Réticences au changement et refus du progrès…
On se souvient de cet ancien wali d’Oran, Abdelkader Zoukh, qui avait pris un jour l’initiative de réunir tous les membres de l’exécutif de wilaya dans les studios de la radio El-Bahia afin «d’écouter et de répondre en direct aux coups de téléphone de quelques citoyens oranais voulant interpeller les autorités locales sur toutes les préoccupations ou des questions liées au développement local. Mais en réponse aux problèmes soulevés, souvent à travers des exemples précis pointant du doigt des sites urbains déterminés, les responsables de l’exécutif participant à l’émission se sont montrés plutôt habiles à esquiver les questions qui gênent et à ne faire étalage que des actions et des bilans jugés positifs. Riches en éloges à l’adresse de leur supérieur, certains responsables locaux avaient surtout brillé par les formules lapidaires et généralistes propres au discours populiste. Au final, ce présumé mode de communication et de «concertation» entre les pouvoirs publics et les citoyens ne pouvait en réalité qu’accentuer le doute et le pessimisme sur la crédibilité des engagements affichés par un pouvoir local aux ordres d’un ancien système perverti par la prébende et la corruption à tous les étages. Le logement, l’eau potable, l’électrification, l’environnement, les voiries, l’hygiène publique, le vieux bâti, les bidonvilles, les grands projets en cours, et bien d’autres dossiers importants étaient toujours coincés et pénalisés par le déficit de rigueur, de compétence et de sincère engagement dans la conduite des affaires publiques. A ce jour, beaucoup d’exemples peuvent illustrer l’ampleur du laxisme et des médiocres improvisations érigées en sublime mode de gestion d’une cité porteuse de grandes ambitions. La participation effective des habitants et l’implication réelle des usagers dans la gestion de leur ville et de leurs quartiers ne peut s’accommoder du seul habillage démocratique de façade qui ne fonctionne qu’au registre des slogans périmés et des campagnes tapageuses. Trop de dossiers en instance ne sont abordés qu’au rythme des promesses et des incertitudes mal cachées des gestionnaires de passage à la wilaya d’Oran. Rares, très rares sont en effet les anciens wali qui ont affiché une certaine volonté de rupture et de changement dans les pratiques de gestion des affaires locales et de prise en charge des préoccupations sociales. Il est vrai que bon nombre de responsables locaux ont souvent dénoncé les inepties dans la réalisation et le suivi des projets, les retards inadmissibles, les «erreurs» inexplicables et les carences injustifiées dans la gestion des grands dossiers de la ville et de la wilaya. Malheureusement, aucun d’entre eux ne pouvait s’engager ouvertement dans une stratégie sérieuse et efficace de gestion de la cité, d’organisation rationnelle des structures, d’amélioration du service public, de préservation de l’environnement, et de développement dans tous les domaines, sans se heurter aux pressions dangereuses d’un environnement hostile à toute forme de changement et de progrès.
Par S.Benali