EDITO

Le plafond de verre

Aujourd’hui le gouvernement Bayrou va tomber. Il y a peu de chances qu’il y ait une autre issue que celle-ci, à la fin du vote de confiance, voulu par le chef du gouvernement français lui-même. François Bayrou a joué son va-tout en sachant pertinemment qu’il avait signé son arrêt de mort. Le budget et les efforts qu’il avait demandés aux Français n’avaient aucune chance de passer. Certains pourraient parler d’un suicide politique, mais en réalité ce n’est là qu’un constat d’échec et une confirmation que la France est aujourd’hui un pays ingouvernable.
Avec un président qui a choisi, comme unique politique, la fuite en avant, et un gouvernement fait de bric et de brac, et surtout totalement illégitime, il ne pouvait en être autrement. La descente aux enfers était engagée depuis bien longtemps. Et dans l’arrogance de la gouvernance, les décideurs empilaient les problèmes aux problèmes et s’éloignaient chaque fois un peu plus des solutions qui s’imposaient.
Le personnel politique français étant ce qu’il est, c’est-à-dire sans grande envergure ni visions à long terme, on n’arrêtait pas de foncer tête baissée dans le mur. Et au pied de ce mur, la panique et l’approximation règnent en maîtres. Macron, qui a toujours claironné être le premier rempart contre l’extrême droite, a fait tout à fait le contraire, et a poussé le parti de Marine le Pen au plus haut. Et voulant corriger le tir ou croyant le corriger, il a fait le choix de placer un incompétent notoire à un poste inédit de premier ministre bis. Le choix qu’il pensait rusé, de laisser Bruno Retailleau décider de plusieurs dossiers, dont beaucoup ne faisaient nullement partie de ses prérogatives de ministre de l’intérieur, comme les relations avec l’Algérie et d’autres encore, ont fini par discréditer le peu de respect dû à un président de la République.
Face aux racistes du Rassemblement national, on a ainsi avancé un autre raciste de la droite, chef du parti des LR (Les Républicains). Mais on a misé sur un tocard, qui ne fait que dans la com’ et se révèle un être un petit homme politique, incapable de gérer son propre parti. La guéguerre entre lui et son adversaire au sein du parti, Laurent Wauquiez, a mis en lumière les limites d’un personnage qui a voulu profiter du chaos général, dans lequel baigne le pays, pour se positionner dans la course vers l’Elysée.
Mais comment serait-il possible pour un chef de parti de quelque 120.000 adhérents, qu’il n’arrive pas à gérer, de gérer tout un pays et ses 70 millions d’habitants. Retailleau a trop tiré sur la corde du racisme et de la xénophobie et il en est arrivé à la limite. Il a surtout prouvé qu’il n’a aucune étoffe d’un homme d’État, ni les capacités de passer à une autre étape plus importante. Un petit personnage, gonflé par les médias de la fachosphère, qui a atteint son plafond de verre tout simplement.

Par Abdelmadjid Blidi

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