
Des investissements et des engagements à la hauteur des défis : les atouts de la révolution numérique en Algérie
Pour beaucoup de pays au monde, il s’agit de ne plus refaire la même erreur que lors de l’avènement de l’Internet. Un domaine qui a été totalement squatté par les États-Unis et ses fameuses GAFAM. Une domination qui a obligé le reste du monde à une réelle mise au pas. Seule la Chine a pu contester cette domination. Échaudés par cette expérience et ce premier virage raté, les autres nations ne veulent pas rater celui de l’intelligence artificielle qui façonnera , à coup sûr, l’avenir numérique (et pas que) du monde dans les prochaines années.
Et même si dans ce domaine aussi ce sont les États-Unis et la Chine qui ont pris la tête, avec des investissements colossaux et des dépenses qui dépasseront les 500 milliards de dollars pour les premiers, et un chiffre d’affaire de 104,7 milliards de dollars pour la seconde, les autres pays s’accrochent, cette fois, et font tout pour ne plus avoir à vivre la même dépendance qu’en Internet. Une dépendance dont ils continuent à en souffrir depuis le début des années 2000.
En Algérie aussi, on accorde la plus haute importance à ce nouvel outil qui définira en grande partie la souveraineté numérique du pays. Et il devient inéluctable que c’est le moment de prendre ce virage qui dessinera aussi l’avenir économique du pays. Les ambitions de l’Algérie dans le domaine de l’intelligence artificielle sont grandes, et les pouvoirs publics tablent sur une contribution de l’IA à hauteur de 7% au PIB de l’Algérie d’ici 2027. Ceci pour dire que l’ambition est grande dans le domaine du numérique.
Dans une rencontre tenue en début d’année, le ministre de la Poste et des télécommunications, Sid Ali Zerrouki avait prévenu que la grande transition numérique mondiale impose à l’Algérie d’accélérer l’innovation, se félicitant des efforts consentis par l’Algérie en vue de renforcer sa position stratégique dans ce domaine, et indiquant que grâce à la vision claire du président de la République, il a été permis la création de trois grandes universités dans l’intelligence artificielle, la robotique et les mathématiques. Les hauts responsables du pays abondent dans le même sens, rappelant que l’Algérie est pionnière en Afrique dans ce domaine, avec le lancement de l’Ecole de l’intelligence artificielle, de l’Ecole des mathématiques et d’autres écoles de technologies, qui ont permis l’émergence d’un climat d’affaires innovant.
En plus de ces infrastructures et l’éclosion d’un potentiel humain nourri des dernières découvertes dans le domaine de l’innovation numérique, l’Algérie a ouvert les portes à l’implication des compétences algériennes de la diaspora nationale. Des scientifiques et intellectuels algériens qui ont fait leurs preuves et sont reconnus comme des sommités dans les grandes universités et entreprises du monde entier, tiennent à prendre part à ce sursaut scientifique jamais connu dans le pays. Les défis sont certes grands , mais la volonté est toute aussi grande pour une nation qui veut se positionner comme une force économique et numérique en Afrique, dans le bassin méditerranéen et dans le monde arabe.
Le secteur œuvre, par ailleurs, selon le ministre de l’Economie de la connaissance, des Startups et des Micro-entreprises, Noureddine Ouadah, à drainer des investissements considérables pour que l’Algérie préserve sa place pionnière au niveau africain, ce qui permet «l’émergence de startups fortes à écho mondial, en mesure de développer une technologie avec des compétences locales, d’exporter la technologie de l’IA et de contribuer à une nouvelle économie nationale basée sur la connaissance et les jeunes énergies».
L’autre grand chantier qui est à portée de main, et qui sera effectif au deuxième semestre de cette année 2025, c’est l’introduction de la 5G qui est l’apanage, pour le moment, des grandes économies mondiales, Un pas de géant où sont impliqués les trois opérateurs de la téléphonie mobile, dont le leader dans cette technologie, Ooredoo Algérie. Dans cette perspective, l’adoption de la 5G est considérée comme un moteur essentiel pour positionner l’Algérie comme un hub régional dans le domaine des technologies de l’information et de la communication. Cette technique avancée devrait stimuler l’économie nationale et l’innovation, notamment dans des domaines tels que l’Internet des Objets (IoT) et l’Intelligence artificielle (IA).
Par ailleurs, l’Algérie a procédé à la création du Conseil scientifique de l’intelligence artificielle qui est un organe consultatif à caractère scientifique. Ses missions principales sont le diagnostic des moyens humains et matériels disponibles dans la sphère de l’intelligence artificielle, la proposition de plans de formation et l’examen des opportunités de coopération internationale. Sur un autre plan, il a aussi été procédé au lancement, à Oran, du premier centre de calcul haute performance dédié à l’intelligence artificielle en Algérie, en mars dernier par le ministre de la Poste et des Télécommunications, Sid Ali Zerrouki, qui a qualifié ce centre d’«une avancée stratégique vers la souveraineté numérique du pays».
Ainsi les bases solides d’une vraie politique numérique, en Algérie, sont déjà en place, et tous les éléments, contribuant à ce qui sera sûrement la révolution de demain, sont déjà lancés pour que l’Algérie soit dans le bon wagon du numérique et réduire, au maximum, la dépendance vis à vis des autres nations.
Maintenant, et sur un plan plus général, il faut toujours garder à l’esprit que nous ne sommes qu’au début de ce XXIe siècle, autrement dit, et en comparaison avec les années 20 du XXe siècle, encore aux images en noir et blanc. On sait aujourd’hui comment s’est terminé le siècle dernier et je vous laisse imaginer ce que sera le monde en 2099.
Enfin en parlant de l’intelligence artificielle, le problème de l’éthique restera posé. Car, pour finir, qui vous dit que cet article que vous lisez a été fait par un être humain et que ce n’est pas un produit de ChatGPT. Bien sûr, et comme toujours le progrès technique dépasse la morale, car si la technique galope, la morale rampe. Mais c’est là un autre sujet qui exige de réactualiser à chaque fois l’arsenal juridique dans ce domaine et à imposer une éthique qui ne permettra pas à la machine de prendre le contrôle de toute notre vie. Un débat, peut-être encore philosophique, mais qui se pose avec acuité et même beaucoup d’appréhensions dès aujourd’hui.
Abdelmadjid Blidi