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Écologie:
L’urgence de protéger les zones humides oranaises

De plus en plus de spécialistes alertent sur la dégradation et la régression des huit zones humides que compte Oran. «La dégradation et la réduction des zones humides s’expliquent par le développement de l’urbanisation et des grands équipements le long du littoral, mais également par l’extension de l’agriculture irriguée, grande consommatrice d’eau», souligne Mme Fetahi, diplômée en sciences de l’environnement à l’université d’Oran.

Parmi les huit zones humides que compte la wilaya d’Oran, quatre sont classées Ramsar, à savoir le lac Télamine, la grande Sebkha d’Oran, El Mactâa et les Salines d’Arzew. Autrefois, en bordure d’Oran, s’étendait une campagne parsemée d’étangs et de zones humides qu’alimentaient de nombreuses rivières à ciel ouvert. L’urbanisation a orchestré la mise à sec des étangs, et la disparition de rivières. La ville d’Oran a continué de s’étendre ensuite, gagnant sur la campagne de nouveaux territoires, fragmentant les vallées, imperméabilisant les sols.
«La flore des milieux humides et aquatiques, autrefois très répandue, a fortement régressé suite à ces aménagements urbains. La biodiversité en a pris un sérieux coup: les effectifs de beaucoup d’espèces emblématiques comme les flamants roses augmentent. Mais cela ne veut pas dire que les zones humides sont en bon état de conservation. Les populations d’amphibiens, de reptiles et de poissons ont régressé et sont menacées d’extinction. Pour les poissons d’eau douce, la situation est même pire», alerte Mme Fetahi.
Les zones humides ont pourtant un rôle crucial à jouer face aux défis environnementaux actuels. Les raisons de ce déclin sont multiples: la spécialiste pointe du doigt l’urbanisation, le drainage, les barrages qui interrompent les flux aquatiques naturels, l’érosion des sols liée au déboisement… Dans de nombreux cas, ces milieux ne disparaissent pas mais connaissent une dégradation, notamment de la qualité des eaux. Un des problèmes majeurs constatés est celui de l’eutrophisation.
Les marais reçoivent de grandes quantités d’azote en provenance, en particulier, des zones agricoles. Or ces matières nutritives changent l’équilibre du milieu et défavorisent la flore et la faune», relève Mme Fetahi. Cette spécialiste constate que «la qualité de ces zones humides continue de se dégrader, en raison de l’assèchement». «La détérioration des zones humides entraîne avec elle le déclin d’espèces animales et végétales qui sont en danger d’extinction.
Les amphibiens constituent le groupe le plus vulnérable, mais les poissons sont aussi menacés», alerte cette spécialiste qui insiste sur les solutions. «Face au dérèglement climatique, à l’augmentation de la demande en eau et aux risques d’inondations et de sécheresse, les zones humides ont un rôle essentiel à jouer en matière de développement durable», estime-t-elle. Pour l’experte, «le classement des sites en vue de leur protection ne suffit pas. Les zones humides doivent faire partie intégrante des plans nationaux de développement, et des mesures d’incitation peuvent favoriser l’implication des populations et des collectivités locales dans les actions de protection et d’investir dans les pratiques agricoles compatibles avec ces zones humides vulnérables.
Imad. T

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