Pôle « Ahmed Zabana »: une commune à part entière ?
Depuis quelques jours, des habitants du pôle urbain Ahmed Zabana publient sur les réseaux sociaux une curieuse «pétition» demandant aux autorités concernées d’instituer leur grand site d’habitat en collectivité communale rattachée à la Daira d’Oran ou d’Es-sénia. Ils réclament surtout la séparation du «pôle Ahmed Zabana» qui compte pas moins de 50.000 logements, de la tutelle communale actuelle exercée par l’APC de Misserghine qui ne disposerait pas selon eux ni des moyens financiers ni des compétences nécessaires à la prise en charge des préoccupations et des attentes des habitants de ce qui devait constituer initialement la nouvelle «ville intelligente» de la wilaya d’Oran. On se souvient en effet du vieux discours sur la modernisation qui évoquait la réalisation de la « nouvelle ville d’Oran » aux alentours de Oued Tlélat.
Un projet qui avait soulevé la colère des agriculteurs de la plaine de M’lata et qui a été ensuite délocalisé sur le territoire de la Commune de Misserghine. Mais en réalité, il ne s’agissait que de l’implantation de dizaines de milliers de logements sous diverses formules, dont l’AADL et le LPA, afin d’atténuer quelque peu la crise du logement à Oran. Ce nouvel ensemble d’habitat, baptisé «pôle Ahmed Zabana», reflète on ne peut mieux le déficit de maturité et les carences flagrantes en matière d’études, de programmation et de suivi des projets lancés à Oran. On sait qu’en matière de logements, la majorité des opérations engagées par les pouvoirs publics ne concernent surtout que les programmes liés au fameux programme «RHP», la politique de résorption de l’habitat précaire.
Les concentrations d’immeubles dans certaines zones comme à Oued Tlélat ou El Kerma, ont généré peu à peu des zones-dortoirs dépourvues de toutes infrastructures sociales d’accompagnement. Et le grand Pôle urbain Ahmed Zabana n’a pas échappé à la règle des précipitations, des retards et des tâtonnements qui pénalisent depuis quelque temps près de 50 000 foyers privés d’écoles primaires, de lycées, de centres de santé et de transport urbain en quantité et surtout en qualité de prestations digne des discours sur le progrès et la modernité. Fatalement, après quatre années de déboires et de désagréments, quelques habitants du pôle urbain Ahmed Zabana, plutôt conscients de leur responsabilité citoyenne, ont mis le doigt sur la plaie en revendiquant pour leur zone d’habitat un mode de gestion conforme à son statut et à son importance en termes d’image et de nombre d’habitants.
Il est vrai que le découpage administratif de ce qui est appelé le «Grand Oran» ne cesse à ce jour de poser des interrogations sur la cohérence et la pertinence des délimitations des communes et des secteurs urbains. Beaucoup d’oranais se demandent encore par exemple où s’arrête la commune d’Oran et où commencent celles de Bir El Djir, d’Es-sénia et de Misserghine. Mais en réalité, ce n’est guère cette question d’organisation territoriale qui peut mettre un terme et éradiquer le fléau de la clochardisation urbaine en cours au niveau de plusieurs sites, y compris au pôle Ahmed Zabana…
Par S.Benali