L’Algérie et la Libye sont désormais liées par une importante coopération dans le domaine de l’énergie électrique. Grâce au mémorandum d’entente conclu entre le groupe Sonelgaz et l’opérateur libyen Gécol, l’Algérie fournira de l’électricité à la Libye.
Les deux entreprises avaient déjà signé en décembre dernier un mémorandum d’entente. Les investissements prévus par Sonelgaz en Libye constituent une étape importante pour le groupe public dans sa démarche d’aller vers l’international.
Le PDG de Sonelgaz, Chahar Boulakhras, a détaillé, hier, les contours des contrats qui lient le groupe public avec les opérateurs libyens et la nature des investissements qui seront lancés à l’avenir dans ce pays voisin. La présence du groupe public en Libye «concrétise la vision stratégique globale de l’Algérie et consolide également la vision stratégique de Sonelgaz d’aller à l’international», a déclaré d’emblée M. Boulakhras, lors de son intervention sur les ondes de la chaîne III de la Radio nationale. Le responsable a précisé aussi qu’il s’agit «également d’une concrétisation opérationnelle des recommandations du dernier Forum algéro-libyen tenu le 29 mai dernier».
Dans le même contexte, M. Boulakhras a affirmé que l’accord de partenariat, signé en décembre 2020, entre Sonelgaz et Gécol à travers un mémorandum d’entente consolide la coopération énergétique entre l’Algérie et la Libye. «Je pense que nous avons mis les premiers jalons de la coopération entre les deux pays et entre les deux entreprises du secteur», a-t-il ajouté, précisant que ce projet va connecter l’Algérie à la Libye comme ce fut le cas avec le Maroc et la Tunisie. «Aujourd’hui, nous avons des interconnexions avec les pays voisins, à savoir la Tunisie et le Maroc et maintenant nous avons pris la décision de connecter l’Algérie à la Libye via la localité de Ghadamès (Libye)», a précisé le PDG de Sonelgaz.
Il a estimé que ce projet «est important à plus d’un titre dans la mesure où il permettra non seulement d’établir des échanges en matière d’énergie électrique, d’abord entre l’Algérie et la Libye, mais il consolide aussi la vision d’aller vers des interconnexions dans la région du Maghreb et de l’Afrique du Nord vers l’Afrique Subsahariennes, vers la méditerranée et les pays arabes, parce que la Libye est connectée avec l’Egypte qui ouvre la porte à la Jordanie. C’est l’un des projets sur lesquels nous travaillons». Interrogé pour savoir si l’interconnexion entre le réseau algérien et libyen via Hassi Messaoud à Ghadamès (Libye) est aujourd’hui effective ou elle est en cours de réalisation, le PDG de Sonelgaz a affirmé que ce projet, d’une distance qui oscille entre 520 et 530 km, est complexe et qui nécessite d’importants capitaux. Il a précisé que les études de faisabilité ont été lancées et avancent à bonne cadence. Les mécanismes de financements sont graduellement mis en place. C’est un projet qui prendra deux à trois ans.
M. Boulakhras, qui a qualifié de fructueuse sa visite la semaine passée en Libye, a affirmé que «ce projet d’interconnexion est un projet à moyen terme, mais nous avons aussi des projets à très court terme». Et d’ajouter : «Une décision a été prise, lors de notre visite, de renforcer la flotte de l’entreprise libyenne Gécol de turbines mobiles de plus de 265 mégawatts à partir du mois de juillet, car la Libye souffre encore de problèmes de délestages récurrents, et ce, malgré l’intervention des équipes de Sonelgaz sur la centrale de Khoms, près de Tripoli».
Dans le même sillage, M. Boulakhras a détaillé l’accord signé entre Sonelgaz et l’entreprise libyenne Gécol. «Une équipe d’une trentaine de techniciens, d’ingénieurs et d’experts de Sonelgaz travaille en Libye sur différents segments : le réseau haute-tension, la numérisation, la maintenance des centrales, la fourniture d’équipements et de pièces de rechanges algériens ; mais le Groupe Sonelgaz voit plus loin», a déclaré le responsable.
Pour ce qui est de la perspective d’internationalisation de Sonelgaz, le groupe public vise à élargir ses marchés de façon concrète, à travers notamment sa participation active dans les différentes organisations régionales et internationales du secteur de l’énergie. Sur ce point précis, le PDG de Sonelgaz a affirmé que la filiale Ifeg de Sonelgaz, à travers l’Association africaine de l’énergie, est présente dans 9 pays africains en termes de formation. M. Boulakhras a affirmé aussi que Sonelgaz travaille actuellement sur plusieurs marchés cibles, d’autant que «l’Afrique représente un fort potentiel. 640 millions d’Africains n’ont pas accès à l’énergie. Il y a des pays où le taux d’électrification ne dépasse pas les 14%».
Samir Hamiche