Le président Tebboune accorde un entretien à la presse nationale : l’Algérie «n’ira pas à Canossa»
Pour contrecarrer les tentatives visant à semer la fitna, le président de la République a annoncé un dialogue national qui sera initié «fin 2025 début 2026, soit après la révision des lois relatives aux organes de l’Etat moderne».
Pour son premier entretien avec la presse nationale après sa réélection à la tête du pays, le président de la République n’a élagué aucun sujet d’actualité qui intéresse l’opinion nationale. Sur nombre de questions, notamment celle en rapport avec les perspectives immédiates du pays, le chef de l’Etat a exprimé sa volonté de protéger «notre pays et notre indépendance». Il a également insisté sur sa détermination à défendre les personnes vulnérables. Pour le Président Tebboune, le pays est en effet «engagé sur la voie du changement positif et poursuivra sa marche». Et Abdelmadjid Tebboune d’insister : «Notre objectif est de réaliser le rêve des chouhada pour un Etat algérien démocratique en mesure de défendre sa liberté et de protéger ses citoyens», soulignant que «l’Algérie est sur la bonne voie et que beaucoup d’efforts nous attendent pour permettre au citoyen algérien de vivre dans la dignité». Il reste que cette marche fait l’objet de tentatives de freinage par «les lobbies qui tentent de déstabiliser le pays et de semer le chaos». Le Président a mis en garde contre ces agissements, en relevant que «l’époque de la Issaba (bande) est révolue bien qu’il existe toujours ses résidus». L’Etat «combattra ces lobbies sans relâche». Le chef de l’état a, à ce propos, affirmé que «les tentatives de déstabiliser l’Algérie existent encore mais nous sommes à l’affût pour y faire face grâce à la force de l’Armée nationale populaire (ANP) et aux mécanismes de contrôle et à la numérisation mis en place par l’Etat algérien». Cette action de modernisation de l’arsenal administratif national, relève des «efforts d’édification de l’Etat algérien moderne», malgré l’opposition de certaines parties habituées à agir dans l’ombre, relevant que «la bureaucratie demeure un phénomène de sous-développement qu’il faut éradiquer».
Le dialogue, un acte politique majeur
Le confortement de la République passe également par une lutte efficace contre les ingérences étrangères. Et pour contrecarrer les tentatives visant à semer la fitna, le président de la République a annoncé un dialogue national qui sera initié «fin 2025 début 2026, soit après la révision des lois relatives aux organes de l’Etat moderne». Les codes communal et de wilaya, la loi relative aux partis politiques constituent les balises de l’Etat moderne voulu par le Président Tebboune qui a, par ailleurs, évoqué les résultats préliminaires de la dernière élection présidentielle. «Des investigations à ce sujet, dont les résultats seront rendus publics dès leur achèvement», ont été engagées, a indiqué le chef de l’Etat.
Sue le sujet du caractère social de l’Etat algérien, le Président a renouvelé son engagement en faveur du renforcement du pouvoir d’achat des citoyens, l’objectif premier étant la préservation de leur dignité. Cela passera par la lutte contre l’inflation, le renforcement de la production nationale et la poursuite de l’augmentation des salaires et des allocations, en sus du traitement du dossier du logement. Sur le plan économique, le président de la République a estimé que «la construction d’une économie nationale solide et la protection de l’Algérie face aux fluctuations mondiales figurent parmi les priorités», mettant en avant l’importance de la production locale des produits de large consommation. Et de souligner que l’Algérie a réussi à «atteindre 80 % d’autosuffisance dans la production de blé dur», ce qui signifie qu’elle «est capable d’atteindre 100 %».
Les Brics, l’UE et la France
En réponse à une question concernant l’organisation des BRICS, le président de la République a déclaré : «pour le moment, nous n’envisageons pas d’adhérer à cette organisation et notre intérêt se porte sur l’adhésion à la Banque des BRICS, qui est tout aussi importante que la Banque
mondiale.» Concernant l’accord d’association avec l’Union européenne (UE), le président de la République a révélé qu’il sera révisé «à partir de 2025», soulignant que cette révision, désormais «nécessaire», sera menée «avec souplesse et dans un esprit amical sans entrer en conflit avec l’UE».
S’agissant de la position de la France soutenant «le prétendu +plan d’autonomie+» au Sahara occidental, le président de la République a affirmé que le soutien de la France au Makhzen pour s’emparer du Sahara occidental «n’est pas nouveau, et même l’idée du soi-disant +plan d’autonomie+ est française et pas marocaine». Il a, par ailleurs, fait observer que la décision du retrait de l’ambassadeur d’Algérie à Paris n’a aucune relation avec la visite qui était programmée en France, réaffirmant que l’Algérie «n’ira pas à Canossa».
Le président de la République a rappelé la position de l’Etat algérien qui «réclame la vérité historique et exige une reconnaissance des massacres commis par le colonialisme français en Algérie». Le président Tebboune a qualifié les appels de certaines parties françaises à la révision de l’accord de 1968 concernant la circulation et le séjour des Algériens en France de «slogan politique» d’une minorité extrémiste qui voue une haine à l’Algérie. Evoquant les relations solides entre l’Algérie et la Russie, le président de la République a indiqué que «ce sont des relations d’amitié et d’intérêts mutuels, caractérisées par des liens profonds et historiques».
Sur les nombreux messages de félicitations qu’il a reçus suite à sa réélection pour un second mandat, le président de la République a affirmé que «cela témoigne de la réputation internationale de l’Algérie et de la place qu’elle occupe parmi les nations».
Nadera Belkacemi