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Une dégression de 20 à 30 % des prix de l’immobilier à Oran:
Un coupable : la pandémie !

Le bouleversement connu depuis ces trois ou quatre dernières années dans le marché de l’immobilier à Oran a pris à contre-pieds nombre d’intervenants. Une chute cinglante dans les prix des produits immobiliers, estimée entre 20 et 30%, a laissé groggy moult promoteurs immobiliers et agences de courtage. La pandémie de 2019 et la fermeture des frontières, sont les coupables toutes désignées de cet état de fait.

Aussi paradoxal que cela puisse paraître, contrairement au marché de l’automobile qui a flambé dès le début de la crise sanitaire, celui de l’immobilier a failli s’effondrer en affichant sa plus faible baisse jamais constatée. Le marché est devenu presque fantomatique, les ristournes et les remises sur les produits immobiliers généralement limitées à 06 ou 07%, sont rapportées jusqu’à 20 et 30%, sans grande conséquence.
Le client est quasiment invisible, voire introuvable. La densité des transactions immobilières s’est drastiquement affaiblie chez les agences de courtage, avec une répercussion directe sur le chiffre d’affaires habituel. Les promoteurs immobiliers peinent à courtiser une clientèle devenue subitement indécise. L’offre et la demande s’échangent désormais les rôles. Beaucoup de produits immobiliers sur le marché pour peu d’acheteurs. Tel est le constat dont se plaignent les marchands immobiliers, devenus par le temps, assez gourmands et dont la main mise sur le marché a été, des années durant, impériale et sans partage. Heureusement que l’intervention de l’Etat avec ses différents programmes de logements réalisés ou en cours, est là. Certes, le marché de l’immobilier à Oran n’est pas à 100% paralysé, sauf que c’est désormais le client qui en dessine le contour. Ce client, c’est aussi la communauté nationale émigrée, qui constitue une part de marché essentielle et importante des promoteurs immobiliers et des agences immobilière. Une clientèle de choix qui a fait défaut ces dernières années en raison de la fermeture des frontières dans le cadre du plan de lutte contre la pandémie. « Le bâtiment va quand les émigrés achètent », s’amuse à dire gentiment un agent immobilier installé dans une station balnéaire qui souligne la descente aux enfers de l’activité depuis l’apparition de la crise, non sans pouvoir expliquer pourquoi le marché de l’automobile flambe alors qu’il y a crise et celui de l’immobilier chute. La perte sur un appartement de Type T 3 à Haï Akid Lotfi, explique ce dernier, se situe entre 2 et 3 millions de Da. Dans ce quartier, d’ailleurs toujours prisé par la population oranaise et nationale, la dégringolade des prix est l’une des plus spectaculaires enregistrée ces derniers temps.
Et malgré cette baisse, peu de transactions s‘opèrent, seuls quelques opportunistes font des placements, dans l’espoir de les rentabiliser à l’avenir. S’il est vrai aussi que la crise sanitaire mondiale a plus impacté les petites bourses que les riches, il n’en demeure pas moins que l’immobilier « haut standing » à Oran n’a pas échappé à son tour à la tornade.
La marge de perte peut paraître importante pour les promoteurs immobiliers qui ont tenté un coup de force publicitaire forcené pour placer leurs produits tout en révisant à la baisse leur tarification au mètre carré, la fracture était là et y est encore à l’heure actuelle, toutefois, la tornade n’a pas conduit tout ce beau monde à la banqueroute, ni à l’asphyxie d’ailleurs. Le «haut standing » continue, tout de même, crise ou pas, et sans vouloir nous contredire, à trouver acquéreur.
En tout état de cause, et si finalement, cette décrue dans les prix des produits immobiliers n’est qu’un juste retour des choses à la normale ? Qui sait ? Le marché informel, ponctué par une crise du logement, avait façonné la grille tarifaire de l’immobilier à Oran, ville ayant connu l’un des plus grands exodes de son histoire et devenue l’une des plus chères en Algérie, après la capitale, Alger. Rattrapé par la réalité, peut-être que l’heure a sonné pour ce secteur afin de se réorganiser en instaurant des mécanismes de régulation à même de lui permettre à l’avenir d’éviter pareille crise. L’immobilier demeure tout de même un des vecteurs déterminants dans le développement économique d’une région.
Karim Bennacef

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