La guerre, le pétrole et le nouveau monde
L’expression est malvenue compte tenu du contexte dramatique qui a cours en Europe de l’est, mais l’expression «Le malheur des uns fait le bonheur des autres», peut s’appliquer à ce qui se passe sur la scène énergétique en écho à la guerre d’Ukraine. C’est ainsi que le malheur des pays consommateurs qui devront serrer la ceinture et prévoir des scénarios terribles pour leurs économies, fait immanquablement le bonheur des pays producteurs, qui , bien malgré eux, tirent profit de cet épisode de violence, qui risque de basculer dans l’irréparable. Même si traditionnellement et tous les économistes le savent, ce n’est pas la baisse du prix du brut qui participe à booster l’économie mondiale, mais plutôt le contraire. On pourrait donc s’en féliciter, sauf que ce qui se déroule sous les yeux de l’humanité amène à s’attendre au pire. Il est vrai que l’Algérie ne souffrira pas immédiatement de la conjoncture actuelle, mais la persistance de la guerre aura des effets pervers sur l’ensemble des économies de la planète, dont la nôtre. Il faut savoir, à ce propos que le dynamisme des principales poches de croissance qui traditionnellement provoque la hausse de l’or noir sur les places boursières internationales, subit déjà de plein fouet l’impact de la guerre. Lequel impact sera terrible sur les pays pauvres, où on y annonce déjà des émeutes de la faim et une grande famine à plus ou moins court terme.
Disons-le donc clairement, même vu par la lucarne d’un pays producteur de pétrole, la hausse des cours de l’or noir n’arrange personne en définitive. Les seuls bénéficiaires, ce sont ceux qui vont rafler la mise de la course à l’armement. Ainsi, le complexe militaro-industriel américain, en passe de recevoir plus de 100 milliards de dollars de la part de l’Allemagne, se frotte déjà les mains dans la perspective d’un retour à une sorte de guerre froide où chaque camp dépense sans compter dans les approvisionnement en matériel militaire lourd et excessivement cher. En attendant, les marchands d’armes raflent déjà des centaines de millions de dollars de commande occidentale destinés à l’armée ukrainienne.
La guerre en Ukraine et ses effets sur le marché pétrolier et gazier annonce immanquablement un nouvel ordre géopolitique mondiale. Les Occidentaux ne laisseront aucune chance aux pays «récalcitrants» ayant la garde baissée. C’est dire que nous ne sommes pas sortis de l’auberge et que la nouvelle « guerre froide » connaîtra d’autres épisodes. Attendons-nous donc à d’autres «révolutions» qui ne seront que la partie apparente d’un Iceberg qui fonce sur tous les pays qui voudront sauvegarder leurs indépendances. Le non-alignement est la meilleure posture pour l’Algérie. Mais le dire seulement n’arrange pas forcément les choses.
Par Nabil.G