
Rentrée scolaire : le compte à rebours
Le soleil encore doux d’un matin de fin d’été éclaire les façades neuves d’une école en chantier. Dans la cour, les ouvriers balaient la poussière accumulée, d’autres fixent avec habileté les derniers carreaux aux fenêtres, tandis que le parfum de peinture fraîche flotte toujours dans l’air.
Dans quelques jours, ce silence de béton laissera place aux cris joyeux des enfants qui donneront libre cours à leurs mouvements, aux sonneries et aux pas pressés des instituteurs et des institutrices. Mais en ce début de septembre, ce sont plutôt encore les casques jaunes, les ingénieurs et les responsables locaux ainsi que les employés du secteur de l’éducation qui occupent les lieux. «Nous n’avons pas une minute à perdre. Tout doit être prêt pour le 15 septembre», insiste d’une voix ferme le secrétaire général de la wilaya d’Oran, Fodil Laïdani.
À ses côtés, une délégation fournie composée des chefs des daïras, des maires, des élus municipaux, des directeurs techniques, des représentants de Sonelagz, de l’Office de l’assainissement et du secteur concerné, l’éducation.
Chacun d’eux, transpirant, prend des notes à chacune des haltes, observe, attentivement et échange avec des employés affairés à redonner aux établissements un look attirant les enfants scolarisés. La rentrée approche, et avec elle, la promesse faite aux familles des milliers enfants et élèves, d’offrir des établissements modernes et accessibles.
Benfréha, le nouveau souffle
La tournée débute dans la commune de Benfréha, municipalité rurale en pleine mutation connaissant ces dernières années d’importants changements. Dans le quartier des 1000 logements sociaux, un vaste groupement scolaire sort de terre, encadré par des immeubles encore habités par la poussière des chantiers récents. L’école, avec ses salles lumineuses et ses rampes d’accès, symbolise un pas vers une éducation inclusive. «Mes enfants n’auront plus à marcher une demi-heure pour rejoindre leur école. C’est un soulagement immense», confie Amina, mère de deux écoliers, en suivant du regard les ouvriers qui posent la grille d’entrée. À l’école Tabal Mohamed, quatre nouvelles classes se greffent à l’édifice existant. Plus loin, six classes supplémentaires viennent d’être achevées à l’école Yahiaoui Ammar.
Les enseignants, qui luttent depuis des années contre la surcharge des effectifs, espèrent enfin pouvoir souffler. «Avec 35 élèves par classe au lieu de 45, nous pouvons donner davantage de temps aux enfants en difficulté», explique un instituteur rencontré sur place. Dans la commune de Hassi Bounif, la croissance démographique impose l’urgence.
Autrement dit, des situations exceptionnelles exigent des mesures exceptionnelles. La délégation officielle, qui arrive dans cette direction , Hassi Bounif, commune jeune et dynamique où la pression démographique se fait amplement sentir. Les lotissements récents ont vu affluer des centaines de familles, mettant les écoles existantes à rude épreuve. Le nouveau groupe scolaire du quartier Mohamed Boudiaf se dresse fièrement au cœur de ce tissu urbain en pleine expansion. À quelques kilomètres, au CEM Chaâbani Ahmed, huit classes supplémentaires sortent de terre.
«Nous avions des classes surchargées à plus de 45 élèves, parfois même 50 enfants. C’était véritablement invivable», confie la directrice, soulagée. Elle ajoute avec un sourire en affirmant que «ces nouvelles salles, c’est une bouffée d’oxygène pour nos élèves et pour nos enseignants».
Bir El Djir : le pari des grands groupements
La délégation officielle se rend ensuite dans la commune de Bir El Djir, symbole de la croissance rapide d’Oran, localité située à l’est immédiat du chef-lieu de la wilaya d’Oran.
Dans les quartiers des 1 600 et 1 200 logements sociaux de Bendaoud et Sidi El Bachir, deux groupes scolaires prennent forme. Les grues s’élèvent dans le ciel, les maçons coulent les dernières dalles. Ces projets visent à désengorger les écoles saturées de cette commune qui continue une incroyable extension urbanistique.
Mais le pari le plus ambitieux réside dans la construction de deux lycées, le premier est dans le quartier des 1 201 logements Cosider alors que le second est au cœur des 2 000 logements sociaux Belgaïd. Ces deux établissements scolaires traduisent une vision tournée vers l’avenir. «Nos jeunes ne doivent pas être pénalisés par la distance. Ils doivent pouvoir étudier près de chez eux, dans des conditions modernes», insiste fermement le wali Samir Chibani à chacune de ses dernières sorties de travail consacrées exclusivement aux préparatifs pour la rentrée scolaire.
En parallèle, le lycée Talia Abdelkader bénéficie de quatre classes supplémentaires. Une extension modeste mais essentielle pour absorber les cohortes d’élèves de plus en plus nombreuses.
Oran ville: le progrès est perceptible
La dernière étape de cette longue tournée conduit la délégation de wilaya dans le cœur de la capitale de l’ouest, la ville d’Oran. Dans le quartier Ibn Rochd, l’école Fellah Abdelkader a été réhabilitée avec un objectif visé, accueillir les enfants atteints de trisomie 21. Les salles colorées, décorées de fresques pédagogiques, sont équipées de mobilier adapté.
«C’est une immense avancée. Pour la première fois, nos enfants auront un lieu pensé pour eux, où ils se sentiront compris et respectés», confie Nadia, mère d’un petit garçon de huit ans, les yeux embués d’émotion, saluant grandement cet acquis réalisé au profit d’une catégorie de société bien précise, les trisomiques. La visite se poursuit au CEM Ben Allal Mohamed, où cinq classes supplémentaires viennent d’être inaugurées. Au lycée Ahmed Ben Abderezak, deux salles flambant neuves sont déjà prêtes à accueillir les élèves.
Ces extensions ponctuelles complètent la stratégie d’ensemble se traduisant par la multiplication des infrastructures pour mieux répondre aux besoins.
Le compte à rebours
Partout, le constat est identique. Il s’ agit de ces extensions qui sont achevées dans leur totalité, mais les nouveaux groupes scolaires et lycées exigent encore quelques jours de travail. La date du 15 septembre agit comme une ligne rouge. «Nous avons donné des consignes strictes pour renforcer les équipes, accélérer les finitions, mais surtout veiller à la propreté. Les enfants doivent découvrir des écoles dignes, sûres et accueillantes», a martelé le secrétaire général de la wilaya, Fodil Laïdani.
Sur le terrain, l’effervescence est palpable. Dans une cour, un ouvrier plante un jeune arbre qui offrira bientôt de l’ombre aux élèves. Plus loin, des carreleurs posent les dernières dalles, tandis que des peintres appliquent une dernière couche blanche sur les murs. Le vacarme des marteaux et des perceuses résonne encore, mais déjà, on imagine le brouhaha de gaieté de ces plusieurs milliers d’enfants qui, d’ici quelques jours, prendront possession des lieux.
Une rentrée sous le signe d’espoir
Pour les parents, ces chantiers sont synonymes d’un espoir qui se concrétise. «Une école neuve, c’est plus qu’un bâtiment. C’est une promesse d’avenir pour nos enfants», explique Karim, père de trois enfants scolarisés dans la commune de Bir El Djir. Les enseignants, eux, attendent beaucoup de ces nouvelles conditions. « Moins d’élèves par classe, c’est plus de pédagogie, moins de bruit, plus de temps pour chacun», résume une professeure de mathématiques. Certains espèrent même que ces infrastructures modernisées contribueront à réduire le décrochage scolaire. Au fur et à mesure que la rentrée approche, Oran vibre d’une énergie particulière.
Dans les familles, les cartables sont prêts, les uniformes repassés, les cahiers alignés. Dans les chantiers, les ouvriers s’activent pour livrer à temps les chantiers qu’ils ont animés durant l’été. Les autorités locales, elles, multiplient les visites pour s’assurer que tout sera prêt. Ces efforts traduisent une seule conviction, l’éducation est au cœur du développement de la wilaya. Oran, ville en pleine expansion démographique, se dote ainsi des moyens nécessaires pour former ses futures générations. Et dans les cours encore silencieuses, bientôt résonneront les rires, les jeux et les rêves d’enfants.
Yacine Redjami