
14ème anniversaire du décès du Moudjahid Djilali Benguesmia dit Si Abdelhamid Hommage à un Homme d’exception
Il y a quatorze ans, le 29 Septembre 2011, Si Djilali Benguesmia, une grande figure oranaise connue pour son glorieux passé révolutionnaire, ses grandes qualités humaines et son engagement patriotique sans faille nous a quittés, décédé suite à une longue maladie.
Benguesmia Chadly Djilali , plus connu sous son nom de guerre «Si Abdelhamid», est né le 8 Janvier 1936 à Mohammedia, près de Mascara . Connu pour son courage, son humilité et sa modestie, il a laissé aux Oranais le souvenir et l’image d’un noble combattant ayant inscrit son nom aux plus belles pages de la révolution algérienne.
Dès 1955, alors âgé de 20 ans, Si Abdelhamid s’est engagé en militant dans les rangs du FLN historique. et fut retenu parmi les cadres de l’ALN avec diverses responsabilités politiques et militaires aux côtés de Si Bahi, du commandant Si Madjid et de son frère Miloud d’el Gaada, ainsi que de si Zaghloul. Des missions menées avec dévouement jusqu’à son arrestation au mois de juin 1957. Après avoir connu les affres de la torture et de la détention à la prison d’Oran, il fut transféré au sinistre centre de détention de Berrouaghia. Après sa libération en 1959. Il reprend le maquis à la wilaya 5 aux côtés de Si Mossadegh, chef de la zone 4.
Chargé de la zone autonome de la ville d’Oran, Si Abdelhamid a contribué à dynamiser la lutte contre l’occupant à travers notamment l’organisation d’attentats presque quotidiens menés par les groupes de fedayins, malgré l’encerclement des quartiers musulmans, les lignes de barbelés et le contrôle sévère des populations algériennes. Suite aux impressionnantes séries d’attentats, les forces coloniales ont alors lancé une grande offensive qui devait hélas aboutir dans la nuit du 25 au 26 juin 1961 à l’arrestation au quartier des Planteurs, de plusieurs fedayins déterminés, dont Si Abdelhamid.
Suite à des articles de journaux ayant faussement annoncé la mort de Si Abdelhamid, le commandement de la wilaya 5 a diffusé une déclaration de démenti signalant à l’opinion que le jour même de sa capture, et tous les jours suivants, Si Abdelhamid, bel et bien vivant, a été soumis avec d’autres compagnons à des tortures innommables dans les locaux du sinistre siège du 2éme bureau de la division de police d’Oran. Tandis qu’une grève générale et des manifestations se déroulaient dans les quartiers musulmans d’Oran, des manifestants scandant Tahia El Djazair, réclamaient la libération de Si Abdelhamid unanimement aimé et admiré.
Si Abdelhamid fut victime de la cruauté des principaux agents du 2ème bureau, exaspérés par le courage et la dignité de cet homme. Devant son refus de «coopérer» les tortionnaires passèrent à «l’étape suprême» de leur art, usant tour à tour des décharges électriques, du torchon mouillé arrosé d’eau sur la nez, et des coups inlassables sur toutes les parties du corps.
Les séances de tortures morales commencèrent avec l’exécution de son camarade et frère d’armes Géryville, abattu devant lui d’une rafale de mitraillette à la périphérie de la ville où ils furent conduits tous les deux par leurs tortionnaires. L’assassinat de son camarade Géryville marquait la conclusion haineuse que comptait apporter la France à sa politique de pacification. Grâce à son courage, sa ténacité, sa patience devant l’adversité, et son sens du sacrifice, son réseau de fedayin n’a jamais pu être affaibli ni encore moins démantelé par les forces colonialistes. Transféré à la prison d’Oran et inculpé de pas moins de 52 attentats organisés à Oran, il sera jugé le 17 Octobre 1961 devant le tribunal militaire d’Oran.
Après la lecture de l’acte d’accusation, Si Abdelhamid interrogé a voulu placer le débat sur le plan politique et a prononcé un réquisitoire sans appel contre le colonialisme français, contraignant le président du tribunal à l’interrompre et à l’empêcher de parler. Des Algériens amassés autour du palais de justice, ont manifesté leur colère et leur rage aux cris de Algérie algérienne, Tahia Djazair, libérez Abdelhamid, provoquant alors l’intervention sauvage des C R S . En fin d’après midi, la peine de mort fut prononcée à sept reprises pour différents chefs d’inculpation retenus à l’encontre de si Abdelhamid.
Transféré à la prison d’Oran, dans le quartier des condamnés à mort, Si Abdelhamid n’avait qu’une idée et un objectif en tête : « S’ EVADER ». Avec feu si Houari Guerrab, ils organisent un projet d’évasion en réactivant les contacts avec l’extérieur afin que son réseau dirigé par si Omar de son vrai nom Moueddene Benaoumeur, puisse lui apporter les moyens matériels et logistiques pour réussir la fuite des détenus. Si Abdelhamid envisagea de faire d’abord évader les officiers de l’ALN emprisonnés à Oran.
Le capitaine Hamdani Adda, chef de zone de Tiaret qui dirigeait le comité des détenus, déclina l’offre estimant que Si Abdelhamid était plus apte que lui pour reprendre le combat à Oran.
Ce fut donc le lieutenant Ahmed Ait Tayeb, de la zone 5 blessé au cours d’un accrochage avec la légion étrangère et qui a aussi connu les affres de la torture, qui fut choisi pour le faire évader. Malheureusement l’opération s’est soldée par un échec suite à un manque de préparation et de moyens. Après une seconde tentative également avortée, Si Abdelhamid a décidé de tenter tout seul une opération d’évasion avec l’aide de 2 prisonniers affectés au ramassage des ordures ménagères, Briche Lakhdar et Loucini Hanifi. Le 31 Octobre, à la veille de la date symbolique du 1° Novembre, il persuada un jeune condamné à mort a prendre sa place dans sa cellule en feignant de dormir.
Avant la fermeture des salles, il se faufila discrètement passant du quartier des condamnés à mort aux cuisines grâce à ses deux complices qui le cachèrent derrière une grande marmite jusqu’à 5 h du matin, avant de revenir le chercher pour le mettre dans un grand sac percé de trous devant être entreposé dans le bac à ordures destiné au camion de ramassage des ordures ménagères de la prison. A la décharge du Petit Lac où le camion allait vider sa cargaison au fond d’une large fosse, Si Abdelhamid sortit péniblement du sac et remonta la pente sous l’œil ébahi du chauffeur et des enfants qui triaient les ordures. Il se rendit au domicile de Ali Koudimi où il put se laver, se restaurer et changer de vêtement jusqu’à ce que son épouse Mimia avertie, vienne le récupérer et l’emmener à Chaulet pour changer de refuge dans la villa de Mahrougerras.
Si Abdelhamid reprit ses activités combattantes non seulement contre l’armée française mais aussi contre L’ OAS et ses généraux Salan et Jouhaud auxquels il livra une lutte sans merci jusqu’au jour de l’indépendance .Au lendemain de l’indépendance, Si Abdelhamid fut chargé de rétablir le fonctionnement des services publics et dirigea la police judiciaire pour assurer la sécurité de nos concitoyens.
En 1970 il décide de se retirer définitivement de la vie politique . Son engagement militant jamais démenti, son humanité et son humilité, ont permis à Si Abdelhamid de ne jamais cesser d’être au service de ses concitoyens dans le respect des principes et des valeurs de progrès, de liberté et de justice sociale.
Benali.S