
Sous le signe de la mémoire et de la transition numérique : «L’archive est un pilier de la souveraineté nationale»
C’est dans une ambiance empreinte de solennité et d’intérêt historique que se sont ouvertes, à Oran, les activités officielles entrant dans le cadre de la semaine internationale des archives. L’événement a été marqué par la participation du directeur général des Archives nationales , Mohamed Bounama, et en présence du directeur des affaires civiles et du sceau de l’Etat au ministère de la Justice, Ahmed Ali Salah, des autorités locales et de plusieurs spécialistes.
Dans son discours d’ouverture, M.Bounama a insisté sur «la nécessité d’ancrer la culture du numérique dans la gestion des archives », soulignant que «le document d’archive n’est pas un simple objet conservé, mais un vecteur d’identité, un témoin de la mémoire collective et un enjeu stratégique majeur dans le contexte géopolitique actuel».
Il a mis en exergue la nécessité d’adopter «toutes les normes descriptives ainsi que celles liées aux métadonnées afin de pouvoir établir une vision et une stratégie unifiées pour la transformation numérique». M.Bounâama a également précisé que le secteur des archives «s’appuie sur les normes ISO 15489, ISO 30300 et ses séries, ainsi que l’ISO 9001 qui représente la norme de qualité en matière de production et de gestion, faisant ainsi des archives un enjeu central à l’échelle institutionnelle mais aussi géostratégique».Il a ausssi indiqué que « l’archive constitue aujourd’hui un pilier fondamental de la souveraineté nationale». Le choix porté sur la ville d’Oran pour domicilier cette célébration n’est pas anodin, a-t-il poursuivi, précisant que la ville, riche de plusieurs strates historiques, de l’époque ottomane à la période coloniale, jusqu’à l’édification de l’État post-indépendance, représente un véritable carrefour mémoriel et une plateforme idéale pour relancer le débat autour du rôle structurant de l’archive dans la construction nationale. Pour sa part, le wali d’Oran, Samir Chibani, a souligné que l’archive ne doit plus être perçue comme un ensemble de documents stockés dans des cartons, mais comme un patrimoine vivant à préserver, garant des droits et témoin de l’histoire. Il a mis l’accent sur l’importance de moderniser la gestion documentaire au niveau local, notamment dans les communes et les daïras, en assurant que l’État ne ménagera aucun effort pour soutenir les projets de numérisation et de formation continue dans ce domaine sensible. Le wali d’Oran a également salué la mise en service récente du Centre des archives de la wilaya d’Oran, situé à Bir El Djir, précisant que cette infrastructure de nouvelle génération répond aux standards internationaux en matière de conservation et de traitement documentaire, comblant les lacunes constatées dans les anciennes structures. La cérémonie d’ouverture a été marquée par un hommage appuyé rendu à plusieurs personnalités algériennes ayant contribué de manière significative à la préservation de la mémoire nationale et à l’évolution des pratiques archivistiques dans le pays dont le Professeur Abdelkader Abdelilah, le Professeur Lakhdar Amrani, Faouzia Fatima Khattir, le Professeur Mustapha Fouad Soufi, Raji Mohamed El Kebir, le Professeur Sellal Achour ainsi que la famille du défunt Redouane Aimad Thabet, Ces distinctions viennent reconnaître l’importance de leur apport scientifique et professionnel au rayonnement du secteur archivistique national et international. La manifestation s’est conclue par l’inauguration d’une exposition spéciale dédiée à la Semaine mondiale des archives, accompagnée de journées portes ouvertes au siège des archives de la wilaya d’Oran. Le public a pu y découvrir des documents rares, notamment des traités de paix, d’amitié et de commerce signés par l’Algérie avec des puissances étrangères, des archives datant de l’époque ottomane, ainsi qu’un parcours explicatif retraçant le cycle de vie des documents administratifs et les normes de conservation actuelles. La Direction générale des Archives nationales a réaffirmé à cette occasion son engagement à poursuivre la mise en œuvre d’une stratégie nationale ambitieuse de transformation numérique, visant à préserver durablement la mémoire de l’État et à rendre les archives accessibles, intelligibles et valorisées.
Yacine Redjami