Vieux bâti, bidonvilles, relogement : une équation bien compliquée…
La semaine dernière, trois personnes ont été secourues par les éléments de la Protection civile suite à un effondrement partiel d’une habitation précaire, située à la rue Mohamed Boudiaf, au centre-ville d’Oran. Selon la cellule de communication de la direction de wilaya de la Protection civile, l’intervention de l’unité de secours a été déclenchée aux environs de 1h30 suite à l’effondrement partiel de la cage d’escaliers de la vieille bâtisse de trois étages inscrite au registre de la démolition. Les éléments de la Protection civile ont procédé à l’évacuation de trois personnes, âgées entre 20 et 33 ans, au service des urgences médicales du Centre hospitalo-universitaire d’Oran. Ce n’est évidemment pas la première fois qu’un tel incident est enregistré à Oran suite à un effondrement partiel dans une vieille construction inscrite au vieux bâti. Des effondrements parfois mortels, presque chaque années évoqués par les médias, qui ne cessent d’interpeller les pouvoirs publics en matière de politique à mener pour éradiquer définitivement ce fléau du «vieux bati» oranais en constante progression. Les vagues de squatteurs, occupants de bâtisses en ruine dans les vieux quartiers et même au centre ville, ont été, depuis quarante ans, mille et une fois recensés et assurés d’une affectation de logement neuf. Un engagement qui a été parfois confirmé par un écrit officiel, une décision de pré-affectation, visant à faire baisser les tensions et les risques « d’agitation ». Près de 9 000 décisions de pré-affectation furent délivrées à des « bénéficiaires » à travers les quartiers et les communes d’Oran. Une démarche administrative qui allait paradoxalement accentuer le flux de déplacement de population vers les bidonvilles et le vieux bâti à risque d’effondrement. On se souvient de certains anciens wali qui dénonçaient souvent «les effondrements partiels volontairement provoqués» par des occupants pressés de bénéficier d’un relogement. A l’époque, face aux retards et aux lenteurs dans les livraisons de logements neufs, les déficits ne cessaient de croître, accentuant une crise du logement aggravée par des paramètres sociaux inextricables et des conditions de gestion locale du territoire communal bien aléatoires. Les retards et les reports de projets de construction de logements ne pouvaient qu’accentuer l’écart entre l’offre disponible et la demande croissante. Une demande qui ne cessait de gonfler au rythme des menaces d’effondrement signalées ici et là, mettant en péril la vie des occupants. Il suffit de consulter les archives de la presse locale pour se rendre compte du nombre très important de familles occupant un vieux bâti. Des familles qui dressaient souvent une tente ou un abri précaire au beau milieu de la rue ou du trottoir pour afficher leur détresse et leur peur de vivre entre des murs lézardés, sous des plafonds qui risquent de tomber ou des escaliers complètement effrités. Tandis que bien d’autres familles oranaises très mal logées vivent leur misère et leur infortune dans la patience et la dignité, refusant l’humiliation du bidonville ou du squatt d’une bâtisse en ruine, et restent dans l’attente d’un logement décent, souvent pour leurs enfants mariés. Une attente reléguée au dernier rang des urgences et des priorités dans l’accès au logement social devenu une équation bien compliquée…
Par S.Benali