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Consommation:
Pourquoi les prix flambent

Le déficit de la régulation, un important maillon de la chaîne commerciale, conduit à des situations rocambolesques où l’Etat annonce des niveaux de production record qu’on ne trouve pas sur le marché.

Le pays n’est pas aux portes d’un événement exceptionnel qui justifierait une quelconque perturbation de l’offre et la demande. Le Ramadhan est encore loin devant et il n’y a aucune fête susceptible d’expliquer la hausse fulgurante qui connaît la mercuriale ces derniers jours.
La pomme de terre, cette reine des légumes a repris l’ascenseur et s’est échangée, hier, entre 100 et 110 DA le kilogramme. Le poulet, la viande, les fruits et autres produits alimentaires de large consommation suivent la tendance mettant les foyers algériens dans une situation, pour le moins, compliquée. Même le recours à la grève du couffin ne signifie, pour ainsi dire, rien du tout, puisqu’au final il s’agira pour les citoyens de tout boycotter.
En un mot comme en mille, les familles algériennes qui affrontent «désarmées » cette subite vague inflationniste n’ont pas le choix. Il convient de souligner à la décharge de l’exécutif, l’effort fourni sur la hausse relative des salaires par le biais de la baisse de l’IRG.
Les travailleurs ont reçu dans leurs salaires du mois de janvier un pécule en plus, censé améliorer leur pouvoir d’achat. Mais, tout le monde consent à dire qu’il n’est pas suffisant pour faire face à la déferlante des nouveaux prix.
Il faut dire que les pères de familles, bien qu’ils ne crachent pas sur les milliers de dinars qui viennent colmater les brèches dans leur pouvoir d’achat, ne cachent pas leur appréhension à ce que sera la flambée des prix à l’occasion du mois sacré du Ramadhan. Dans les cafés et les lieux de travail, le principal sujet de discussion est de savoir comment sera le prochain mois sacré. A moins de deux mois du rendez-vous de l’hyper consommation, l’Etat sera-t-il au rendez-vous en parvenant à stabiliser les prix des produits de large consommation ? C’est là une interrogation insistante des Algériens.
Le rendement de l’agriculture nationale n’évolue visiblement pas au même rythme que la consommation.
Les incitations des pouvoirs publics pour équilibrer l’offre et la demande n’ont visiblement pas les résultats escomptés. Mais posons-nous donc la question de savoir si l’effort de l’Etat n’a vraiment servi à rien. La réponse ne pourrait pas être catégorique, mais bien nuancée. Et pour cause, l’opinion publique nationale est cycliquement informée de centaines d’hectares de légumes pourrissant sur champ, en pleine saison agricole, alors qu’en bout de chaîne, sur le marché de détail, les consommateurs achètent leurs légumes à des prix de plus en plus élevés. Cela appelle les observateurs à conclure à une désorganisation du système de production et de commercialisation des produits agricoles. Cela s’appelle la régulation. Celle-ci est absente sur le terrain. Et ce déficit de cet important maillon de la chaîne commerciale conduit à des situations rocambolesques où l’Etat annonce des niveaux de production record qu’on ne trouve pas sur le marché. Cela s’est récemment produit avec l’huile de table et avant avec la semoule et le sucre.
Les Algériens qui ne démentent pas les propos des responsables de l’exécutif en sont tout de même à se poser des questions sur les bizarreries du commerce en Algérie. La véritable sortie définitive des crises récurrentes que vit le marché, tient dans une bonne régulation en y mettant le prix et les moyens. Ce n’est pas par des déclarations ministérielles qu’on résout le problème structurel que connaît le pays depuis des décennies.
Yahia Bourit

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