
NAPEC 2025 : Oran, capitale de l’énergie du futur
Oran est une ville en pleine effervescence. En effet, la cité méditerranéenne d’Oran abrite depuis lundi un événement énergétique d’envergure dont les discussions tournent principalement autour des questions énergétiques.
Dès les premières heures du matin, le centre des conventions Mohamed Benahmed se transforme en un immense carrefour international. Sous un ciel lumineux, les cars de délégations étrangères s’alignent devant les portes vitrées. Les badges scintillent, les langues se mêlent, les salutations fusent. En quelques minutes, la ville devient le cœur battant du continent énergétique.
Dans le hall principal, baigné d’une lumière blanche, le bourdonnement des voix s’élève déjà. L’odeur du café, le cliquetis des ordinateurs portables, les écrans géants déroulant des images de centrales solaires et d’éoliennes, tout évoque un futur en construction. Les grandes firmes internationales côtoient les startups locales. Les stands rivalisent de couleurs et d’ingéniosité. Une impression domine, ici, on écrit une page nouvelle de l’histoire énergétique algérienne.
Sous le signe de la souveraineté
À l’ouverture officielle, le ton est donné. Sur la grande scène, le ministre d’État, ministre des Hydrocarbures et des Mines, Mohamed Arkab, prononce des mots forts : «La souveraineté énergétique n’est pas un slogan. C’est une condition de notre indépendance et de notre stabilité». Les applaudissements fusent. Les caméras s’allument. Le message est clair, l’Algérie veut consolider sa position de puissance pivot dans le nouvel équilibre énergétique mondial. Quelques instants plus tard, Mourad Adjal, ministre de l’Énergie et des Énergies renouvelables, prend le relais. Son plaidoyer pour un «modèle équilibré conciliant sécurité d’approvisionnement et transition écologique» séduit un auditoire attentif. Dans la salle, chercheurs, diplomates et chefs d’entreprises hochent la tête : la transition n’est plus un concept, c’est une feuille de route.
Mais c’est dans les allées du NAPEC que l’énergie se vit vraiment. Les pavillons sont des mondes en miniature. Chez Sonatrach, les ingénieurs présentent leurs cartes d’exploration offshore et les futurs projets de gazoducs. Un peu plus loin, une entreprise norvégienne dévoile une batterie d’hydrogène de nouvelle génération, compacte et recyclable. Des visiteurs s’agglutinent, curieux, smartphones à la main. Les échanges sont techniques, précis, passionnés. À chaque coin d’allée, on entend parler d’innovation : hydrogène vert, captage du carbone, production d’ammoniac décarboné. Les conversations s’enchaînent, entre jargon scientifique et enthousiasme contagieux. « C’est ici que l’Afrique prépare son avenir », lance un ingénieur en quittant le stand d’une société allemande.
Les jeunes à la conquête du vert
Au pavillon des startups, l’atmosphère change de ton. Exit les grands discours, place à l’énergie brute des idées neuves. Des étudiants d’Oran et de Tlemcen présentent des prototypes de panneaux solaires souples, des logiciels de gestion énergétique ou encore des drones capables d’inspecter les fermes photovoltaïques. « Nous voulons que l’innovation vienne d’ici», explique une jeune ingénieure, visiblement fière. « L’Algérie a toutes les ressources, naturelles et humaines, pour être un acteur clé». Autour d’elle, les visiteurs posent mille questions, intrigués par la créativité de cette nouvelle génération. Un peu plus loin, un prototype attire les foules: une machine capable de produire de l’hydrogène à partir de l’eau de mer grâce à l’énergie solaire. Le dispositif, mis au point par une équipe oranaise, symbolise à lui seul l’esprit du salon, audace, science et vision d’avenir.
Une Afrique qui se parle
Dans les couloirs, la diversité du NAPEC se fait sentir. Des délégations du Nigeria, de l’Égypte, du Kenya, de la Tunisie et du Sénégal échangent autour d’un même défi : produire plus, polluer moins. « L’Afrique ne veut plus être uniquement exportatrice de matières premières, mais actrice de la transformation énergétique mondiale », explique un expert sénégalais. Les rencontres bilatérales se multiplient, les accords de coopération se dessinent à voix basse. Ici, les rivalités nationales s’effacent un instant devant une ambition partagée.
L’ambiance d’un monde en mutation
À l’extérieur, la baie d’Oran scintille sous le soleil d’octobre. Sur l’esplanade, les visiteurs sirotent un café face à la Méditerranée. Les discussions, entamées à l’intérieur, se poursuivent à l’ombre des palmiers. «Cette lumière, c’est l’énergie même de l’Algérie», lance un photographe en ajustant son objectif. Le contraste entre le calme de la mer et l’effervescence du salon résume toute la symbolique du moment : un pays riche de son passé pétrolier, mais résolument tourné vers la modernité. À l’intérieur, les couloirs vibrent toujours. Les écrans affichent des diagrammes, les brochures s’empilent. Des journalistes enregistrent des interviews, des étudiants prennent des selfies devant les logos des grandes firmes. «C’est un événement à la fois professionnel et populaire», sourit une attachée de presse. «On y parle autant d’économie que d’avenir collectif. »
Les coulisses des négociations
En marge de l’exposition, dans les salons feutrés, se tiennent les discussions les plus stratégiques. Entre deux tasses de café, des responsables de compagnies internationales évoquent de nouveaux partenariats. Les mots « hydrogène », « interconnexion », « transition » reviennent sans cesse. « L’Algérie attire à nouveau », glisse un investisseur italien. « Il y a ici un mélange de stabilité, de ressources et de volonté politique rare dans la région. » Les représentants d’ALNAFT détaillent les perspectives offertes par la dernière Algeria Bid Round. De nouveaux permis d’exploration pétrolière et gazière ont été attribués, suscitant l’intérêt de majors internationaux. Le NAPEC devient ainsi la vitrine d’un pays qui veut conjuguer modernisation et souveraineté.
Un état d’esprit nouveau
À mesure que la journée s’étire, la fatigue se lit sur les visages, mais l’enthousiasme demeure intact. Les ingénieurs continuent d’expliquer, les visiteurs continuent de questionner. On se promet de se revoir, on échange des cartes, on sourit beaucoup. L’énergie du lieu est communicative. Un étudiant en génie énergétique résume l’esprit de l’événement : «Ce salon nous montre que l’avenir n’est pas écrit ailleurs. Il commence ici, chez nous». Ses mots flottent dans le vacarme ambiant, comme une petite certitude tranquille.
En fin d’après-midi, les lumières déclinent. Les stands se vident, les écrans s’assombrissent. Au dehors, le vent de mer transporte encore les échos du salon. Sur la corniche, la ville retrouve son rythme. Mais quelque chose a changé : pendant quelques jours, Oran aura été la capitale mondiale de l’énergie et de l’espoir. Le NAPEC s’achève comme une promesse, celle d’une Algérie consciente de ses forces, décidée à bâtir une transition à sa mesure. Un pont entre le pétrole d’hier et l’hydrogène de demain. Et dans le regard de ceux qui quittent le centre des conventions, on devine une conviction nouvelle : l’avenir, désormais, parle la langue d’Oran.
Nassim.H