Dans cette aventure économique sur fond social, ce ne sont pas tous les prétendants aux prêts de l’ex-Ansej qui ont réussi dans leur parcours. Et pour cause, 77.520 promoteurs ont eu des difficultés et déposé leurs dossiers au niveau du Fonds de garantie des risques de crédits pour rembourser les banques.
L’Ansej n’a fait que changer de nom en adoptant la nouvelle dénomination de l’ANADE (Agence nationale d’appui et de développement de l’entrepreneuriat). Outre la forme, le changement concerne également l’apport financier du porteur de projet. Dans la nouvelle formule de soutien à l’emploi de jeunes, l’entrepreneur qui, au passage, n’est plus lié par l’âge et un statut de chômeur, doit contribuer au montage de son projet, contrairement à l’Ansej qui exige du promoteur six mois de chômage et accorde un financement à plus de 95% des projets. De fait, l’ANADE se positionne comme un acteur plus économique que social. Son objectif premier est de susciter un tissu de micro-entreprises et faire en sorte à ce que les nouveaux opérateurs puissent se développer. «L’agence est chargée de mettre en œuvre toute mesure de nature à permettre la mobilisation et l’utilisation, dans les délais impartis, de ressources extérieures destinées au financement de la création d’activités en faveur des jeunes, conformément à la législation et à la réglementation en vigueur», lit-on dans le décret de création de l’ANADE.
Cela étant, cette nouvelle agence se voit confier le passif de l’Ansej avec ses succès et ses échecs. Dans un bilan de 23 ans d’exercice, entre 1997 à mars 2020, rendu public hier, l’on retient que pas moins de 368.280 projets ont bénéficié d’un financement de l’Etat par le biais de l’Agence. Dans le lot, 28% relève du secteur des services. Une proportion loin d’être dominante, comme on l’aurait pensé. Les financements ont concerné également les domaines de l’agriculture et du transport de marchandises, avec un taux de 15%, chacun. Les artisans de leur côté ont bénéficié à hauteur de 11% d’entrepreneurs. Le secteur du BTP arrive en 4e position avec 9%, talonné par l’industrie qui totalise 7%, alors que le transport des voyageurs s’est adjugé 5% des projets ANADE.
Trois domaines, en l’occurrence la maintenance, le transport réfrigéré et les activités libérales, ont intéressé 3% (pour chacun d’eux) des investisseurs, assez loin devant la pêche avec 0,3% ou encore l’irrigation avec 0,1%.
Au plan de la répartition géographique, l’étude du ministère de l’Emploi révèle qu’une majorité des projets, 67%, ont été montés au nord du pays. Un état de fait normal, puisque la densité de la population y est la plus forte. En nombre, on apprendra que 261.826 entreprises ont donc été créées au nord du pays. Les Hauts plateaux ont vu leurs jeunes porteurs de projets financés à hauteur de 22%, avec 86.618 entreprises créées. Tandis que dans le sud du pays, la proportion tombe à 10 %, avec 37.836 projets financés.
Autre chiffre concernant, cette fois-ci, le mode de financement et qui indique que 96% des entrepreneurs ont opté pour un financement triangulaire (apport personnel-banques-ANADE) avec, au final, 371.528 entreprises lancées. Pour les 4% restantes, il s’agissait de financements mixtes (apport personnel-ANADE) dont ont bénéficié 14.752 projets. Un troisième mode de financement a été créé en octobre 2018, à savoir l’auto financement et qui a permis à 101 entreprises d’entrer en activité.
Pour ce qui est du seuil d’investissement des entreprises ANADE jusqu’au 30 juin 2020, le document du ministère détaille que 26%, soit le taux le plus élevé, des entreprises ont reçu un financement entre 1 et 2 millions de DA, alors que 24% des entrepreneurs ont demandé une aide virant entre 2 et 3 millions de DA. Enfin, 13% des porteurs de projets ont obtenu entre 3 et 4 millions de DA de financement de la part de l’ANADE. Loin derrière, avec 0,1% des entreprises, on retrouve les projets avec lesquels l’agence s’est investie à hauteur de 10 millions de DA, alors que 4% d’entre elles ont requis une enveloppe financière entre 9 et 10 millions de DA et 2% ont demandé un apport entre 8 et 9 millions de DA.
Dans cette aventure économique sur fond social, ce ne sont pas tous les prétendants aux prêts de l’ex-Ansej qui ont réussi dans leur parcours. Et pour cause, 77.520 promoteurs ont eu des difficultés et déposé leurs dossiers au niveau du Fonds de garantie des risques de crédits pour rembourser les banques. Cette démarche a mobilisé 116,5 milliards de DA en 23 ans. Cette opération n’est pas terminée, puisque le fonds en question a pu régulariser 22.576 dossiers seulement, en remboursant près de 27,5 milliards de DA. Il reste 49.713 dossiers encore à l’étude représentant un montant de près de 82,5 milliards de DA. Il faut savoir, comme le révèle le document du ministère que des dossiers sont purement et simplement rejetés. Ce sont 3017 dossiers qui sont dans ce cas, pour enveloppe totale de 3,8 milliards de DA. Il faut savoir enfin que 2.214 entrepreneurs ont assuré le remboursement de leurs créances, avec un montant global de près de 2,8 milliards de DA, maigre consolation pour l’ex-Ansej et un défi de taille pour l’ANADE.
Nadera Belkacemi