens, notamment les plus modestes, préfèrent se rendre à l’hôpital public pour des soins ou des interventions, malgré certaines lenteurs et anomalies qui pénalisent encore le fonctionnement des établissements de santé publique. Les cliniques privées quant à elles, légitimement soucieuses d’amortir leurs investissements, succombent parfois, pour certaines, à la tentation d’augmenter leurs chiffres d’affaires à travers des prestations médicales abusivement «suggérées» et facturées au prix fort.
Par S.Benali

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