«Tour du Châteauneuf» : après l’échec des initiatives d’aménagement, pourquoi pas la démolition ?
Bon nombre de commentateurs sur les réseaux sociaux, parmi eux des habitants de la ville d’Oran, ont suivi dimanche dernier les vidéos de la démolition par implosion de la célèbre tour Kennedy, située près de Lille au Nord de la France. Haute de 95 mètres, cette tour de 28 étages, condamnée par la présence d’amiante, a disparu du paysage en quelques secondes sous le regard admiratif des milliers de personnes évacués par précaution des habitations environnantes et qui ont rejoins leurs logements aussitôt après l’opération.
Cette grande tour si facilement démolie ne pouvait que susciter chez les commentateurs oranais certaines réflexions et lamentations sur le tissu urbain du centre ville d’Oran défiguré depuis cinquante ans par une carcasse de tour d’hôtel inachevé d’une quinzaine d’étages construite on ne sait pourquoi sur le grand site historique du Châteauneuf, à proximité du monument classé du Palais du Bey. Cette tour de béton, encore abusivement appelée par les Oranais «hôtel du Châteauneuf» a été cédée à l’APC d’Oran après l’échec de plusieurs tentatives de concession à un éventuel opérateur public ou privé.
Mais qui pouvait s’aventurer à investir sur cette carcasse de tour truffée de contraintes juridiques, administratives et techniques imposant des coûts exorbitants pour l’aménagement et l’ouverture de nouveaux accès, Selon des experts de la construction, l’édifice de béton de cet Hôtel inachevé, ne répondrai nullement aux standards internationaux actuels de la grande Hôtellerie, notamment en raison de la surface au sol très réduite et du site environnant empêchant toute possibilité d’extension par des aménagements de structures annexes, telles qu’une piscine ou des terrains de tennis. Cette «tour du Châteauneuf» ne pouvait donc plus devenir un hôtel de standing international susceptible d’intérêt pour un quelconque investisseur. En février 2004, l a commune d’Oran avait alors émis le désir de l’acquérir pour y aménager des locaux administratifs rassemblant différents services municipaux. Une idée vite contestée par des urbanistes locaux et des militants de la préservation du patrimoine; inquiets de l’intrusion incontrôlée du grand public sur le site historique du Châteauneuf.
La plus «célèbre des tours-carcasses du pays» implantée sur le territoire de la commune oranaise, ne trouvait donc aucune destinée, sauf celle de sa démolition revendiquée depuis par bon nombre d’Oranais. Mais à l’époque, il y a plus de trente ans, les techniques de démolition par implosion avec des charges explosives calculées pour des cassures d’armatures de piliers, n’étaient pas encore une technique courante et à bon marché.
Le coup d’une telle opération était exorbitant, ce qui n’est plus le cas de nos jours. La toute récente démolition de la grande tour d’habitat collectif de 28 étages à Lille à couté un peu moins de 5 millions d’euro, soit près de 800 millions de dinars. Un cout certes important, mais qui peut se justifier par là nécessité de lancer un grand et beau projet d’aménagement et d’embellissement du site urbain du centre ville aux alentours de la place historique du 1er Novembre.
Mais pour certains anciens décideurs, l’essentiel était de se débarrasser de ce dossier de la tour du Châteauneuf devenu encombrant, grâce à un transfert de propriété synonyme pour eux de transfert salutaire de responsabilité. Après l’échec des tentatives d’aménagement et d’intégration de la carcasse au tissu urbain central, pourquoi se demandent encore des observateurs avisés ne pas envisager un projet radical de… démolition de cette tour hideuse qui nargue le regard des Oranais et des visiteurs depuis déjà un demi-siècle.
Ne dit-on pas souvent «aux grands maux, les grand moyens»? Un adage qui convient bien à l’opinion oranaise lassée par certaines insuffisances et lacunes de gestion du territoire local encore truffé d’inepties et de malfaçons.
Par S.Benali