L’absurde indifférence ainsi que la pagnoterie éprouvées à l’égard de la béotienne déperdition du prestigieux patrimoine d’Oran a lamentablement atteint son summum et ce, entre autres, à travers le risque imminent de dégradation de l’un des deux mythiques lions, trônant majestueusement sur le parvis de l’hôtel de ville, qui, lui aussi, fait peine à voir.
En effet, selon le constat établi de visu, l’un de ces deux lions glisse dangereusement depuis des mois au delà de la bordure de son piédestal et menace à tout moment de basculer sur le trottoir. Suprême ironie, ce piètre état de fait ne semble, en toute vraisemblance, pas inquiéter et encore moins susciter une quelconque réaction chez les responsables concernés par ce volet. Un ridicule outrancier, une ostentation criarde de l’impavide mépris et de l’abêtissement, qui refusent de donner leurs noms et pourrait ainsi fort probablement engendrer la perte cruelle de l’un des joyaux et illustre point de repère d’Oran, représentant tout un pan de l’histoire contemporaine. « Nous ignorons comment qualifier cette incartade, qui ne semble à priori pas tourmenter la conscience de l’esprit étriqué, n’ayant aucune notion sur la sauvegarde et la protection du précieux patrimoine de notre ville.
Cela dépasse tout entendement, nous avons l’impression que l’on s’en carne royalement l’oignon à ce propos » ont regretté d’un air morose et excédé d’anciens riverains farouches défenseurs du patrimoine, domiciliées depuis plus de quatre décennies dans les abords immédiats de ladite esplanade, qui ont pris attache avec notre journal pour dénoncer cette incongruité.
Nos interlocuteurs ont également tenu à signaler dans cette morbide foulée, avec un mélange de sarcasme et de sidération, ce qu’ils ont qualifié de « la dénaturation de la mythique esplanade du 1er novembre 1954, faisant face à l’Hôtel de Ville, qui a été entièrement recouverte d’un vulgaire carrelage, ressemblant à s’y méprendre à celui du bain maure ‘’Les Lions’’, situé dans le faubourg de la Ville Nouvelle et ce, malheureusement après avoir, toute honte bue, arraché des arbres plusieurs fois centenaires. C’est l’empreinte indélébile de la médiocrité, frisant l’aliénation ». Des déclarations, encore plus lourdes de sens, ont été formulées également à ce sujet par d’autres interlocuteurs, adeptes du beau, rencontrés sur les lieux en question.
Rachid Boutlélis