
EHU du 1er Novembre 1954 : une chirurgie de pointe pour le cancer du poumon
Le service de chirurgie thoracique du Centre hospitalo-universitaire 1er Novembre d’Oran a franchi un cap important dans la prise en charge du cancer du poumon.
Selon le professeur Rachid Kacemi, chef de service, huit opérations de résection pulmonaire ont été menées depuis février dernier à l’aide de techniques de vidéothoracoscopie, autrement dit, sans ouverture complète du thorax. Une avancée majeure pour les patients, qui réduit la douleur, les risques infectieux et la durée d’hospitalisation.
Le professeur Kacemi s’exprimait en marge des Journées régionales de l’Ouest de la Société algérienne d’oncologie thoracique, tenues à l’hôpital 1er Novembre sous le thème : « La pluridisciplinarité pour une meilleure prise en charge du cancer du poumon en Algérie». Il a rappelé que le cancer du poumon demeure la première cause de mortalité chez l’homme, avec environ 20 millions de nouveaux cas recensés chaque année dans le monde, dont 4 000 en Algérie. Parmi ces derniers, près de 3 000 décès sont enregistrés, souvent liés à un diagnostic tardif. «Nous travaillons actuellement à renforcer le dépistage précoce, car la majorité des cas concernent des fumeurs, toutes formes de tabac confondues», a insisté le spécialiste. Grâce aux nouveaux procédés chirurgicaux, les chances de survie progressent nettement. Selon le Pr Kacemi, le taux de guérison à cinq ans peut atteindre 15 % dans les formes avancées, tandis qu’un diagnostic précoce permet une espérance de survie de dix ans dans 92 % des cas. Les interventions réalisées à Oran reposent sur une chirurgie vidéo-assistée utilisant trois incisions de quelques centimètres. «Depuis février, nous avons pratiqué huit opérations : six avec trois incisions et deux avec une seule», précise-t-il.
Le service assure en moyenne deux chirurgies thoraciques par semaine, souvent précédées ou suivies d’un traitement chimiothérapique ou radiothérapique. Si la majorité des patients sont âgés de plus de 50 ans, quelques cas plus jeunes sont également recensés. Le chef de service a par ailleurs souligné l’importance des concertations pluridisciplinaires, désormais encouragées par le ministère de la Santé afin d’améliorer les décisions thérapeutiques. La rencontre scientifique a réuni plus de 300 participants venus de tout le pays, médecins, chirurgiens, oncologues et chercheurs. Pour la professeure Aziza Fissah, présidente de l’Association nationale de lutte contre le cancer du thorax du CHU de Bab El Oued, cet événement régional coïncidant avec Octobre Rose visait à échanger les expériences et les pratiques de pointe. «Nous devons conjuguer les efforts pour mieux diagnostiquer, opérer et prévenir le cancer du poumon. Cela passe aussi par une politique ferme de lutte contre le tabagisme dans les lieux publics et une véritable stratégie de sensibilisation auprès des jeunes », a-t-elle plaidé.
Le directeur de l’EHU 1er Novembre, Rabah Bar, a rappelé que «ces initiatives s’inscrivent dans la feuille de route nationale de lutte contre le cancer». Un cadre de concertation réunit désormais les différents acteurs, pneumologues, chirurgiens, oncologues, radiothérapeutes, pour suivre le parcours de chaque malade et garantir la cohérence du protocole de soins.
«L’objectif est de replacer le patient au centre d’un environnement médical coordonné et pluridisciplinaire, afin d’assurer un suivi optimal et des traitements adaptés», a-t-il indiqué, saluant les nouvelles dotations en équipements médicaux dont bénéficie l’établissement. Grâce à ces avancées technologiques et organisationnelles, l’EHU d’Oran s’impose peu à peu comme un pôle de référence pour la chirurgie thoracique et l’oncologie dans l’ouest du pays, tout en participant activement à la construction d’un réseau national de prise en charge intégrée du cancer.
Yacine.R