A qui profite la polémique ?
Le projet de réalisation d’un musée et d’une grande statue à la mémoire de l’Emir Abdelkader ne cesse encore d’alimenter, sur les réseaux sociaux et dans certains journaux de la presse étrangère hostiles au progrès et au développement de l’Algérie, des commentaires tendancieux, voire insultants envers l’Histoire et la mémoire d’une Nation fière de son combat pour la liberté, la dignité et l’émancipation de tous les peuples opprimés.
Le projet de grande statue à l’effigie de l’Emir Abdelkader, figure emblématique de la résistance contre l’envahisseur français et initiateur mondialement reconnu de l’Etat algérien moderne, semble resté en travers de la gorge de ceux qui ne cessent de vouloir semer le doute et les zizanies pour déstabiliser le pays afin d’assouvir des «pulsions de vengeance» nourries par la nostalgie d’une «Algérie française» qu’ils espéraient même pouvoir «christianiser».
Il se trouve que sur ce même site du Mont Murdjadjo existe déjà le vestige de l’ancien fort espagnol de Santa Cruz ainsi que la chapelle chrétienne érigée par les colons.
Une chapelle tombée en ruine et qui a été ensuite restaurée et réhabilitée par l’évêché d’Oran avec un financement de l’ambassade de France ainsi que des dons de certains opérateurs privés algériens. La statue de la vierge de Santa Cruz surplombant la ville d’Oran n’avait alors dérangé personne, et a même été accueilli par les Oranais avec une tolérance exemplaire et un certain intérêt pour son impact sur le tourisme d’affaires.
Lors des jeux méditerranéens de 2022, un nombre important de délégations officielles n’ont pas manqué de visiter le site devenu incontournable pour les visiteurs étrangers. Et depuis l’annonce de la construction d’une grande statue de l’Emir sur le plateau de Sidi Mhamed dominant la Chapelle et le Fort, les clameurs se sont multipliées pour dénoncer, selon le cas, une présumée dérive économique, un sacrilège envers l’Islam, ou encore une ineptie urbaine inconsidérée. Mais parmi les artisans de ces jérémiades tendancieuses, on peut aisément déceler certains énergumènes, affiliés à des sphères associatives très proches d’institutions françaises ou espagnoles qui militent pour la préservation et la mise en valeur de leur seul patrimoine architectural existant en Algérie. On se souvient d’ailleurs de cette association locale qui activait, en vain, pour la transformation et l’aménagement du Fort de Santa Cruz en grand musée de la conquête espagnole.
Sans remettre en cause ou dénigrer la décision de réaliser une grande statue sur le mont du Murdjajo, les Oranais, dans leur écrasante majorité, se contentent de rappeler que leur ville est aussi en attente de bon nombre d’autres projets urbains importants pour le progrès et la modernité. Et pour les mauvaises langues locales, une statue gigantesque de l’Emir Abdelkader dominant la ville pourrait aussi servir, pourquoi pas, à exorciser le mal de la stérilité et anéantir la légendaire fatalité des retards et des échecs qui plane depuis longtemps sur le ciel oranais.
Par S.Benali