Les crises géopolitiques n’influent plus sur les cours du pétrole : l’Algérie face à un nouveau paradigme
Dans un paysage où les prix restent désormais moins volatils mais soumis à des fluctuations modérées, le pays peut tirer avantage d’un repositionnement stratégique axé sur la diversification productive et l’efficacité énergétique.
Après une période de déprime qui a vu les prix de l’or noir sur une tendance baissière autour de 60 dollars, les cours évoluait, hier, en hausse, certes légère mais qui confirme une stabilité acquise autour d’un niveau de prix moins problématique pour les finances publiques des pays producteurs, dont l’Algérie. Le facteur prépondérant qui appelle à l’optimisme des bourses de Londres et de New York est incontestablement l’annonce d’un cadre commercial entre les Etats-Unis et la Chine. Une actualité économique qui ravive l’espoir d’une reprise de la demande mondiale. Sur le terrain boursier, vers 13h47, le prix du baril de Brent de la mer du Nord, pour livraison en décembre, prenait 0,15% à 66,04 dollars. Son équivalent américain, le baril de West Texas Intermediate, pour livraison le même mois, a progressé de 0,31% à 61,69 dollars. Cette embellie, bien que modeste confirme une évolution certaine dans l’appréciation que font les investisseurs concernant le marché mondial de l’or noir. Les grands événements géopolitique et même militaires dans les bassins de production, comme l’Iran n’ont désormais aucune influence sur un marché qui penchent désormais en direction des rapports de force économique pour s’apprécier ou se déprécier. Ce mouvement de fond dans la planète pétrole reconfigure certainement son importance géopolitique et apporte aux pays consommateurs, comme aux producteurs de nouveaux outils, dont il se serviront dans les relations internationales. Est-ce là une bonne ou une mauvaise nouvelle pour l’économie nationale, encore très dépendante des hydrocarbures ? La question amène une réponse nuancée des experts qui notent d’abord la fin des «embellies surprises», en rapport avec les tensions géopolitiques, mais cet état de fait rassure en même temps quant à la dépolitisation d’un produit, quand bien même stratégique à tous point de vue.
Dans un paysage où les prix restent désormais moins volatils mais soumis à des fluctuations modérées, le pays peut tirer avantage d’un repositionnement stratégique axé sur la diversification productive et l’efficacité énergétique. L’Algérie dispose d’un patrimoine énergétique abondant, mais l’enjeu n’est plus seulement d’augmenter les volumes exportés. Il s’agit d’améliorer la valeur ajoutée intérieure, de développer des filières industrielles résilientes et de s’inscrire dans une logique de transition juste qui absorbe les coûts de la transformation sans écraser le pouvoir d’achat des ménages.
Sur le plan macroéconomique, la loi de finances 2026, fondée sur un prix référence de 60 dollars le baril, incite à une discipline budgétaire conséquente. Cependant, elle ne saurait être un frein à l’innovation. Et pour cause, l’Algérie a choisi d’investir dans les domaines où la demande est structurellement en hausse, à l’image des énergies renouvelables, l’économie numérique et l’industrie minière, dont l’intégration des chaînes de valeur est une donne stratégique.
Le nouveau paradigme énergétique mondial fait que l’Algérie est à l’aube d’une transformation qui peut non seulement atténuer la dépendance historique envers l’or noir mais aussi poser les fondations d’une économie plus résiliente et diversifiée. Le contexte international, avec ses signaux de reprise de la demande et ses rééquilibrages géostratégiques, offre une fenêtre d’opportunité unique pour accélérer cette transition. Pour l’heure, il semble que les choses évoluent dans le bon sens, à bien lire les décisions publiques qui s’appuient sur une modernisation rapide des infrastructures et une valorisation des ressources humaines. Ces deux facteurs inscriront le pays dans une logique de croissance inclusive. Ne plus attendre une fracture géopolitique au Proche-Orient pour voir les caisses de l’Etat se remplir, oblige l’Algérie à choisir un chemin long et jalonné d’ajustements. Il reste que les indicateurs macroéconomiques, les flux d’investissement et l’évolution des prix du pétrole laissent entrevoir, à moyen terme, une stabilisation propice à des investissements productifs. Ce qui renforcera la capacité de l’Algérie à peser dans l’arène énergétique mondiale tout en protégeant les intérêts de ses citoyens.
Anissa Mesdouf



