Oran

Le foncier à Aïn El Türck:
Un contentieux difficile à démêler

Loin de nous, l’intention de vouloir, dans cette édition, dépoussiérer à nouveau le dossier du foncier à Aïn El Türck et les scandales qui l’ont, des décennies durant, caractérisé, en revanche celui du contentieux , notamment celui afférent à la zone d’extension touristique ( ZET) de Cap Falcon, ne peut être ignoré à l’heure où Etat et gouvernement, s’attèlent à tenter de récupérer le moindre centiare afin d’essayer de revivifier,
sur le plan de l’investissement, un secteur moribond, à savoir celui du Tourisme.

Si le secteur du tourisme a été meurtri à Aïn El Türck, pour ne parler que de cette zone à vocation balnéaire, c’est parce que toutes les projections, planifiées et conçues du temps où la trésorerie pouvait encore le permettre, ont été enterrées pour au moins, deux raisons principales, à savoir, la bureaucratie et la spéculation. La bureaucratie, ou la lenteur bureaucratique, a constitué, dans le cas de la ZET de Cap Falcon dont le montage était du ressort de l’agence de régulation foncière d’Aïn El Türck, le premier maillon dans le processus ayant ouvert la voie à la spéculation. L’incapacité de l’agence foncière à procéder à la régularisation juridique des assiettes foncières lors de leurs acquisitions par les investisseurs, aura pour conséquence de créer un climat de suspicion et de perte de confiance qui verra cet ambitieux programme d’ensembles hôteliers de haute facture, dépérir et surtout faire fuir les honnêtes et véritables investisseurs d’alors qui croyaient dur comme fer en leur projet de transformation de la région en un véritable pôle touristique.
Mais il fallait compter sans la corruptibilité des loubars de l’administration locale, de celle de certains banquiers véreux détenteurs du sésame des crédits bancaires, d’élus locaux roublards sentant la voie royale de l’enrichissement s’ouvrir devant eux et d’un tas de courtiers et d’opportunistes. De nombreux investisseurs, du moins les plus honnêtes d’entre eux, ont baissé les bras et abandonné toute résistance face à une telle violence de férocité et une administration bureaucratique qui ne leur laissait le choix que de continuer à s’embourber dans un contentieux juridique sans fin, puisqu’il fallait attendre un transfert du foncier agricole vers celui touristique ou quitter le navire. Quelques rares investisseurs vont s’accrocher à leur projet et lutter contre l’ogre.
Pendant ce temps, les bureaux d’études dévorent des centaines de millions de dinars pour des projets qui ne naîtront jamais. Alors que l’Algérie traversait une des décennies des plus sanglantes de son existence, la spéculation battait alors son plein, la période étant très propice pour faire des affaires, caché du regard, les assiettes foncières changeaient de main carrément chaque jour, des fortunes se construisaient, marquant ainsi la naissance de la race de prédateurs du foncier que l’enrichissement a propulsé à des statuts d’aménageurs, d’élus locaux, etc.
L’appétit, devenant ainsi vorace et insatiable, tout mètre carré, est convoité, enchéri, détourné. Plus d’un millier d’habitations individuelles, réalisées dans la partie haute de Bouisseville, sous le couvert de trois coopératives immobilières non agréées jusqu’à aujourd’hui, font l’objet d’un contentieux juridique qui traîne depuis plus de 20 ans, maintenant. Et comme si un malheur à lui seul ne suffisait pas, la naissance d’îlots entiers de constructions illicites réparties un peu partout dans la ville, complique la situation, car le peu d’espace foncier encore disponible et sur lequel, devait se faire la révision du PDAU « Aïn El Türck 2030 », n’existe plus, puisque même les zones de servitude ont subi la razzia.
Ceci pour le coté cour. Coté jardin, il y a ces milliers de demandes de régularisation introduites par des citoyens dans le cadre de la loi de régulation foncière, la fameuse, « Loi 08/15 », qui attendent depuis des années d’être traitées. La lenteur ou le retardement dans le traitement de ces dossiers, comme l’expliquera un expert, rendent les situations encore plus complexes à démêler pour créer des contentieux juridiques de plus en plus embrouillés et compliqués. Il suffit, pendant cette période de flottement, qu’un parent ou un ayant droit décède, et au dossier de virer vers une nouvelle situation juridique plus aggravée. Il y a lieu de souligner qu’Aïn El Türck se trouve être la circonscription territoriale où le traitement du dossier du foncier avance le moins comparativement aux autres circonscriptions de la wilaya d’Oran. Mystère et boule de gomme !
Karim.B

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