
Lutte contre le plastique : repenser l’emballage agroalimentaire pour concilier économie et écologie
Face aux défis environnementaux et économiques, l’emballage agroalimentaire se retrouve aujourd’hui au cœur des préoccupations de la filière en Algérie. Invité, hier, de l’émission « L’Invité du jour » sur la chaîne III de la Radio nationale, le professeur Arezki Chenane, enseignant en sciences économiques à l’Université de Tizi Ouzou, a dressé un état des lieux préoccupant mais porteur d’opportunités pour l’industrie de l’emballage.
Selon l’expert, le conditionnement joue un rôle déterminant dans la chaîne logistique, au point d’impacter jusqu’à 40 % du coût global d’un produit. Une réalité économique qui, selon lui, oblige à repenser en profondeur la manière dont les produits sont emballés. « Il est impératif d’adopter une vision globale de l’emballage, en misant sur l’innovation et l’introduction de matériaux alternatifs plus respectueux de l’environnement », a-t-il déclaré. Le professeur Chenane pointe du doigt l’usage excessif du plastique à usage unique, largement importé en Algérie. Chaque année, le pays achète près de 11 millions de tonnes de matière première, dont seulement 10 % sont recyclés. Un chiffre alarmant qui pose la double problématique du coût et de l’impact écologique. À cela s’ajoute la présence de 20 % de déchets plastiques, difficiles à éliminer et nocifs pour l’environnement. «Nous avons 20% de déchets plastiques, ce qui est énorme sachant que le plastique ne se dégrade pas dans la nature », révèle le Pr Chenane tout en mettant l’accent sur « l’intérêt d’aller sérieusement vers le renforcement du recyclage ».
Pour y remédier, l’universitaire appelle à une véritable refonte de l’industrie de l’emballage, passant par le renforcement du recyclage et l’adoption de matériaux biodégradables comme ceux à base de maïs ou de canne à sucre. « L’innovation est la clé. Il faut introduire des matières qui se dégradent naturellement tout en assurant la conservation du produit », a-t-il plaidé. «Qui dit innovation, dit introduire de nouvelles matières qui se dégradent dans la nature », souligne-t-il. Et d’ajouter : « Des matières organiques biodégradables qui participent activement à la conservation du produit mais aussi à la protection de l’environnement ».
Alors que l’Algérie ambitionne de développer ses exportations agroalimentaires, le packaging devient un enjeu stratégique. « Les produits destinés à l’export doivent bénéficier d’emballages qui protègent à la fois la marchandise, l’environnement, et qui permettent de maintenir des prix compétitifs », a souligné Arezki Chenane. Cela implique une modernisation urgente du système logistique et la promotion d’une filière nationale de l’emballage durable. Il a également rappelé l’existence d’un système de gestion des déchets instauré en 2004, qu’il convient désormais de renforcer pour en faire un pilier de l’économie circulaire.
Par ailleurs, l’économiste lance un appel aux autorités et aux industriels pour intégrer pleinement les dimensions écologique, économique et logistique dans toute stratégie liée à l’emballage. Il déplore le faible nombre d’entreprises engagées dans le recyclage et insiste sur l’urgence d’éliminer progressivement le plastique au profit de matériaux « amis de la nature » comme le carton.
Mohand S