Un communiqué du ministère des Affaires étrangères l’annonce : l’Algérie impose le visa d’entrée pour tous les ressortissants étrangers détenteurs de passeport marocain
Le MAE souligne que le personnel du renseignement sioniste a usé, avec la complicité de Rabat, de la non obligation de visas entre les deux pays, «pour accéder librement au territoire national».
L’Algérie impose le visa d’entrée dans son territoire aux ressortissants marocains. Le ministère des Affaires étrangères qui a annoncé cette décision dans un communiqué rendu public, l’explique au regard de considérations sécuritaires. Tout en affirmant les «valeurs de solidarité tissées par les liens humains et familiaux qui unissent les deux peuples frères, algérien et marocain», le communiqué du MAE souligne que le royaume du Maroc profite «du régime d’exemption des visas», pour se livrer «à diverses actions attentatoires à la stabilité de l’Algérie et à sa sécurité nationale». Ces actions se font sous la forme d’«organisation à grande échelle, de réseaux de crime organisé, de trafic de drogue et d’êtres humains, de contrebande, d’immigration clandestine», révèle le ministère des Affaires étrangères dans son communiqué. Celui-ci adjoint d’autres griefs, à l’image «d’actes d’espionnage, ainsi que le déploiement d’agents de renseignements sionistes, détenteurs de passeports marocains».
Le MAE souligne que le personnel du renseignement sioniste a usé, avec la complicité de Rabat, de la non obligation de visas entre les deux pays, «pour accéder librement au territoire national». Le MAE est catégorique à ce propos : «Ces actes constituent une menace directe sur la sûreté nationale de notre pays et imposent un contrôle ferme et strict de tous les points d’accès et de séjour en territoire national». La même source a précisé auparavant que «lors de la décision de rupture des relations diplomatiques avec ce pays, en août 2021», l’Algérie avait pris la décision «de remettre en question la liberté et la fluidité de la circulation des personnes», note la même source. «Le Royaume du Maroc est tenu pour seul responsable de l’actuel processus de dégradation des relations bilatérales par ses agissements hostiles à l’Algérie», conclut le communiqué du MAE.
La décision algérienne qui intervient quelques semaines après le démantèlement, à Tlemcen, d’un réseau d’espionnages composé de 3 Marocains, met à nu les intentions du Makhzen. Ce dernier semble n’avoir d’autres préoccupations que de déstabiliser l’Algérie. Il s’est lancé dans cette entreprise suspecte, avec l’aide de l’entité sioniste, au moment où en interne, le pays court vers sa perte, avec un endettement record, une importante baisse du niveau de vie et une explosion du chômage des jeunes. Celui est comparé par les observateurs à une véritable «bombe à retardement». Le taux de chômage parmi les jeunes (15-24 ans) est passé de 46,1 à 48,8% entre le deuxième trimestre 2023 et 2024. C’est un chiffre documenté, révélé par les plus hautes autorités de ce pays. Selon le gouverneur de la Banque centrale du Maroc, cet état de fait est la conséquence directe de la régression qu’a connue l’économie marocaine, particulièrement le secteur de l’agriculture. «L’économie nationale a perdu 82.000 emplois au deuxième trimestre 2024, la plupart dans le secteur agricole en raison de la sécheresse et du changement climatique», a indiqué le même responsable.
A rappeler que des dizaines de milliers de jeunes marocains avaient pris d’assaut ces derniers jours les enclaves espagnoles, notamment Ceuta, à partir de la ville frontalière de Fnideq. En effet, des vidéos diffusées par des militants marocains et des médias locaux ont montré les forces de sécurité à Fnideq (nord du Maroc) pourchassant de jeunes migrants clandestins en quête d’une vie meilleure sur l’autre rive après avoir tenté vainement de vivre dignement dans le Royaume. Selon des médias locaux, de nombreuses familles marocaines se sont rendues, tard dans la soirée de dimanche, au point de passage terrestre pour rechercher leurs proches et s’enquérir de leur sort, se demandant s’ils étaient dans des postes de police, s’ils avaient été déportés vers d’autres villes, ou s’ils avaient réussi à traverser, alors que des dizaines de jeunes continuaient de se cacher dans les montagnes attendant le moment opportun pour franchir la frontière.
Nadera Belkacemi