Le Maroc continue d’être le premier pourvoyeur de plusieurs types de drogues dont le cannabis vient en tête des quantités acheminées vers l’Algérie à travers les frontières Ouest du pays.
Le bilan des quantités de cannabis, en provenance du Maroc, saisies par les services de sécurité durant les dix dernières années donnent le tournis. Il s’agit de 1000 tonnes de résine de cannabis saisies par les différents corps de sécurité. Les chiffres liés à la lutte contre la drogue et les dispositions mises en place par les autorités pour faire face à ce phénomène ont été détaillés, hier, par le colonel Yacine Boumrah, du département de toxicologie de l’Institut national de la criminologie et de la criminalistique (INCC), relevant de la Gendarmerie nationale.
Intervenant sur les ondes de la chaîne III de la Radio nationale, le colonel Boumrah a affirmé qu’il ne s’agit pas de kilogrammes ou quintaux de drogue qui ont été saisis mais il s’agit bien de tonnes. «Durant les dix dernières années, les unités de l’Armée nationale populaire (ANP) et les différents services de sécurité (gendarmerie et police) ont saisi une quantité astronomique de résine de cannabis ou de hachich estimée à plus de 1.000 tonnes. Je parle bien de tonnes et pas de quintaux ou de kilogrammes», a-t-il déploré.
Il a affirmé que le premier pic des quantités saisies avait été enregistré en 2013 avec 211 tonnes et le second entre 2019 et 2020 avec 277 tonnes. Aussi, le colonel Boumrah a souligné le caractère organisé de cette activité liée à la culture de la drogue au Maroc, qui a connu beaucoup de transformation.
Il a fait savoir que la superficie des terres destinées à la culture du hachich ont connu une hausse, affirmant que le Maroc est incontestablement le premier producteur du hachich dans le monde. «En 2005 déjà, la production annuelle du Maroc avait atteint les 100.066 tonnes de hachich», a-t-il dit, rappelant que le statut qu’occupe le Maroc en tant que 1er producteur mondial du hachich a été confirmé par les rapports de l’Office des Nations unies contre les drogues et le crime (ONUDC) et l’Organe international de contrôle des stupéfiants (OICS).
«La culture de cannabis au Maroc a connu beaucoup de transformation, et ce, par une introduction massive des variétés hybrides. Ce qui a permis, justement, d’augmenter la production et surtout la puissance du hachich», a-t-il déclaré sur la Radio nationale. Il a par ailleurs souligné la dangerosité du hachich sur la santé humaine à cause de la hausse de la quantité de la substance appelée le Tétrahydrocannabinol présente dans la plante du cannabis.
«Le danger réside à ce niveau-là puisque le risque sanitaire de ce type de drogue, qui présente un taux élevé de Tétrahydrocannabinol (THC) ou de principe actif, est énorme», a-t-il déclaré.
Il a précisé que la concentration Tétrahydrocannabinol a connu une augmentation dans le Hachiche marocain de 2010 à 2020. «En 2010, le hachich marocain avait 1 % de THC, alors qu’en 2020 nous avons eu des saisies avec des pourcentages qui avoisinent les 50%. Ce qui est dangereux pour la santé», a-t-il indiqué.
S’agissant du volet de la lutte contre ce phénomène qui a ne cesse de connaître une ascension ainsi que les dispositions mises en place au niveau des frontières, l’invité de la chaîne III a indiqué que les moyens visant à y faire face ont été renforcés.
«Des moyens techniques et scientifiques ont été mis à la disposition des différents services de sécurité pour lutter efficacement et sans merci contre les bandes spécialisées dans l’acheminement de drogue vers notre territoire, mais aussi de sa distribution à petite et à moyenne échelle dans les différents coins du pays», a-t-il indiqué.
Le colonel Boumrah a affirmé que, ces dernières années, la lutte contre Hachiche concernait plusieurs régions du pays, alors qu’auparavant seulement les wilayas frontalières y étaient touchées. «En 2018, il n’y avait que les wilayas frontalières qui étaient cornacées par ce type de Hachiche, malheureusement, c’est tout le pays qui est touché actuellement», a-t-il indiqué.
Il a ajouté dans ce cadre qu’il «faut être extrêmement vigilant par rapport à ce type de produit toxique, qui n’est plus la drogue douce qui existait auparavant».
Samir Hamiche