Le saut de l’émergence
Dans le paysage économique contemporain, l’université n’est plus seulement un lieu de transmission du savoir, mais devient le moteur principal de la croissance, un levier silencieux qui transforme les promesses en projets et les diplômes en entreprises. C’est en substance, le propos tenu par le ministre de l’enseignement supérieur et de la Recherche scientifique lors d’une visite de travail à l’université de Bordj Bou Arreridj. Le ministre sait surtout de quoi il parle, lui qui préside aux destinées d’un secteur à la pointe de la création des start-ups, issues des diplômés universitaires. Aussi, suggère-t-il que la connaissance ne se cantonne plus à des postes traditionnels, elle se déploie en vecteur d’innovation et en machine de création de valeur.
L’étudiant algérien contribue avec force à l’objectif ambitieux de créer 20.000 startups d’ici 2029. Il s’impose sur le marché national par la valeur ajoutée qu’il apporte. Pour autant, cet élan ne doit pas rester dans le cocon universitaire. Il nécessite des cadres de soutien, représentés par le financement, le mentorat, la normalisation des processus, et surtout une culture de l’échec, du succès et de la réinvention. L’enjeu n’est rien d’autre que de faire en sorte que chaque idée, chaque prototype, chaque startup puisse trouver les relais institutionnels et financiers qui la portent jusqu’à l’échelle industrielle, quitte pour se faire que beaucoup d’investissement le soit à perte. C’est la loi de la nouvelle économie. Comme le soulignent d’ailleurs, les spécialistes du domaine, un seul succès pour remédier à une centaines d’expériences manquées. Il faut donc intégré l’échec comme une étape incontournable si l’on veut créer de la plus value dans la tech.
Des exemples tangibles viennent nourrir l’optimisme et donnent un relief concret à l’abstraction des chiffres. La table d’anatomie électronique de l’université d’Adrar illustre un projet algérien audacieux, véritable convergence entre recherche académique, entrepreneuriat et industrie. Ce dispositif affiche un taux d’intégration de 70 %, fruit d’un partenariat tripartite entre l’université de Saïda, une startup et une grande entreprise privée algérienne. Ce grand succès montre que les frontières entre campus et territoire peuvent se dissoudre lorsque les conditions de coopération sont réunies. Au regard de la volonté dont font preuve les pouvoirs publics et le formidable potentiel de nos universités, la convergence entre institutions, jeunes talents et industries locales peut devenir une force structurante pour l’économie nationale. Cela pour dire que les universités algériennes, aujourd’hui, ne se contentent plus d’éduquer, elles incubent, décloisonnent, accélèrent. L’Algérie se découvre une filière d’avenir. Elle doit y tenir pour réaliser le saut de l’émergence…
Par Nabil.G