Quartier Sidi el houari: l’éternel débat…
Depuis près de cinquante ans, le quartier historique de Sidi El Houari, qui bénéficie depuis 2015 du statut de «secteur patrimonial à sauvegarder», reste dans un état de clochardisation avancé malgré tous les débats, les réunions et les préconisations avancées presque chaque année pour un règlement efficace et radical de ce dossier urbain important pour les Oranais.
On se souvient qu’au début des années 80 un grand projet de restructuration et de préservation du vieux quartier avait été initié avec un montant financier important dégagé pour entamer des opérations de réhabilitation d’immeubles, de monuments, de ruelles et de placettes.
Malheureusement, contrairement au projet de restauration de la vieille Casbah d’Alger, aucune approche organisationnelle décentralisée n’a été mise en place pour prendre en charge le projet.
Fatalement, les actions programmées confiées aux structures locales en charge de l’habitat ne pouvaient, au mieux, que recenser les immeubles en ruine et parfois les démolir après relogement des occupants.
Moins d’une dizaine d’immeubles ont été restaurés, comme celui de l’actuel siège de l’OPGI et aux alentours de l’ex-place Kléber, l’ancien centre ville du vieil Oran.
Mais à ce jour, des monuments célèbres comme l’ancienne préfecture, la vieille église St-Louis, la Mosquée du Pacha ou encore la piscine Bastrana ont été délaissés après des replatrages de façades et des improvisations indignes des ambitions affichées.
A ce jour, «que reste-il encore à sauvegarder», s’indignent des mauvaises langues qui dénoncent sur les réseaux sociaux la marginalisation du quartier et le manque de mobilisation de certaines sphères associatives motivées par d’autres intérêts.
Les polémiques attisées ces derniers temps autour du mode de gestion des démolitions d’immeubles menaçant ruine restent bien éloignées du véritable objectif de restructuration d’un vieux quartier devant retrouver son charme, ses couleurs et son animation sociale et son attractivité bénéfique pour le tourisme.
Lors d’une récente sortie effectuée sur le terrain, le wali d’Oran, souvent interpellé sur la nécessité de conserver le vieux bâti de Sidi El Houari, semblait presque dans l’obligation de rappeler les règles à respecter pour la reconstruction des immeubles démolis ou ceux menaçant ruine dans ce quartier historique: «Celui qui veut reconstruire un immeuble dans la vieille ville, a déclaré le premier responsable local, doit le faire dans le respect des normes architecturales initiales concernant les façades et le nombre d’étages».
Une évidence bien connue dans tous les projets de réhabilitation d’anciens quartiers ou de construction de nouveaux bâtiments dans des secteurs urbains protégés par le fameux POS, Plan d’occupation des sols, géré par le secteur de l’habitat et les APC.
On connaît malheureusement l’anarchie et les dérives qui règnent encore en ce domaine important pour l’esthétique et l’image de la Cité.
Comment, ironisent les mauvaises langues, prétendre restructurer un vieux quartier historique quand on n’est même pas en mesure d’interdire la construction de tours de douze étages au milieu de petites villas individuelles dans un quartier présumé résidentiel comme Point du jour, Les Castors et d’autres encore ?».
Les quartiers de Sidi El Houari et des Planteurs ont encore, semble-t-il, de longues années de décrépitude urbaine à subir avant d’exorciser le mal de la stérilité qui plane sur le ciel oranais depuis des années.
Ainsi va Oran.
Par S.Benali