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Graves accusations d’une ministre française sur les Algériens de France : chercheurs, militants et citoyens français dénoncent

Selon les signataires, ces fausses accusations ne relèvent pas uniquement d’une libre expression, mais constituent une violation manifeste des règles encadrant les médias. « Les médias audiovisuels, sous le contrôle de l’ARCOM, ont l’obligation de ne pas diffuser de contenus incitant à la haine ou à la violence », affirment-ils.

Un large collectif composé de citoyens français, chercheurs et militants associatifs a signé une lettre ouverte, parue dans le journal français l’Humanité, daté de mercredi dernier, dénonçant les propos haineux et clairement racistes tenus, la semaine dernière, sur la chaîne de télévision française CNews. L’objet de cette vive condamnation concerne les déclarations de l’ancienne ministre Noëlle Lenoir à l’encontre des ressortissants algériens vivant en France. Ces prises de parole, qui assimilent de manière grossière et mensongère des millions d’Algériens à des délinquants en puissance, suscitent une indignation forte au sein de la société civile, préoccupée par la montée de discours stigmatisants et xénophobes dans les médias et la sphère politique. Dans cette lettre ouverte, les signataires interpellent directement plusieurs autorités clés : la Défenseure des droits, le président de l’ARCOM (Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique) ainsi que la Procureure de la République de Paris. Ils réclament l’ouverture d’une enquête officielle sur ces propos qui dépassent clairement le cadre du débat démocratique pour basculer dans la haine raciale.
Les auteurs de la lettre dénoncent avec force cette stigmatisation collective.

« Assimilant l’ensemble des ressortissants algériens à des individus dangereux, ces propos constituent une stigmatisation collective. Ils s’inscrivent dans un discours de haine fondé sur l’origine nationale, portant atteinte à la dignité et à l’égalité de millions de personnes, dans un contexte où les discriminations raciales persistent en France », lit-on dans la tribune. Une mise en garde qui souligne le caractère injuste et infondé des accusations portées contre les Algériens. Plus grave encore, selon les signataires, ces fausses accusations ne relèvent pas uniquement d’une libre expression, mais constituent une violation manifeste des règles encadrant les médias. « Les médias audiovisuels, sous le contrôle de l’ARCOM, ont l’obligation de ne pas diffuser de contenus incitant à la haine ou à la violence. Les sanctions peuvent aller de l’amende à la suspension de diffusion », signale le collectif, tout en rappelant que la liberté d’expression a ses limites, notamment lorsqu’elle devient un vecteur de haine raciale.
Dans un passage particulièrement insistant, le collectif interpelle la Défenseure des droits, Président de l’ARCOM et Procureure de la République de Paris. Ces trois institutions détiennent le pouvoir de l’autosaisine dans ce type de situation. « Nous savons que vos institutions ont déjà été saisies par des associations, des élus et/ou des citoyens. Nous vous appelons solennellement à vous autosaisir et instruire ce dossier à votre niveau, dans le cadre de vos prérogatives respectives », soutiennent les signataires. Cette lettre ouverte ne manque pas de souligner également la responsabilité politique et médiatique dans la propagation de tels propos. « Nous appelons à une vigilance accrue des responsables politiques et des médias, afin d’éviter la banalisation de tels propos, contraires aux valeurs républicaines », lit-on encore dans la lettre ouverte.
Cette dérive politico-médiatique assumée et même revendiquée intervient dans un contexte explosif, alimenté par les prises de paroles du ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, qui, loin de calmer le jeu, a adopté un discours ouvertement anti-algérien, exacerbant le climat de stigmatisation. Ces pratiques participent à « la banalisation de tels propos, contraires aux valeurs républicaines » dénonce le collectif.

Yahia Bourit

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