Région

Mostaganem: Khadidja Bensmaïn, une jeune chercheuse qui s’intéresse aux algues marines

Khadidja Bensmaïn est née au quartier « Salamandre », appelé ainsi en référence à cet amphibien, mi-reptile, mi-poisson, où dit-on, il proliférait dans une grande partie du littoral de Mostaganem.

Son intérêt pour l’environnement marin et sa quête pour la valorisation
des matières naturelles, n’étaient pas fortuits, encore moins un
simple « hobby » à travers lequel elle meublait son temps.
Tout juste 28 ans, Khadidja Bensmaïn est déjà chargée de la « lourde »
mission de former des étudiants des sections préparatoires de l’Ecole
nationale supérieure d’agronomie (ESM) « Mohamed Lamdjed Benabdelmalek », où
elle mène, parallèlement à sa mission pédagogique, ses
activités de recherche, essentiellement axées sur les sciences de la mer,
avec comme centre principal d’intérêt les algues marines, vouant une
passion inébranlable à tout ce qui est en lien avec la chose écologique.
En dépit de sa vocation première de biologiste, spécialisée dans les
sciences alimentaires, elle a réussi à transformer cette passion en métier
au service de la protection des plantes marines, qu’elle tente de préserver
et de valoriser pour en faire, grâce à une exploitation rationnelle,
estime-t-elle, une source de revenus non négligeable, et ce, sans altérer,
ni porter atteinte à leur écosystème.
L’APS l’a rencontrée à la bibliothèque de son Ecole, au moment où elle
« fouinait » dans les étagères à la recherche d’ouvrages susceptibles de
l’aider à glaner le maximum d’informations pouvant enrichir ses
connaissances et à consolider son corpus de recherches sur les plantes
marines et les moyens de leur valorisation à des fins pharmaceutiques,
cosmétiques et industrielles.
Tel est la vocation de cette jeune mostaganémoise, qui a choisi les algues
marines, toutes espèces confondues, pour en faire non seulement
un objet de recherche, mais également une activité éco-citoyenne au service
de ces êtres vivants peuplant le monde muet des mers et des
océans, que certains appellent plantes marines et que d’autres leur
attribuent le qualifiant d’ « or rouge », en raison de leurs propriétés
nutritives
et thérapeutiques indéniables.

— La vie marine, un héritage familial et un mode de vie chez les
Bensmaïn —

Sur l’origine de cette passion sans bornes pour la vie marine, Khadidja,
l’enfant de « Salamandre », un quartier « côtier » où la grande bleue fait
partie du décor, explique que cela est tout simplement un héritage familial
que lui a légué sa mère, El Hadja Touatia, qui lui a appris, dès sa prime
enfance, les rudiments de la pêche à l’hameçon et l’amour des métiers de la
mer.
La jeune académicienne n’oublie pas, au passage, de rendre hommage à son
géniteur, El Hadj Hamou, Moudjahid qui, en plus de lui avoir appris l’amour
de la patrie, l’a également soutenue et aidée à prendre confiance en soi ,
à « aiguiser » sa curiosité et surtout à chercher à comprendre le monde qui
l’entoure.
Armée de ces principes de base, Khadidja Bensmaïn a opté, le plus
logiquement du monde, pour une spécialité, la biologie en l’occurrence, qui
semblait lui être prédestinée.
Sa première recherche académique avait, raconte-t-elle, porté sur les
plantes méditerranéennes peuplant l’un des segments de la frange maritime
mostaganémoise, à savoir Cap Ivi, en accordant un intérêt particulier à
l’agar-agar, un produit gélifiant extrait de l’algue rouge.
Consciente de l’importance de ce produit importé de l’étranger en devises
fortes, souligne-t-elle, la jeune chercheure en a fait, d’ailleurs, le
thème central de sa thèse de Master en biologie nutritionnelle, après avoir
sillonné, des mois durant, la bande littorale de sa région dans une
entreprise de prospection des diverses espèces d’algues marines qui y sont
recensées.
Sa thèse, outre sa dimension académiques, était aussi un clin d’œil fort
sympathique aux anciens et, surtout, aux « anciennes », puisqu’elle était
intitulée: « l’effet des algues vertes sur la diminution de la glycémie, des
recettes de nos grands-mères à l’agar-agar ».
Voulant donner corps à ces idées, l’universitaire, qui dit avoir découvert
le monde de l’entrepreneuriat à la faveur d’une session de formation
organisée par la Chambre de commerce et d’industrie « Dahra » de la wilaya de
Mostaganem, a décidé de créer sa propre micro- entreprise spécialisées dans
la valorisation de plantes phytosanitaires et les algues marines, en
s’appuyant sur une expérience réussie portant sur l’utilisation d’une
concoction extraite à partir de plantes résistant aux grippes qu’elle nomme
« la boisson de grand-mère », ce qui est un autre clin d’œil aux aïeules.
Khadidja mise également beaucoup sur son entreprise « Algo-Gar », dont elle
veut faire un outil pour la promotion des traitements thérapeutiques
administrés à base de « végétaux marins » et à les utiliser à des fins
industrielles et même comme produits cosmétiques, en plus de les
transformer en produits chimiques amis de l’environnement.
Passionnée de recherche, elle n’en demeure pas moins aussi studieuse et
toujours en quête de nouveautés dans son domaine de prédilection et
n’hésite pas aussi à participer aux concours organisés par des
établissements universitaires ou des institutions spécialisées.
C’est ainsi qu’elle prend part au concours du meilleur projet innovant,
initié en 2018, par l’Université des sciences et de la technologie « Houari
Boumediene », dans lequel elle décroche la 3ème place, ainsi que dans un
autre concours organisé, la même année, par le Centre national de recherche
et de développement de la pêche et de l’aquaculture, sis à Bousmaïl, dans
la wilaya de Tipasa, dont elle est la première lauréate.
Durant la même période, elle participe également à un autre concours
organisé à Malte, avant que la pandémie de Covid-19 ne vienne bousculer son
emploi du temps.

— L’île de Lilo, un autre champ de recherche —

Outre ses activités pédagogique et ses activités professionnelles,
Khadidja Bensmaïn participe aussi, à titre de bénévole, dans une équipe de
recherche dont les activités sont dédiées à l’étude de la biodiversité et
l’impact de certaines espèces de plantes sur l’équilibre écologique dans la
zone de « Lilo », située à l’extrême Ouest de la bande côtière de Mostaganem.
Dans le cadre de ce projet initié par le Club « Océanica » de plongée
sous-marine et des activités aquatiques, en collaboration avec le
Commissariat national du littoral, les chercheurs ont jeté leur dévolu sur
cinq êtres vivants marins, à savoir la posidonie de Méditerranée, les
algues marines rouges et vertes et le concombre de mer, dont l’espace vital
est située dans cette micro-île proche des côtes de la commune de Stidia.
Véritable touche-à tout, la jeune chercheure à l’énergie débordante
ambitionne de créer, avec l’appui de l’Union Européenne, une ferme dont les
activités seront exclusivement dédiées à la culture des algues rouges.
Pour tout ce qu’elle a réalisé et pour tout ce qu’elle ambitionne de
concrétiser, Khadidja Bensmaïn est l’exemple parfait de la femme battante
et active.

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