
Aïn El Türck : l’eldorado des promoteurs immobiliers?
A l’instar d’une grande majorité de villes algériennes, la commune d’Aïn El Türck se transforme-t-elle en un véritable eldorado pour les investisseurs immobiliers ?
Ce serait un bienfait pour cette commune, mais poussé jusqu’à l’exaltation presque violente, comme le laisserait comprendre cette réflexion du wali d’Oran, Mr Samir Chibani, lors d’une de ses visites dans la région : « trop de permis de démolir, trop de permis de construire ».
Une réflexion qui vient à juste titre illustrer une situation quelque peu rocambolesque en matière d’urbanisation de la station balnéaire, où l’empreinte du voisin, en l’occurrence le promoteur immobilier, sur le paysage à travers l’édification d’un ouvrage, est considérée par les occupants du « fonds regardant », en l’occurrence, le voisinage, comme étant un malaise visuel, pour invoquer un droit de vue. Ces dernières années, il a été constaté la délivrance d’un nombre non négligeables de permis de démolir et autant de permis de construire pour les promoteurs immobiliers et ce, pour la seule commune d’Aïn El Türck. Un bien pour un mal, comme dit l’adage, le secteur immobilier en Algérie étant en plein essor, porté par une demande croissante en logements et en infrastructures modernes. Toutefois, comme dans toute planification, est-il tenu compte des lois d’encadrements et de réglementations locales qui régissent l’investissement immobilier ? Des lois qui sont afférentes à la loi de l’urbanisme, que sont les POS et les PDAU, le droit de servitude, la notion des troubles du voisinage que sont les nuisances sonores ou olfactives, la perte d’ensoleillement, la gêne esthétique, la détérioration du bien, ou encore les troubles immatériels et les troubles matériels, etc. Le nombre de conflits et de contentieux entre promoteurs immobiliers et propriétaires d’habitations individuelles, comme cela est le cas au quartier résidentiel de Trouville dans sa partie basse donnant sur mer et parfois portés devant la justice, révèle d’une certaine manière l’ampleur du malaise. Un malaise résultant de ce qui est considéré dans le code civil comme « la perte de jouissance » de leur bien de nombre de familles dont l’une des conséquences , est un déséquilibre délicat entre développement économique et préservation du cadre de vie. Nombreux sont d’ailleurs parmi les riverains dont les quartiers sont investis en nombre démesuré de promotions immobilières, à dénoncer ce qu’ils nomment une perturbation anormale de leur cadre de vie, qui les prive de leur intimité familiale et contraint certains d’entre eux, ou à supporter les conséquences induites par cet état de fait, ou à vendre à prix bradés leur bien pour aller vivre ailleurs. L’Algérie, riche de son histoire et de ses ressources, est en train de se réinventer sur la scène économique mondiale grâce aux efforts déployés par l’Etat et la politique salvatrice du Président de la République.
De même qu’il est déterminé un avenir prometteur pour l’investissement immobilier en 2025, certes, mais jamais les recommandations des hautes autorités de l’Etat et des pouvoirs publics, n’ont été dans le sens que tout investissement doit se faire au détriment de la quiétude et du bien-être du citoyen. L’aménagement du territoire est une chose, la santé et le respect de la mitoyenneté est autre chose. La Loi sur l’Urbanisme (90-29), encadre dans ce sens l’aménagement du territoire, mais le ratio d’implantation par zone des promotions immobilières, est-il normé et respecté ? Notamment lorsque ces promotions immobilières de 07 étages et plus, sont sises dans sa façade maritime et la zone littorale d’Aïn El Türck, soit à moins de 300 mètres de la mer, voire beaucoup moins dans certains cas ? Quand le droit de servitude est bafoué et le citoyen interdit de sa jouissance du droit de désenclavement visuel ou tout simplement droit de vue, soit, son environnement extérieur, garanti par la constitution ? La réponse demeure floue. Quant à expliquer cet appétit et cet enthousiasme frénétique pour la promotion immobilière dans cette commune balnéaire, et la facilité avec laquelle sont obtenus les permis de démolir et de construire, ceci est une autre question. La loi algérienne autorise et encourage les investisseurs dans le secteur immobilier à condition que la réglementation soit respectée. La promotion immobilière est encadrée par un cadre juridique strict qui vise à protéger les intérêts de toutes les parties prenantes, y compris les tiers. Les droits de recours accordés aux voisins et aux associations constituent un aspect fondamental de ce système, permettant de contester des projets de construction jugés problématiques. Et il revient aux autorités locales de veiller aux intérêts des parties prenantes tout en veillant à ne pas favoriser une urbanisation anarchique aux conséquences contre productives.
Karim Bennacef