Oran Aujourd'hui

Un pôle d’habitat à la dérive…

Petit rappel: Il y a quelques années, un ancien wali avait annoncé la réalisation du projet de «nouvelle ville d’Oran», wahran el jadida, disait-on, qui devait être implantée du côté de oued Tlélat. Et très vite les menaces sur le périmètre agricole irrigué de Mlata allaient soulever la colère des agriculteurs. Le projet a été donc délocalisé vers la commune de Misserghine et peu à peu réduit à la dimension de «nouveau pôle urbain» qui ne sera au final qu’un vaste espace d’habitat collectif baptisé « pôle Ahmed Zabana».
Aujourd’hui tout le monde peut constater ici l’ampleur des vicissitudes et des désagréments vécus au quotidien par les résidents de ces nouvelles cités, notamment les habitants location-vente du programme AADL qui ne cessent d’exprimer de temps à autre leur frustration et leur colère face à la dégradation permanente de leur cadre de vie. Aux défaillances de la municipalité dans ses missions élémentaires d’entretien et de nettoiement et de ramassage des déchets, s’ajoute le recul du civisme et des règles du vivre ensemble, créant ainsi toutes les conditions de clochardisation de l’environnement urbain propre au fameux syndrome de «la vitre cassée» qui n’est pas aussitôt remplacée.
A l’incivisme et l’insalubrité s’ajoute aussi l’insécurité ambiante gonflée par l’absence de postes de police, l’éclairage public défectueux ou inexistant, l’absence de dispensaire et de pharmacie, les problèmes de transport et de mobilité, l’insuffisance des structures scolaires, et de façon générale l’absence totale de tout ce qui est indispensable à l’animation sociale, sportive et culturelle dans cette zone urbaine qui compte déjà pas moins de 50 000 familles occupants autant de logements. Une zone qualifiée il y a quelque temps de future «ville intelligente» devant faire la fierté de la capitale oranaise. Mais les discours officiels et les promesses non tenues reflètent encore une fois l’incapacité du système de gestion à se débarrasser des entraves, des dysfonctionnements et des paradoxes qui pénalisent toute volonté de progrès et de changement. Samedi dernier en début de matinée un rassemblement de protestation de nombreux habitants au pôle urbain Ahmed Zabana a été organisé pour dénoncer les «promesses non tenues des autorités locales qui s’étaient pourtant engagées à améliorer leurs conditions de vie». Un poste de police qui devait être livré le 5 juillet se fait toujours attendre.
Des établissements scolaires programmés pour la prochaine rentrée sont toujours en chantier. Et les lycéens et collégiens de ces grandes cités parcourent des kilomètres à pied pour rejoindre un établissement bien surchargé à la commune de Misserghine . Comment prétendre impunément vouloir construire une «nouvelle ville» ou un «nouveau pôle moderne» quand on n’est pas en mesure de maîtriser les normes urbaines de fonctionnement élémentaire d’une petite collectivité? Ainsi va Oran…
Par S.Benali

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