Autrefois réputé pour sa double vocation agropastorale à l’image entre autres, des luxuriantes rangées d’arbres fruitiers d’une large variété, qui s’étendaient à perte de vue dans ses prestigieux paysages, le village de Gueddara, dépendant administrativement de la municipalité d’El Ançor, qui est niché aux confins d’une zone frontalière délimitant la daïra d’Aïn El Turck à celle de Boutlélis, a perdu insidieusement sa vocation initiale.
Pourtant rien ne prédisait une sordide situation de déperdition de ce village dix ans auparavant lorsqu’il a été ciblé par des aménagements et la réalisation de plusieurs projets d’utilité publique, qui ont suscité à cette époque l’approbation de sa population. En effet, notons que l’opération d’installation du gaz naturel dans les foyers dans ce village a figuré parmi les projets de cette époque vivement salués par les villageois, qui étaient auparavant durement confrontés au calvaire de l’éprouvant parcours du combattant pour s’approvisionner en bouteilles de gaz butane, notamment durant la période hivernale. Selon le dernier recensement, ce village à vocation agropastorale, qui s’étend au pied de la montagne Murdjadjo, abrite environ un peu plus de 1 500 âmes, dont la majorité sont des agriculteurs, qui exploitent plus particulièrement la culture maraîchère ou l’élevage des ovins et de bovins.
Il importe de noter que lors d’un aménagement opéré en 2018, un apport d’un montant de 5 ,5 milliards de centimes a été dégagé pour financer les travaux d’un projet de restauration de la voirie. Depuis, la chaussée des rues s’est lamentablement dégradée, en raison de l’absence d’entretien et ce, au grand dam des usagers demeurant dans ce village. Il convient de noter aussi que lors de cet aménagement, ayant été mené dans le cadre de l’amélioration du cadre de vie de la population, le réseau d’assainissement et d’alimentation en eau potable, qui faisait grand défaut dans ce village, a été complètement rénové. Dans cette même optique, signalons aussi qu’une enveloppe d’un montant de 8 millions de dinars a été nécessaire pour la réalisation d’un stade pour les jeunes et moins jeunes habitants de ce village.
Il y a lieu de rappeler également dans ce registre la réalisation à cette même époque, d’une annexe de l’APC dans ce village, qui a été d’un grand secours pour les administrés, ayant été des années durant dans l’obligation d’effectuer le déplacement d’une distance de près de 10 kilomètres pour se rendre à la mairie d’El Ançor et ce, dans le but de retirer un simple acte d’État civil. « Nous étions en plus confrontés à la criarde absence de véhicules de transport, assurant la navette entre notre village et la municipalité d’El Ançor. Nous étions ainsi dans l’obligation de solliciter pour ce besoin les services d’un taxieur clandestin, ce qui n’était toujours pas évident » a évoqué un villageois de Gueddara abordé à ce sujet Des déclarations similaires ont été formulées par d’autres interlocuteurs, qui ont tenu à faire remarquer avec amertume « que l’incivilité a réussi depuis à faire basculer notre village dans une situation de déliquescence encore pire que celle d’avant.
Les farouches opposants du beau ne sont pas allés du dos de la cuillère pour embourber notre village dans le médiocre. ». Cependant, selon le constat, la population jeune de ce village semble à priori livrée à elle-même et ce, en l’absence d’offres d’emploi et autres débouchées à même de la faire sortir du regrettable désœuvrement. En effet, l’oisiveté y est visible à travers ces nombreux jeunes et moins jeunes errant sans but précis. « Nous ne sommes pas encore prêts de sortir de l’exécrable ornière du chômage. L’avènement de la pandémie du Covid-19 avec les restrictions sanitaires, que nous jugeons sensés et incontournables, ont été durement éprouvés par nous autres. Mais à quelque chose malheur est bon » ont fait remarquer de jeunes interlocuteurs, des villageois reconvertis en vendeurs ambulants de fruits et légumes, dans cette contrée aux multiples facettes.
Rachid Boutlélis