Alors que les conséquences du stress hydrique commencent à se faire sentir par les ménages depuis le début de l’été, les autorités ont multiplié les actions visant à garantir une alimentation en eau potable plus ou moins régulière.
Face à cette situation qui n’est pas exclusive à l’Algérie, le cap est désormais fixé : basculer davantage vers le dessalement des eaux de mer pour compenser les quantités qui parviennent des barrages, souvent conditionnées par les taux de pluviométrie. Ainsi, les autorités prévoient d’assurer les besoins de la population d’ici 2030 à partir de l’eau de mer dessalée.
C’est ce qu’a annoncé, hier, le secrétaire général du ministère des Ressources en eau, Ismail Amirouche, lors de son intervention sur les ondes de la chaîne III de la Radio nationale.
Le recours aux eaux de dessalement de mer est une alternative décidée par les autorités pour remédier aux conséquences du stress hydrique, a précisé l’invité de la chaîne III, affirmant que l’objectif fixé dans la stratégie tracée en la matière est d’atteindre un taux de production de 50 % d’eau potable à partir de l’eau de mer dessalée à l’horizon 2030. Parmi les efforts consentis pour encourager davantage le passage vers cette alternative, M. Amirouche a rappelé les projets lancés au niveau de la capitale depuis mars dernier.
Il s’agit «des projets de réalisation rapide de trois stations de dessalement de l’eau de mer qui ont été mis en œuvre depuis mars dernier pour les besoins des populations d’Alger et une autre station destinée pour la wilaya de Tipaza», détaille-t-il. M. Amirouche a avancé des chiffres quant aux capacités de ces projets en termes de dessalement des eaux de mer. Il évoqué en premier lieu la réalisation d’une station monobloc à Zéralda dotée d’une capacité de 10.000 m3/jour, d’une deuxième station prévue à Palm Beach pour une capacité de 5.000 m3/j et d’une troisième station qui sera réalisée à Ain Bénian pour 10.000 m3. Pour la station prévue dans la wilaya de Tipaza, elle sera implantée à Bou-Ismail et dotée d’une capacité de traitement de 10.000 m3/j. Il a précisé que les travaux avancent «très bien» et la mise en service de la station Palm Beach est fixée entre le 15 et 20 juillet de l’année en cours. «Les travaux avancent très bien et nous devons mettre en service la première station monobloc de Palm Beach entre le 15 et 20 juillet prochain, ce qui permettra de régler le problème de manque d’eau au niveau de cette région», a-t-il rassuré.
Il a annoncé dans le même contexte le lancement cette semaine de trois nouvelles stations de dessalement de type monobloc. Elles seront lancées dans les localités de «Bateau cassé» (commune Bordj El Kiffan) d’une capacité quotidienne de 10.000 m3, une deuxième station de traitement de 60.000 m3/j à la commune d’El Marsa, tandis que la troisième est prévue au niveau de la commune de Corso (Boumerdès) ayant une capacité de 80 000 m3/j. S’agissant du financement dont beaucoup de projets rencontrent des difficultés sur ce volet, M. Amirouche indique que les banques y seront impliquées. Il a ainsi précisé que les financements de ces projets sont en train d’être mis en place par les banques concernées avec l’entreprise Algerian Energy Compagny (AEC), relevant du ministère de l’Energie et des mines.
Pour ce qui est du délai de réalisation et les capacités de ces trois nouvelles stations, le SG de la tutelle a affirmé que la réalisation de ces projets, dont les délais sont estimés de 4 à 10 mois, vont permettre de produire une quantité totale de 150.000 m3/jour, soit plus d’un quart des eaux de surfaces exploitées pour couvrir les besoins de la capitale.
Outre la réalisation des nouvelles stations annoncées par le SG du ministère des Ressources en eau, les autorités prévoient de relancer un autre projet. Il s’agit du projet de réalisation de la station de dessalement de Fouka (Tipaza) de 300.000 m3/jour qui devra garantir une autonomie en matière de ressources en eau pour la capitale de ne dépendre que de 25 % des eaux de surfaces. M. Amirouche a affirmé que l’appel d’offres de ce projet qui avait été lancé en 2018 est en cours de relance par les services du ministère de l’Energie, a-t-il mentionné ajoutant qu’une quantité de 200 000 m3/j sera destinée pour Alger et 100.000 m3/j pour la wilaya de Blida. Hormis la prise en charge du dossier de l’alimentation en eau du Grand Alger, d’autres projets concernant plusieurs parties du pays ont été annoncés par M. Amirouche. Il a fait savoir qu’à l’échelle nationale, il est prévu selon le responsable du ministère des Ressources en eau la réhabilitation de la station de dessalement de Souk Tlata (Tlemcen) qui est à l’arrêt depuis octobre 2019 et la réhabilitation de la station d’El-Magtaa (Oran) afin d’atteindre une capacité totale de traitement de 500.000m3/j au lieu de 250 000 actuellement.
Il a aussi annoncé la réalisation d’une nouvelle station de dessalement au niveau de Cap Djenet dotée de 200.000 m3/j pour renforcer l’alimentation de la partie est d’Alger et une partie de la wilaya de Tizi Ouzou.
Pour ce qui est de l’Est du pays, le SG cite le projet de réalisation d’une nouvelle station (300.000 m3j) pour assurer les besoins de trois wilayas (Annaba, El Tarf et Guelma), précisant que ces nouvelles stations viendront renforcer le parc de 11 stations déjà opérationnelles au niveau national.
S’agissant du budget que nécessitent les stations annoncées, M. Amirouche a affirmé que le coût global de financement de ces projets dépassera, le montant de 150 milliards DA, affirmant que le programme de la wilaya d’Alger à lui seul a nécessité un budget de 40 milliards de DA.
Samir Hamiche