Les espaces verts à la place des bidonvilles…
Avec l’augmentation sensible du nombre d’opérations de démolition des constructions illicites, les autorités locales ont pris les devants pour occuper rapidement les assiettes foncières récupérées et empêcher ainsi le retour de nouveaux baraquements. On se souvient, il n’y a pas longtemps, de quelques déclarations officielles annonçant que les sites des anciens grands bidonvilles démolis seront affectés à l’implantation de programmes de logements. On sait malheureusement que le temps nécessaire à l’inscription d’un projet, aux études, aux procédures de financement, et au démarrage du chantier est si long que l’on ne saurait prendre le risque de laisser un grand terrain vacant à la merci des candidats au logement par le biais de l’habitat précaire.
La nature ayant horreur du vide, il était donc judicieux de lancer des opérations d’occupation des assiettes récupérées avec de simples aménagements en espaces verts, aires de jeux et de détente, terrains de sports, et autres initiatives peu coûteuses utiles à la collectivité et à la portée de n’importe quelle municipalité. Malheureusement, les mauvaises langues locales ont plutôt raison quand ils dénoncent l’ampleur du laxisme et de la médiocrité qui règne ici et là en matière de gestion de l’urbanisme et d’entretien du cadre urbain. «Le Jardin des plantes de M’dina Jdida, qui vient de rouvrir ses portes il y a quelques jours, a été ces derniers temps lui- même squatté par des tentes et des abris de fortune érigés par des énergumènes venus on ne sait d’où… Comment croire, ajoute ce retraité, que ces nouveaux espaces verts seront préservés et survivront éternellement à la déferlante des bidonvilles à Oran?».
Une remarque peut-être abusive, mais qui reflète en tout cas l’absence de réflexion et de stratégie à moyen et long terme dans la démarche de gestion de la croissance urbaine. Tandis que l’on assiste chaque année à l’augmentation du déficit en classes scolaires et en lycées dans plusieurs zones urbaines, on a du mal à comprendre pourquoi les assiettes foncières récupérées après démolition de vieux immeubles ou de taudis, sont de manière systématique affectés à de présumés jardins urbains ou espaces verts. Ce fut le cas pour le site de Batimat Etalian, ce sera le cas pour le site de l’ex-bidonville Sebkha de la commune de Sidi Chahmi, et de bien d’autres endroits réservés nous dit-on à la végétation et aux plantations. Mais malgré ces annonces, et malgré le sincère engagement des pouvoirs publics à vouloir éradiquer les bidonvilles de la wilaya d’Oran, les constructions illicites ne cessent de proliférer autour d’Oran … Une ville si généreuse et si attractive. Jusqu’à quand?
Par S.Benali