Oran

Oran : Takfarinas enflamme la scène

Le Centre des Conventions d’Oran a connu, vendredi soir, une effervescence rare à l’occasion du concert de Takfarinas qu’il a animé dans une grande ambiance, ouvrant ainsi le bal aux grandes festivités et animations artistiques estivales de la ville d’Oran.

Véritable légende vivante de la chanson kabyle, l’artiste a offert un spectacle exceptionnel devant un public oranais venu en masse des quatre coins de l’ouest algérien. Pendant un grand pan de la nuit de vendredi à samedi, la star a transporté le public dans un voyage musical vibrant, mêlant émotion, nostalgie et ferveur festive. La relation était très forte avec ce public oranais, connaisseur et savoureux de tous les styles musicaux. Ce n’est pas la première fois que Takfarinas se produit à Oran. Depuis son tout premier passage dans la ville en 1980 au Théâtre de Verdure, à l’invitation de l’Association Culturelle de la Ville d’Oran (ACVO), l’artiste a toujours entretenu une relation particulière avec le public oranais. Après des concerts mémorables en 2014 et 2018, l’interprète du légendaire Zaâma Zaâma est revenu, une fois encore, faire vibrer la capitale de l’Ouest dans un climat à la fois envoûtant et profondément chaleureux. Dès les premières notes de «Azul», la salle déjà comble s’est embrasée, marquant le début d’un show magistral. Takfarinas, perfectionniste dans l’âme, a su captiver son auditoire avec un spectacle méticuleusement préparé, accompagné de musiciens chevronnés et de danseuses de grande classe, donnant au show une intensité rare. La performance était à la hauteur de sa légende. Sur scène, l’enfant de Yakouren, qui a grandi à Tixxeraine dans la banlieue d’Alger, a aligné les succès avec une énergie contagieuse. «Douga Douga», «Inas Inas», «Arouah», «Ouiza», «Waytelha» et bien entendu «Zaâma Zaâma» ont été repris en chœur par un public transporté. Cris de joie, youyous, jubilations et applaudissements ont nourri cette ambiance qui était à son comble. Le concert s’est déroulé en deux temps. La première partie a vu Takfarinas en solo, fidèle à son style puissant et charismatique. Puis, la scène a accueilli une invitée de marque : Celia Ould Mohand, lauréate du Micro d’or de l’émission «Alhane Wa Chabab», figure montante de la chanson kabyle qui a été formée par les associations culturelles Numidia et El Gharnatia de la ville d’Oran.
Leur duo fut l’un des moments les plus vibrants de la soirée, leurs voix fusionnant harmonieusement pour offrir au public une expérience rare. L’artiste est d’un parcours exceptionnel défendant son style unique. Depuis ses débuts en 1978 avec la cassette «Taharzate Bouchmoukh» (« l’amulette du jarre»), Takfarinas a tracé un chemin singulier. Révélé au grand public dès 1979 lors de la première partie du regretté Idir à l’Olympia, il fonde en 1983 le groupe Agraw avant de poursuivre une carrière solo à partir de 1985. Son style musical hybride, qu’il baptise «Yal Music», conjugue rythmes traditionnels kabyles et sonorités modernes. Avec sa mandole à double manche, surnommée «Takfa», il impose une identité artistique forte et engagée. Au fil des années, Takfarinas a su conquérir un large public grâce à des textes oscillant entre révolte, amour, exil et espoir. Aujourd’hui installé en France, il n’en demeure pas moins profondément attaché à l’Algérie et à son public. Le spectacle de vendredi était plus qu’un concert, mais une communion. Le concert d’Oran n’était pas simplement une prestation musicale. C’était une communion et un partage, un moment suspendu entre un artiste et ceux qui le portent dans leurs cœurs depuis des décennies. Dans une ambiance survoltée, pleine de rythmes et pleine de tendresse, Takfarinas a une fois de plus prouvé qu’il est plus qu’un chanteur.
Bien plus, Takfarinas est un symbole, un passeur de mémoire, un pont entre les générations. Son passage à Oran restera dans les annales, tant pour la qualité artistique que pour l’émotion collective qu’il a suscitée. Une soirée où la musique a été reine, où le lien entre scène et public était fusionnel. Et où l’artiste, une fois encore, a tenu toutes ses promesses.

Y.R

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