L’Algérie, la France et le poids des lobbies
En manque de carburant, ces deux dernières années, le moteur algéro-français semble, malgré tout, redémarrer. La rencontre d’hier entre les deux organisations patronales, algérienne et française, met en évidence une volonté de reprendre les relations entre Alger et Paris là où elles étaient, pour les relancer de plus belle, par le biais de l’économie. Même si cette voie a à plusieurs reprises montré ses limites en raison de la frilosité des opérateurs français, il reste que les patrons reposent leur initiative sur des documents gouvernementaux et des accords en bon et dû forme.
Les patrons français qui pensaient, il y a quelques années, la partie facile et le terrain algérien acquis se rendent compte que l’Algérie a bel et bien progressé de sorte à ce que les plus grands pays toquent à sa porte. Les dizaines de milliards de dollars en passe d’être investis dans les énergies renouvelables, les mines, les hydrocarbures, les industries mécaniques, agroalimentaires et autres secteurs d’activité, ont mis les acteurs économiques français à la marge.
Il reste qu’indépendamment des attaques des lobbies de l’Algérie française, les deux pays ont tout de même ouvert une nouvelle phase de leur partenariat, lors de la visite du président Macron en Algérie où la déclaration d’Alger a scellé un nouveau mode de coopération, pas seulement sur le plan économique, mais également mémoriel. La commission mixte d’historiens algériens et français qui a planché sur le sujet de la mémoire a déjà rendu d’intéressantes propositions, sans que les ultras français aient trouver le moyen de les chahuter. Un pas en avant dans cette relation qui renvoie à la disponibilité de Paris à aller le plus loin possible dans l’éclatement de la vérité historique, ce qui confondra forcément le système colonial. D’évidence, il est clair que la complexité du dossier mémoriel ne fait pas de doute, mais il a certainement besoin que les sphères dirigeantes à Paris se délestent du poids de l’extrême droite qui a pris racine dans certaines institutions et sur de nombreuses chaînes de télévision.
Cela étant dit, les peuples français et algérien souhaitent sincèrement un réel rapprochement entre les deux pays. Une ère nouvelle où la période coloniale soit assumée pour ce qu’elle est, à savoir un crime contre l’humanité. Les deux sociétés, notamment leurs jeunesses, ont le droit d’écrire cette nouvelle page d’histoire que tout le monde attend depuis tant d’années. Il est certain que la voix de la raison, de la paix et de la prospérité est majoritaire en Algérie, comme en France. Cela tient au fait que les deux pays partagent une communauté de franco-algériens forte de 6 millions d’âmes. Ce n’est pas anodin et c’est même un véritable pont qui devra construire un avenir serein et de coopération féconde entre les deux pays.
Par Nabil.G