EDITO

Tout reste fragile

La Syrie est encore loin d’être un pays tout à fait pacifié. Le nouveau régime n’a pas réussi à apporter cette paix qui fuit le pays depuis de longues années où la guerre a marqué le quotidien des Syriens depuis 2011. Les divisions sont toujours là, et rien ne dit que le plus dur est derrière ce pays meurtri.
L’accélération des derniers événements depuis jeudi dernier et les affrontements entre l’armée et des rebelles alaouites a fait un nombre impressionnant de morts. Les images des télévisions internationales où on voyait des centaines de cadavres jonchant le sol rappelaient les tristes images de la longue guerre civile qui a secoué le pays. Il faut dire que les services de sécurité des nouveaux maîtres de Damas n’ont pas fait dans la dentelle face à ce qui est qualifié de dernier bastion de la rébellion alaouite dont, pour rappel, est issu l’ancien président déchu Bachar el-Assad.
Dans leurs premières réactions, les nouvelles autorités ont déclaré qu’ordre a été donné de «ramener l’ordre» à Jablé, Tartous et Lattaquié. Un responsable de la sécurité à Lattaquié a asséné «nous affirmons notre engagement total à protéger la paix civile et à garantir la sécurité de tous les citoyens, et il n’y aura aucun laxisme». Selon plusieurs ONG, le nombre des tués a atteint 1018 morts, dont plusieurs civils.
La Syrie, malgré l’accalmie qui a suivi l’entrée triomphale à Damas, le 8 décembre 2024, de la coalition islamiste emmenée par Hayat Tahrir al-Sham et son chef Ahmed el Charaa, et la fuite de Bachar el-Assad et son refuge à Moscou, est loin d’avoir atteint la stabilité nécessaire, puisque les menaces sont nombreuses, avec en premier les provocations sionistes qui, en plus d’avoir fait main basse sur une bonne partie des territoires syriens, menacent de recourir à la violence invoquant différents prétextes. L’autre menace est celle des groupes armés extrémistes de Daech et d’al Qaïda qui guettent toujours la moindre occasion pour revenir sur la scène.
L’autre grand dilemme du président par intérim Al Charaa, c’est que ses troupes sont loin d’être un ensemble homogène, puisque constituées de plusieurs factions dont certaines ont leur propre vision de l’exercice du pouvoir qui ne reconnaît que les forts du moment et ignorent les droits des minorités, ce qui à terme menace la cohésion du nouveau gouvernement et fait redouter des scissions qui pourraient se terminer dans la violence. Le Syrie, pour tout dire, est loin d’être sortie d’affaire.
Par Abdelmadjid Blidi

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