Evênement

L’intérêt de l’Algérie prime

Il aurait été logique de clore le débat algéro-français sur la mémoire à l’occasion du 76e anniversaire des massacres du 8 mai 1945 et passer à autre chose, histoire d’éclairer l’opinion publique sur d’autres enjeux aussi capitaux que la réconciliation algéro-française. Il faut bien souligner, et le faire à chaque fois qu’il est possible, que l’Algérie et les Algériens ne respirent pas l’oxygène qui sortirait des discours des officielles ou des nostalgiques français. Nous avons d’autres centres d’intérêts, d’autres problèmes, d’autres défis, d’autres débats à mener. L’Algérie, c’est beaucoup plus complexe que de la réduire à un petit poucet qui éternue lorsque la grande France s’enrhume. Si nous avons chassé le colonialisme de notre pays, c’est sans doute pour passer à autre chose. Et effectivement, nous avons, ensemble, fait beaucoup de choses. Certaines ont été bonnes d’autres moins bonnes et il y en a même eu de franchement catastrophiques. Mais en 59 années d’indépendance, nous n’avons pas attendu qu’un président français vienne nous insuffler la vie. Nous sommes indépendants, fiers d’avoir arraché notre liberté au prix de millions de martyrs et, au passage, récupérer notre lègue historique et culturel intacts. La colonisation, malgré son horreur, n’a pas réussi à nous détruire.
Cela pour dire que si les Algériens évoquent régulièrement le passif mémoriel avec la France, dans la rue comme ailleurs, et que s’ils retiennent la phrase : « la colonisation est un crime contre l’humanité », prononcée par Emmanuel Macron, ils n’en font pas pour autant leur sujet quotidien. Seulement voilà, certains «mauvais perdants», adeptes de l’Algérie de Papa, en rajoutent plusieurs couches et s’essayent à l’exercice de comparaison : qui de l’Algérie ou le Maroc est plus proche au cœur de l’Elysée. Ils ont tenté de nous faire admettre que le royaume voisin est le préféré de la France et que les discours « mielleux » de l’Elysée ne servent qu’à nous endormir. Comme si, nous autres Algériens, sommes en course avec les Marocains sur qui saura plaire à la «grande France» !
Que ces idiots sachent que l’Algérien ne cherche l’amour d’aucune autre nation et certainement pas celle dont il a combattu le système haineux. Nous ne sommes pas dans une logique de concurrence avec qui que ce soit. Si les Marocains s’autorisent des crises avec l’Algérie, l’Espagne, l’Allemagne et l’Iran, pensant bénéficier du soutien de Paris, c’est leur affaire et ça ne nous fait ni chaud ni froid. Nous ne cherchons pas une place dans le cœur de la France, mais la sauvegarde de nos propres intérêts. Voilà c’est dit.
Par Nabil G

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