Un relâchement inquiétant
Les chiffres donnés quotidiennement par le conseil scientifique chargé du suivi de la pandémie du coronavirus sont toujours en dessous des 200 cas, alors que le nombre des décès ne dépasse pas les 5 par jour. Des chiffres rassurants qui ont poussé les autorités publiques à alléger de manière remarquée les restrictions observées jusque là avec l’ouverture de la quasi totalité des commerces, des lieux de sport, de la reprise de tous les moyens de transport à l’exception de ceux vers l’étranger puisque les frontières restent toujours fermées à ce jour. Une situation qui donne cette impression que la vie a repris son cours normal au point de croire que nous sommes presque revenus à la vie d’avant. A cela, il faut ajouter que l’Algérie a commencé sa campagne de vaccination depuis la fin du mois de janvier dernier avec l’arrivée de trois vaccins différents. Enfin, à première vue, nous avons là tous les ingrédients de la sortie de crise. Mais, c’est peut être là le piège qui nous guette et qui nous guettait depuis le début de la crise sanitaire. Car face à tous ces développements et à toutes ces décisions, les citoyens ne sont plus devant une simple impression mais face à une conviction. En effet, une grande majorité des Algériens semblent, malheureusement, convaincus que le coronavirus fait désormais partie du passé. Ils en sont tellement convaincus qu’ils ont décidé de «se débarrasser’ de tous les gestes barrières. Fini le masque, fini la distanciation physique, fini le lavage des mains. La légèreté a pris le dessus sur la précaution. On se sert la main, on s’enlace, on s’entasse dans les transports, on se pousse dans les lieux de commerce, on s’entremêle dans les bureaux de poste, dans les restaurants et les cafés les postillons voyagent allègrement, et on a même droit à des cortèges de mariages en plein centre-ville, et le bouquet final a été atteint avec la reprise des marches populaires, où on crie face contre face et sans bavette. Pour résumer, on est revenu aux habitudes d’avant mars 2020. L’autre jour, dans un radio-trottoir, sur les ondes de la radio nationale, les déclarations de citoyens interrogés font froid au dos. Certains diront même avec forte conviction : « le virus c’est fini. Un an c’est beaucoup et aucun virus ne reste un an». Voilà où en est, malheureusement, aujourd’hui la conviction de beaucoup de citoyens. Un relâchement que nous payerons forcément dans les jours et les semaines à venir. Et ce n’est pas la lente et timide campagne de vaccination qui pourra changer ce qui semble inéluctable. Il est urgent de se ressaisir et de changer de comportement avant de voir la situation échapper à tout contrôle, d’autant plus que des sources sûres avancent la détection en Algérie de cas de variants anglais du virus qui est, pour rappel, 70 % plus contagieux.
Par Abdelmadjid Blidi