EDITO

Le royaume de la drogue et de l’injustice

La population marocaine en a assez. Dans les grandes villes, les rues deviennent des arènes où s’expriment des colères multiples. Le népotisme, l’injustice sociale, les fausses promesses d’un changement qui ne vient jamais sont les principaux carburants de cette colère sociale. Celle-ci s’exprime de manière si régulière que l’on est bien obligé d’attester de son caractère profond. La défiance, de plus en plus visible, envers cette oligarchie est attisée par les signaux ambiguës envoyés par le pouvoir central. Il annonce des réformes qui n’aboutissent jamais et se contente de mesures cosmétiques. L’action du Makhzene se résume à une communication dirigée vers l’occident, sans plus. La réalité du royaume est faite d’inégalités criardes.
Cet état de fait est lié à un modèle économique affreusement oligarchique. Le Maroc repose sur une économie qui produit et diffuse des flux illicites. 20% de son PIB est le fruit du trafic de drogue Lequel, avec les chaînes de contrebande qu’il suppose ne deviennent pas seulement des statistiques. Elles gangrènent le tissu social et ancrent la criminalité comme une donne sociale incontournable. Ce sont les trafiquants qui s’en tirent le mieux dans ce pays. Ils alimentent la corruption et fragilisent les rapports sociaux. Et lorsque ces criminels ont la main sur des logiques d’intérêts géopolitiques, ils deviennent décideurs et créent leur propre cadre juridique. Celui-ci verrouille tout accès et crée les voies de l’allégeance plutôt que celles de la citoyenneté.
Résultat, le royaume de Mohamed VI n’est pas plus souverain et indépendant. Les intérêts de l’oligarchie à moitié criminelle qui s’est constituée à l’ombre d’une France paternaliste obligent à une sorte de fuite en avant qui s’est soldée par une dette extérieure se rapprochant dangereusement des 100% du PIB, une situation sociale déplorable, une incapacité à faire face à la sécheresse… Bref, les Marocains ne sont pas enviés pour leur sort.
Malgré cette amitié franco-marocaine qui n’a rien apporté au développement du royaume, et encore moins, en influence géopolitique, celui-ci demeure accroché à une thèse folle qui veut que la France, les Etats Unis et la Grande Bretagne lui servent le Sahara occidental sur un plateau. Mais ces grands amis du Maroc au lieu de concrétiser les preuves d’amitié, n’ont pas trouvé mieux que de fermer les yeux sur l’horrible trafic de drogue, élevé au rang d’industrie par le Palais royal. Entre le royaume et ses amis centenaires, on parle de tout sauf de lutte contre ce phénomène. Pourtant, le rythme de production et d’exportation du kif marocain se développe si vite que l’on est en droit de se poser la question sur la passivité des autorités centrales de ce pays. Mais c’est bien connu que ce sont les trafiquants de drogue qui arrosent les grands amis de Mohamed VI.
Par Nabil.G

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