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Minorités, guerre de la communication, technologie de pointe, énergie verte, amitié avec les peuples… La Chine un pays qui s’assume et qui avance

De notre envoyé spécial en Chine :
Abdelmadjid Blidi

Vendredi 15 septembre. Aéroport international de Pékin. Nous voilà enfin arrivés après un peu plus de 12 heures de vol depuis l’aéroport international d’Alger. A peine le temps de réaliser que nous venons de traverser trois continents que nous voilà déjà partis en direction du nouvel aéroport international de la capitale chinoise, le Pékin Daxing, pour nous rendre à Kashi, ville située dans la province de Xinjiang. Près de six heures de vol nous attendent. Pour vous situer, c’est un peu le temps qu’il faut pour rallier Alger à Djeddah en Arabie saoudite ( d’ailleurs la plupart de nos déplacements se feront par avion). Ceci indique, on ne peut mieux, l’immensité de ce pays qu’est la Chine. Un vrai pays continent avec une population de 1,4 milliard d’habitants.

La province de Xinjiang se situe dans le nord-ouest de la Chine, avec une superficie de 1,664,900 km2. Elle partage ses frontières avec la Mongolie, la Russie, le Kazakhstan, le Pakistan, l’Afghanistan, le Kyrgyzstan, le Tajikistan, et l’Inde. La région du Xinjiang compte 25,8523 millions d’habitants, constitués de plusieurs groupes ethniques estimés à quelque 56 groupes dont on citera entre autres les Ouïgours, Han, Kazak, Mongols, Hui, les Kirghizes, les Mandchous, les Xibe, les Tadjiks, les Daurs, les Ouzbeks, les Tatars et les Russes. La minorité que l’on retient le plus, car elle revient souvent dans le narratif des médias et des politiques occidentaux c’est bien sûr celle des musulmans des Ouïghours. Et ça tombe bien car notre prochaine destination c’est la ville de Kashi.

La région du Xinjiang ne manque pas d’atouts économiques. Cette Région Autonome compte 15 postes frontaliers et 3 aéroports, devenant ainsi l’une des provinces et régions autonomes qui compte le plus grand nombre de ports en Chine. On citera à ce sujet, entre autres, le port d’Alashankou et le port d’Horgos qui intègrent le transport ferroviaire, routier et par pipeline. Il existe aussi neuf zones de développement économique et technologique à Ur Shihezi, Korla, Kuitun-Dushanzi, Zhundong, Ganquanbao, Wajiaqu, Alar et Kuqa, 3 zones de développement industriel de haute technologie Changi et Shihezi, 4 zones frontalières de coopération économique à Yini Tacheng, Bole et Jimunai et 3 zones franches globales à Alashankou et Kashgar.

Efforts de modernité et de progrès au Xinjiang

Quand on arrive à Kashi, la première impression qui vous frappe, c’est qu’on a du mal à saisir qu’on est dans une petite ville de quelque 700.000 habitants. La vie bat son plein ici où on dénombre un grand nombre de grands hôtels étoilés tout aussi impressionnants les uns que les autres. Les moyens de transport sont tout aussi efficaces avec le métro et une infrastructure routière des plus performante. Le gouvernement central a investi des moyens colossaux pour faire sortir de terre cette nouvelle ville en un temps record, après le séisme qui a frappé la région. A côté, l’ancienne ville a gardé tous ses atouts et ses repères et un soin particulier a été mis à sauvegarder les caractéristiques et le patrimoine ancien de la ville.

Contrairement à la propagande occidentale qui veut faire croire que le pouvoir central veut dénaturer et effacer les particularités de cette région des Ouïghours, on a constaté bien au contraire, le soin particulier qui est mis en place pour mettre en évidence la culture des habitants de la région et la sauvegarde des lieux de culte très anciens, à l’image de la mosquée Id Kah construite du temps de la dynastie Ming. Aujourd’hui cette mosquée est un haut lieu de visites touristiques qui voient des centaines de personnes défiler pour la visiter. Son imam , un homme affable et disponible, donne beaucoup de son temps et de sa personne pour répondre à toutes les sollicitations et expliquer aux uns et aux autres l’histoire et la symbolique de cette mosquée millénaire. Une autre preuve s’il en est de la liberté de culte garantie en Chine et clairement exprimée dans la Constitution du pays.

Le souci de la préservation de la particularité de la ville est ce merveilleux musée ( old town conservation and compréhensive management mémorial hall in kashgar city) consacré à l’ancienne ville et la vie autrefois organisée autour du modèle ancestral adopté par les habitants de la région. Un style de vie et de partage sociétal que les pouvoirs publics tiennent toujours à mettre en évidence et à le défendre. On est bien loin donc de cette musique qui veut nous faire croire qu’il existe une volonté d’effacer les particularités et l’histoire des peuples de la région. Nous sommes,il faut bien le reconnaître, dans tout à fait l’inverse des choses.

Ce souci, on a aussi eu à le vérifier en visitant l’antique ville de Kashi. Un merveilleux agencement de maisons, de magasins, d’anciennes activités remontant pour certaines à 7000 ans, entre industrie, musique, conception de figurines. Un voyage dans le temps qui vous capte du début jusqu’à la fin et vous plonge au plus profond des traditions de la région qui n’ont perdu aucune ride et mettent en avant les us ancestraux des peuples de la région. Que l’image fausse de la propagande occidentale paraît bien pâle face à la réalité que l’on vit dans les faits.

Sédentariser la population et lui garantir toutes les commodités de la vie

Toujours dans cette grande région du Xinjiang, mais à plusieurs kilomètres de Kashi, nous nous sommes rendus à Akto County , région agricole mais surtout pastorale par excellence où un immense projet d’habitation a été concrétisé pour des familles montagnardes. Un projet pour sédentariser la population et lutter contre la pauvreté. Il s’agit de permettre à 68051 habitants de jouir de toutes les commodités de la vie entre électricité, gaz, lieux de distraction, marchés et autres nécessités de la vie comme la route et le transport. 32 villages ont été touchés par cette gigantesque opération de développement pour donner, comme partout dans ce vaste pays, sa chance et sa part de développement à tout le peuple dans toutes les régions avec une justice sociale et une équité verifiées matériellement sur le terrain.

Sur le chemin du retour, nous nous sommes arrêtés dans un coin de paradis, dans une petite exploitation agricole dirigée par quelques familles dont Souleymane qui nous a permis de visiter sa belle maison dans un environnement plein de verdure et de multiples fleurs dans une nature apaisante et surtout une propreté impeccable. Dans ce village où l’on produit de tout entre fruits, produits agricoles et des vêtements traditionnels notamment des couvre-chefs, la technologie n’est pas loin, puisqu’un espace est dédié à la vente en ligne de tout ce qui est produit ici. Notre dernière étape dans la région a été la visite d’une usine de textile qui emploie 200 femmes. Un matériel hyper performant est utilisé et permet une production conséquente de vêtements dont une grande partie est destinée à l’ exportation. D’ailleurs un lot important est déjà destiné pour l’Afrique du Sud, alors qu’un autre prendra la direction de l’Italie. Un petit échantillon de ce qu’est capable de produire l’ extraordinaire machine industrielle et économique de ce géant qu’est devenu la Chine en un temps record. Un fait qui ne plaît pas à tout le monde, et sûrement pas aux Occidentaux qui n’en finissent pas de multiplier les actes hostiles et les innombrables propagandes contre ce pays qui n’a pas fini de leur faire peur.

Un procédé révolutionnaire dans l’alimentation du bétail

Notre virée à Urumqi, capitale du Xinjiang, a été elle aussi riche aussi bien en enseignements qu’ en découvertes. Notre premier point de visite a été le Xinjiang Zijing Chuansuo High-tech Agriculture Co. Ltd, un centre d’agriculture où un procédé révolutionnaire de préparation d’aliments pour bétail a été mis en point. Ici on fabrique, grâce à une technologie de pointe, des genres de rectangles d’herbes que l’on met au point dans des conteneurs bourrés de technologie pendant une durée de sept jours. L’ autre avantage de cette technologie est qu’elle exige très peu d’eau puisqu’on utilise le système du goutte à goutte, et l’eau est récupérée de manière cyclique. L’usine qui emploie entre 10 et 15 techniciens produit jusqu’à 10 tonnes de plaques d’herbe par jour. Autant dire qu’il y a de quoi couvrir des centaines d’hectares pour nourrir le bétail ovin et bovin sans être tributaire des caprices de la météo. Un défi immense où on est arrivé à dompter même la nature. Au vu de cette prouesse technologique qui sied aux régions arides et semi arides comme c’est le cas en Algérie, nous avons demandé aux responsables du centre si un accord de coopération en ce sens existait avec l’Algérie. Malheureusement, à ce stade rien n’a été fait pour le moment, pourtant c’est là une idée à creuser, car il y a de quoi couvrir de grandes superficies dans notre pays que ce soit au nord, y compris dans les régions montagneuses, ou dans le grand sud. L’idée est plus que séduisante et permet une synergie entre la nature et les animaux puisque ces derniers ne sont pas mis dans des espaces clos, mais évoluent et se nourrissent dans leur cadre naturel et en plein air.

Une liberté du culte garantie par la force de la loi

Notre étape suivante a été l’académie islamique du Xinjiang. Un espace imposant qui s’étale sur plusieurs hectares avec plusieurs grands édifices dont une grande mosquée en plein centre avec une gigantesque cour. Ce haut lieu de culte compte 1000 étudiants venus de différentes régions pour apprendre les sciences islamiques dans un cadre des plus propices. Le recteur de l’ Académie, M. Abdou el Rakib, dépeint un lieu où la religion musulmane est au cœur de l’apprentissage pour ces étudiants pris totalement en charge par un mécanisme où rien n’est laissé au hasard pour que les apprenants puissent se consacrer totalement à leurs études. Cet édifice a vu la participation de l’ État central à hauteur de 250 millions de yuans, alors que le reste est pris en charge par des associations et d’autres provinces. La bibliothèque de l’ Académie dispose d’une multitude de livres qui touchent à tout, alors que les autres édifices sont consacrés à l’hébergement des étudiants ainsi qu’à une série des besoins des apprenants qui suivent la doctrine hanafite. M. Abdou el Rakib a tenu à rappeler qu’il est garanti,selon la Constitution, à chaque citoyen sa liberté de culte, et que la religion est un choix personnel pour chaque citoyen et que les citoyens dans ce cas précis sont égaux par la force de la loi. Nous apprendrons aussi que cette académie compte huit instituts régionaux, alors que 60% des cours sont consacrés à la religion et les autres à la culture. Par ailleurs, l’islam qui est enseigné dans cet écrin et joyaux archectural est un islam de paix et de tolérance, de fraternité et de rapprochement entre les peuples et les hommes de toute couleur, de toute race et de toute confession.

L’Université des Arts de Xinjiang est elle aussi un monument imposant servi par une centaine de marches s’étalant sur des dizaines de mètres. Il faut dire que le bâtiment impose réellement. A l’intérieur c’est le grand raffinement où chaque élément est disposé de manière cohérente et agencée de cette immense salle des expositions des neuf mukam. On retrouve des instruments ancestraux datant de plusieurs siècles utilisés par les peuples de la région des Ouïghours aux Mongoles. Ce fut aussi pour nous l’occasion d’assister à la haute prestation musicale et des chants de plusieurs groupes qui nous ont fait voyager au plus profond des traditions artistiques et culturelles de la région. Une autre preuve s’il en faut de ce souci toujours présent de faire vivre le leg culturel des peuples du Xinjiang.

Le lendemain rendez-vous a été donné au congrès où une exposition sur le terrorisme et la lutte contre la violence déroulait une série de photos et d’expllication sur une difficile période traversée par le pays face à un terrorisme barbare qui a pris naissance dans cette région du Xinjiang où des attentats tout aussi horribles les uns que les autres ont été perpétrés. Les images et les vidéos exposées sont très fortes et indiquent que le pays regarde ce passé douloureux les yeux dans les yeux. Une période qui a nécessité la mobilisation de tous y compris la population locale qui a fini par triompher sur l’hydre terroriste et redonné au peuple sa joie de vivre dans le respect de ses traditions et sa culture séculaire où on peut pratiquer sa religion en paix.

L’éducation et l’emploi pour tous

Notre dernière étape dans cette vaste région a été une rencontre informelle avec les membres du gouvernement autonome des Ouïghours. Une rencontre à bâton rompu où on a pu discuter sans tabou avec les membres dirigeants de la région qui nous ont détaillé les mécanismes de financement pour assurer le développement local, à la tête duquel viennent l’éducation qui est assurée à tous les enfants et jeunes de la région jusqu’à 15 ans, ainsi que l’effort de l’emploi et la lutte contre le chômage permettant un quasi plein emploi dans les secteurs privés et publics.

L’autre grande escale de notre périple chinois a été le projet 2,2 GW de Huanghe dans la province de Qinghai, qui est la plus grande centrale électrique terrestre monobloc au monde. Ici les panneaux solaires s’étendent sur des dizaines de kilomètres et à perte de vue. Le paysage est tout simplement impressionnant. Pour info, ce projet de parc photovoltaïque peut produire près de 5 milliards de kWh d’électricité propre chaque année et couvre une superficie totale de 56 km2 et utilise quelque 7 millions de modules photovoltaïques. Le projet qui prévoit de transmettre l’ électricité de l’ouest de la Chine au centre a totalement changé le désert de Tara redevenu une oasis après avoir été autrefois une zone de sable dans le vaste désert de Gobi. Il faut savoir ainsi que la construction de cette centrale photovoltaïque a amélioré l’humidité du sol et permis la restauration de la végétation. La Chine devient avec ces projets l’un des pays les plus soucieux de la sauvegarde du climat et de la sauvegarde des équilibres environnementaux grâce au développement des énergies propres comme c’est le cas dans cette vaste région.

De retour à la capitale Pékin, l’occasion nous a été donnée de nous rendre à la chaîne de télévision publique, la CCTV. L’architecture en forme de U inversé de cet imposant siège est tout simplement impressionnante. La rencontre avec les journalistes et responsables de la chaîne arabophone de la CGTN arabic a été édifiante à plus d’un titre où la politique de communication nous a été expliquée au sein de ce mastodonte qui compte aussi des chaînes en anglais, espagnol, français, russe et bien sur le chinois en direction de la population locale.

Enfin au siège de l’association de l’amitié entre la Chine et les peuples du monde les discussions ont tourné, avec le président de l’association, autour de cette stratégie de vouloir jetter les ponts avec tous les peuples du monde sans exception pour cette organisation qui a eu d’illustres présidents d’honneur entre anciennes premières dames et d’ex- présidents qui se sont totalement dévoués à rapprocher les pays et à répandre l’amitié et la fraternité. Une tradition toujours d’actualité comme expliqué par notre hôte, surtout que cette association créée en 1954 est à la veille de la commémoration de son 70é anniversaire. L’occasion a aussi été saisie par les responsables chinois pour exprimer leur conviction que les relations entre les deux pays connaitront un essor beaucoup plus important, grâce à la visite historique du président de la République Abdelmadjid Tebboune en Chine au mois de juillet dernier. Et à ce propos, il faut relever le profond respect et l’estime dont jouît notre pays et son président aussi bien auprès des responsables que des citoyens chinois que nous avions eu à rencontrer au cours de notre séjour.

La Chine est un pays aux milles facettes qui est bien décidé à se positionner comme une force économique, militaire, mais aussi une force de paix et de rapprochement entre les peuples dans un monde orchestré par un Occident en déclin et qui joue son va-tout au risque de déstabiliser plusieurs régions du monde, pour ne pas perdre de son influence. Un jeu dangereux qui est derrière plusieurs tensions et provocations dont le monde pourrait bien s’en passer. Les campagnes médiatiques et les campagnes de propagande montées de toutes pièces par l’Occident ont montré leurs limites, mais restent néanmoins dangereuses et annonciatrices de lendemains incertains et risqués pour l’humanité entière.

Dans ce grand pays où la discipline et l’organisation sont les maîtres mots, nous pouvons témoigner de ce que nous avons vu et vécu au côté de ce peuple pacifique et des responsables dont le seul souci est d’offrir aux citoyens les meilleures conditions de vie dans un pays de tolérance et du vivre ensemble érigé en mode suprême de gouvernance. Parler de la Chine et de ce que nous avons vécu sur place necessite un espace que ne pourront contenir toutes les pages de notre journal. Mais nous faisons la promesse à nos lecteurs, à chaque fois que nécessaire, d’aborder d’autres aspects de la vie dans l’empire du Milieu qui n’a pas fini de séduire et de connaître un essor jamais égalé dans l’histoire de l’humanité.

Abdelmadjid Blidi


Photos Ouest Tribune


 

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