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Le professeur Belhocine anime une conférence sur le Covid-19:
«Nous avons développé une application pour réussir les enquêtes épidémiologique»

Il est l’une des figures de la lutte contre la pandémie en Algérie. Eminent professeur connu au niveau national et international, le professeur Mohamed Belhocine chargé de la cellule de suivi des enquêtes épidémiologiques auprès du président de la République était à Oran avant-hier pour animer une conférence sous le thème «La santé publique à l’épreuve de la covid-19 » au niveau du Centre de Recherche en Anthropologie Sociale et Culturelle CRASC.

Lors de son intervention l’éminent professeur a détaillé les répercussions de cette crise sanitaire mondiale qui a bouleversé le monde. Il a commencé par expliquer si cette pandémie était prévisible et le changement du paradigme à cause de cette pandémie, il a également rappelé une vue d’ensemble de la propagation du virus dans le monde et ce qui se passe dans la société quand la pandémie est là. Le professeur Belhocine a parlé également des impacts de la pandémie et les multiples ruptures, avec un zoom sur la situation épidémiologique dans le pays, en concluant sur des pistes de réflexion sur la reforme du système de santé. L’interlocuteur a rappelé que la cellule des enquêtes épidémiologiques a développé une application en ligne pour réussir ces enquêtes. «Covid Trakker» a fait ses preuves dans des wilayas du centre du pays comme Bouira. Elle permet une collecte rapide des informations sur le terrain et leur transfert vers un serveur du Ministère afin d’identifier les contacts et casser la chaîne de contamination. «Le très grand avantage c’est que c’est totalement informatisé, y compris l’analyse des données». Le monde devra faire face à d’autres pandémies à l’avenir, et les pays doivent se préparer pour affronter ces crises. Comment les pays doivent réussir cette préparation? Le professeur Beloucine a insisté sur l’importance de la reforme du système de santé. Cette reforme qui nécessite du temps, un débat mais également une vision pour décider des stratégies nécessaires. «Il y’a eu des débats dans le passé dans notre pays, mais il faut un débat ouvert, pas uniquement quelques experts qui vont décider, même moi je ne suis pas habilité ni mandaté pour dire le système qu’il faut, il faut un débat démocratique pour voir quelle vision adoptée pour la santé publique».
Le professeur n’a pas caché l’existence en Algérie, comme dans d’autres pays, des conflits d’intérêts dans les CHU, ce qui met a mal la qualité des soins en Algérie, il a donné dans ce cadre, un exemple: «comme le temps plein dans les CHU, quand les gens travaillent à l’hôpital et en dors de l’hôpital, il peut y avoir des situations pas pour tout le monde, comme si nous avons moins accès aux soins à l’hôpital et plus accès dans le privé, cela peut créer donc des problèmes d’accessibilité aux soins» précise- t-il. Le professeur Belhoucine a rappelé plusieurs exemples sur la lutte contre la pandémie. Comme en Nouvelle-Zélande, où l’enquête épidémiologique pouvait se faire en moins de deux jours, et la Chine qui a massivement formé son personnel médical dès le début de la pandémie.
Notons que le professeur Belhoucine a beaucoup d’expériences en épidémiologie, il a été sur le terrain en Afrique lors de l’apparition de l’Ebola. En février 1997, il est recruté par le bureau régional de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) en qualité de conseiller régional pour les technologies cliniques et de laboratoire et la qualité des soins avec pour mission le plaidoyer pour la diffusion et la mise en œuvre et des résolutions de l’OMS sur la qualité des soins et l’assurance de qualité des laboratoires de santé publique. Il co-rédige, avec d’autres collègues, un guide pour les donations d’équipements médicaux. En septembre 1998, il est nommé directeur de la division des maladies non-transmissibles (DNC), bureau régional de l’OMS pour l’Afrique.
L’objet de cette division est de sortir les maladies non-transmissibles (MNT) de l’ombre. Sous sa direction, l’équipe de la division rédige et soumet au Comité Régional (réunion annuelle des Ministres de la Santé des États membres) les stratégies régionales de l’OMS pour la santé mentale, les MNT, la promotion de la santé, la prévention des traumatismes et de la violence, l’alimentation du nourrisson et du jeune enfant.En mars 2015, le bureau d’Alger de l’OMS lui propose de rédiger un document portant Cadre de Coopération Stratégique (CCS) de l’OMS avec l’Algérie pour la période 2015-2019. Au plan international, entre autres, il est recruté à nouveau par l’OMS de juin 2015-février 2016 avec comme mission principale de re-dynamiser les actions locales de l’OMS dans le cadre de la lutte contre l’épidémie à virus Ebola. Il gérera une équipe pluridisciplinaire d’environ 700 personnes, tout en veillant au maintien du portefeuille de coopération OMS-Guinée. Arrivé en Guinée le 25 juin, le pays déclarait une cinquantaine de cas par mois.
Le 29 décembre 2015, au nom de l’OMS, il déclarait officiellement la fin de l’épidémie d’Ebola en Guinée. En 2020, avec l’apparition de l’épidémie du Covid-19 en Algérie, il rédige en collaboration avec des confrères, une note contributive à la riposte nationale. Cette note sera publiée dans la presse nationale. Il est appelé alors à rejoindre le Comité Scientifique chargé du suivi de l’épidémie auprès du Ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme Hospitalière.
Fethi Mohamed

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