Réserves américaines, instabilité au Proche-Orient… Les raisons de la remontée des cours de l’or noir
Les spécialistes expliquent cette remontée des cours par la chute des réserves américaines de carburant. Un état de fait aggravé par l’évolution géopolitique au Proche-Orient où la situation demeure tendu en Palestine et en mer Rouge.
Le baril de Brent de la mer du Nord a clôturé la semaine au plus haut. A l’échéance de juin, l’or noir coté à la bourse de Londres a terminé la séance de vendredi en prenant 0,57%. Cette progression a placé le baril au dessus de la barre des 91 dollars. Il était précisément à 91,17 dollars le baril. Un sommet atteint il y a plus de cinq mois. Le cours du baril de West Texas Intermediate (WTI) américain a suivi la même courbe haussière en réalisant une sixième séance de hausse d’affilée. Le prix du WTI pour livraison en mai a pris 0,36%, à 86,91 dollars, au plus haut depuis fin octobre. Ces indices d’une embellie intéressante sur le marché mondial de l’or noir, apporte des perspectives radieuses pour les économies des pays producteurs, notamment l’Algérie, dont la production journalière tourne autour du million de baril. Avec les 61 dollars au-dessus du prix référence, l’Algérie est assurée d’engranger des excédents dans sa balance commerciale, ainsi que dans ses réserves de changes.
Les spécialistes expliquent cette remontée des cours par la chute des réserves américaines de carburant. Un état de fait aggravé par l’évolution géopolitique au Proche-Orient où la situation demeure tendue en Palestine et en mer Rouge. Cette tendance haussière a également été soutenue par l’intention affichée de l’OPEP+ de maintenir sa politique de réduction volontaire de la production pour les deux prochains mois. Cette association de facteurs a agi sur le marché de l’offre et la demande en faveur d’un renchérissement des prix du pétrole. Il reste que l’action unitaire des pays membres de l’Opep+ constitue le principal levier qui maintient les cours à des niveaux satisfaisants pour les pays producteurs. Le cartel pétrolier note en effet, dans un document rendu public son intention de maintenir les niveaux de production en l’état. De son côté le ministre de l’Energie, Mohamed Arkab a souligné que «la conjoncture économique mondiale à court terme reste incertaine dans la mesure où les perspectives varient considérablement d’une région à l’autre, avec des écarts significatifs dans les trajectoires de croissance». Pour le ministre, cette situation «pourrait perturber la croissance de la demande mondiale de pétrole, alors même que le marché est convenablement approvisionné».
Cette analyse n’est visiblement pas partagée par la banque d’investissement britannique Barclay qui note que le marché a créé les conditions nécessaires pour booster les prix du pétrole jusqu’ à dépasser la barre des 100 dollars dans le courant de l’année. La même institution financière s’attend au ralentissement de la croissance de l’offre hors OPEP+.
Il reste que la donne n’est pas aussi claire, vis à vis de l’OPEP+ pour la simple raison que les Etats-Unis demeurent encore le plus important producteur du pétrole dans le monde. Cette position dominante ne leur donne pas la main pour agir sur le marché, disent les experts. Leur influence dans la fixation des prix n’est pas à la hauteur de sa posture de premier producteur mondial. Les engagements des pays de l’OPEP+ demeurent toujours une référence sur le marché. Le cartel a démontré une grande cohésion et affiche une volonté de fer de poursuivre les efforts de stabilisation du marché pétrolier. De fait, la chute des réserves américaines de carburant arrange les affaires de l’OPEP+ qui n’a pas besoin de fermer encore plus le robinet pour maintenir les prix dans la fourchette des 80-90 dollars le baril. L’autre indicateur qui travaille à cette stabilisation des prix est paradoxalement très dommageable à l’activité économique mondiale. Il s’agit de la détérioration de la situation géopolitique au Moyen-Orient. Cet état de fait pèse fortement sur l’offre mondiale, face à une demande mondiale en hausse de 2,2 millions de barils/jour.
Nadera Belkacemi