Ahmed Attaf en Autriche et en Pologne : diversifier les opportunités économiques avec l’Europe
Le déplacement du ministre des Affaires étrangères dans un pays-partenaire du programme de l’hydrogène vert algéro-européen fait sens. Il faut savoir à ce propos que l’Autriche accompagne l’Allemagne dans cet ambitieux projet énergétique.
La tournée européenne du ministre des Affaires étrangères, Ahmed Attaf, a manifestement une coloration économique, même si les aspects politiques, dont la question palestinienne en première ligne a été largement abordée par M.Attaf et son homologue autrichien. Il faut dire que la complexité de cette question et le sacro-saint véto américain qui a empêché l’aboutissement des résolutions émises par l’Algérie au Conseil de sécurité de l’Onu, n’entrave aucunement la détermination de la diplomatie algérienne dont le représentant est la parfaite illustration.
Cela dit, le déplacement du ministre des Affaires étrangères dans un pays-partenaire du programme de l’hydrogène vert algéro-européen fait sens. Il faut savoir à ce propos que l’Autriche accompagne l’Allemagne dans cet ambitieux projet énergétique. Ahmed Attaf entend aller au-delà de cette coopération dans les énergies renouvelables. En s’adressant à l’opérateur économique autrichien, il a invité ses membres «à saisir les innombrables et immenses opportunités d’affaires qu’offre l’Algérie et je vous encourage à être la force motrice du partenariat économique prometteur entre nos deux pays amis». M. Attaf qui se voulait convainquant a tenu à «assurer une fois de plus qu’il n’y a pas de meilleur moment pour le faire que maintenant, car l’Algérie libère enfin tout son potentiel en tant que partenaire crédible et fiable dans le monde économique». Pour le ministre, la Chambre de Commerce austro-arabe, la Chambre économique fédérale et la Fédération des industries autrichiennes, qui sont le bras économique de ce pays industrialisé, il y a en Algérie 5 domaines «prioritaires» qui pourraient présenter un intérêt particulier pour les entreprises autrichiennes.
Le premier domaine concerne le développement des énergies nouvelles renouvelables, dont l’hydrogène, a avancé le ministre, saluant le «vif intérêt manifesté par un grand groupe autrichien pour le projet SouthH2 Corridor», initié conjointement par l’Algérie, l’Autriche, l’Allemagne et l’Italie. Le deuxième domaine est celui des mines, notamment à travers les trois grands projets structurants lancés par l’Algérie, à savoir le mégaprojet intégré de phosphate à Tébessa, la mine de fer à Tindouf et la mine de zinc à Bejaia. Le troisième domaine est celui de l’expansion et de la modernisation du secteur ferroviaire. M. Attaf a invité les entreprises autrichiennes à saisir les nombreuses opportunités d’affaires qui découlent des projets de ce secteur, pour lequel le gouvernement algérien a récemment alloué une enveloppe budgétaire d’environ 15 milliards de dollars pour la construction de 6000 km de voies ferrées à travers le pays.
La production d’eau est le quatrième secteur prioritaire qui pourrait attirer les investisseurs autrichiens, a soutenu le ministre, rappelant que l’Algérie a adopté un ambitieux programme de dessalement d’eau et mis en œuvre un important programme de construction de nombreuses stations d’épuration des eaux usées. Le cinquième domaine cité par le ministre est le développement du secteur agricole qui présente «une opportunité inexploitée pour les investisseurs», en particulier dans le Sud du pays où l’objectif est d’aménager 3 millions d’hectares pour des investissements à grande échelle, selon M. Attaf. Face à ces immenses opportunités, l’Autriche, relève le ministre des Affaires étrangères, n’est présente en Algérie qu’à travers des relations strictement commerciales, avec un volume d’échange de 400 millions de dollars par an seulement, mouvementés par 500 entreprises. Cela classe l’Algérie au quatrième rang des partenaires africains de l’Autriche.
Arrivé, ce jeudi, dans l’après-midi à Varsovie, Ahmed Attaf poursuit son périple européen, cette fois dans un pays de l’est foncièrement anti-Russe. La position médiane de l’Algérie dans le dossier russo-ukrainien peut constituer une option de dialogue le moment venu. Pour le ministre des Affaires étrangères, cette visite vient «concrétiser la volonté commune des deux parties à renforcer les relations historiques liant l’Algérie et la Pologne dans ses différents volets et dimensions, et à intensifier le dialogue politique sur les questions qui s’inscrivent au cœur des préoccupations et des priorités des deux pays au double plan régional et international», rapporte un communiqué du ministère des Affaires étrangères.
Dans cette optique, le ministre aura une séance de travail avec son homologue polonais, Radoslaw Sikorski, ainsi qu’une rencontre avec des représentants de la communauté nationale établie dans ce pays ami, a ajouté la même source.
Yahia Bourit