En cette fin de semaine poussiéreuse à outrance, résultant d’un vent de sable, qui a soufflé ces dernières 24h, teintant les paysages d’un ocre sale, le tournis, enfanté par la subite envolée des prix des produits alimentaires de première nécessité et l’affligeante tension sur d’autres à large consommation, a donné le vertige à la ménagère et les habitués du marché communal des fruits et légumes d’Aïn El Turck.
C’était prévisible en cette veille du mois sacré de tolérance et de piété, mais pas à un tel point. Les modestes bourses seront dans l’incapacité, en termes de moyens financiers, de garnir convenablement leur table d’un strict minimum. La spéculation semble à priori avoir encore de beaux jours devant elle et ce, à nos dépends fort malheureusement » a déploré, avec une pointe de dépit non dissimulée, un père de famille smicard, au visage sillonné par des rides, laissant apparaître des signes indiquant un caractère trempé par une vie de peines et d’indigence, avant de renchérir avec amertume « Il me sera pénible d’acheter de temps à autre des gâteaux de sucreries durant le ramadhan, il me faudra péniblement m’en passer ».
Le même son de cloche s’est fait entendre chez d’autres interlocuteurs abordés par notre journal à propos de ce sujet sensible. Toujours est-il que l’ insidieuse envolée unilatérale des prix de produits à large consommation, qui a commencé à se manifester ces derniers temps, a fini par atteindre l’insensé dans les communes côtières de la daïra d’Aïn El Turck et ce, en violation des règles élémentaires en vigueur, relatives au code du commerce, Ce répréhensible est relevé entre autres chez les marchands, installés dans le sordide et exigu marché communal du chef lieu de daïra d’Aïn El Turck. L’informel, qui s’est approprié de larges espaces au sein de ce souk et ses abords immédiats, semble également profiter de cette aubaine, en imposant sa présence et ses prix au même titre que les autres commerces autorisés. Certains de ces derniers n’ont cependant pas hésité à se reconvertir illégalement dans une activité, de manière illicite, encore beaucoup plus rémunératrice.
« Ces commerçants nous font subir une véritable saignée. Les prix d’un seul produit et de surcroît de la même qualité, diffèrent d’un magasin à un autre. C’est aberrant et condamnable ! Nous nous demandons s’il existe vraiment des contrôleurs dans ce secteur névralgique. C’est un secret de polichinelle pour tous que l’huile de table est vendue sous le manteau tandis que le sachet de lait est fourgué tôt le matin par des revendeurs à la sauvette. Nous avons l’impression que les concernés par ce piètre volet s’en carnent royalement l’oignon de cette situation incongrue » ont regretté d’autres interlocuteurs. En effet, selon le constat relevé chez des établissements de commerce essaimés à travers la municipalité d’Aïn El Turck, les prix des légumes secs, qui ont, en plus, connu une subite envolée, ne sont nullement alignés. Chaque établissement fixe vraisemblablement de manière unilatérale ses tarifs, créant ainsi une grande perturbation dans la régulation des activités commerciales et ce, avec toutes les répercussions négatives sur le budget des petites et moyennes bourses.
«Les prix des haricots blancs et des pois chiche sont proposés à des prix exorbitants.
C’est un exemple parmi tant d’autres et nous ne pouvons concevoir cette baroque spéculation» a tancé avec un vif désappointement un responsable de famille. Des déclarations analogues, nuancées à travers des remarques lourdes de sens, ont été formulées par des habitués dudit marché. Dans cet affligeant constat, la palme revient incontestablement aux établissements de commerces, autorisés ou informels, versés dans la vente de l’alimentation générale.
«Le choc donne le vertige au plus imperturbable au moment où il passe à la caisse pour régler son addition, après avoir effectué des achats de tous les jours » s’est insurgé une ménagère appartenant à une couche défavorisée avant d’ajouter « la note d’addition a également le même effet sur les nantis ». Selon les propos recueillis, nos interlocuteurs sont unanimes à revendiquer une véritable opération d’assainissement dans le secteur du commerce, versé dans l’alimentation générale et ceux qui surfent dans sa vague. Notons dans cette foulée que l’insanité du laisser-faire des uns et des autres en cette veille du mois de carême, contribue grandement à la perpétration de cette transgression qui ne dit pas son nom. Sans avoir l’air d’y toucher, cette infraction au code du commerce se répand sournoisement, sans se soucier de la jaspinerie de la clientèle.
«La suprême ironie du sort offre l’opportunité à ces contrevenants de justifier leur écorne à travers le fait qu’ils achètent leur marchandise au prix fort tout en se disant être beaucoup plus à plaindre qu’à blâmer» a commenté un habitant d’Aïn El Turck.
Rachid Boutlélis